mardi 4 mars 2025
22 mars 1977 :
Le Christ a libéré l’homme de toute peur en détruisant le pouvoir de la mort. D’où l’exclamation de l’apôtre Paul : « où est-elle, ô mort, ta victoire ? Où est-il, ô mort, ton aiguillon ? » (1cor.15,55).
A la lumière de ce texte, la peur de l’homme chrétien n’a plus sa raison d’être, car mourir pour un chrétien n’est plus la fin de son histoire, mais l’ouverture à une autre histoire plus parfaite, accomplie, « celle d’être avec le Christ » (Ph.1,23). La mort est donc une participation à la vie du Christ ressuscité vivant dans la gloire éternellement. De fait, en sacrifiant sa vie pour la paix de la nation congolaise, Émile Biayenda n’avait-il pas vaincu la peur de la mort ?
Homme de foi, le Cardinal Émile Biayenda a consacré toute sa vie au service de Dieu et de l’Église, jusqu’à vivre le martyre. Pourtant menacé à mort, il refuse la proposition de quitter son diocèse, mieux sa résidence pour sauver sa peau et fit preuve de courage face à la mort qui le guettait, en témoignent ses propos :
« Être absent de Brazzaville serait une horrible catastrophe pour l’Église du Congo.
J’y suis et j’y reste. Je préfère donner ma vie comme le Christ, pour sauver mon clergé et mon Église, que d’aller me cacher je ne sais où. Il faut un ou plusieurs sacrifiés pour la paix de la nation. Prions beaucoup Marie, Mère de miséricorde, pour obtenir la paix et l’unité nationale, notre pays lui a été confié ».
En vérité, comme un agneau confiant qu’on mène à l’abattoir (cf Jac 11,15), le Cardinal Biayenda avait suivi docilement ses bourreaux pour vivre le martyre. Le fondement de son attitude courageuse face à la mort demeure la foi. Ainsi, sa mort n’a de sens que dans l’adhésion au Christ. Cette adhésion est un sacrement, c’est-à-dire un acte du Christ unissant l’homme à lui pour l’entraîner dans son mystère de mort et de vie.
Pour accéder à la vie avec Dieu et échapper au jugement qui guette tous les « fils de la colère » (Eph.2,3), il faut donc que cette existence pécheresse meure avec le Christ : « Regardez-vous comme morts au péché et vivants pour Dieu dans le Christ Jésus » (Rm 6,11). On voit que la plénitude de cette vie en Christ est réservée pour le « monde à venir », mieux pour le moment où l’efficacité de la résurrection du Christ se manifestera par la résurrection corporelle des hommes morts en lui (1Co.15, 20-25).
Car si Dieu « n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous » (Rm.8,32) à une mort semblable à celle qui revient de droit aux pécheurs, il ne saurait nous dispenser de le suivre jusque-là. Et, le Cardinal Émile Biayenda, le savait pertinemment et y avait bien consenti en toute liberté. Nous aurons donc, nous aussi, à mourir corporellement. Dorés et déjà, nous sentons sur nous la menace de cette mort qui guette notre corps de chair.
Mais la foi au Christ, en donnant au cardinal Émile Biayenda la certitude d’être entré dès ici-bas dans la vie du monde à venir et de porter en lui les arrhes de la gloire (Rm 8,23 ; 2Co 1,22), l’avait invité à ne pas subir la mort comme une fatalité affreuse. Émile Cardinal Biayenda a fait de la mort un acte volontaire qui, à l’image de la mort du Christ en croix atteste, devant Dieu son amour.
Cette foi au Christ avait libéré le bon Cardinal Biayenda de sa peur naturelle de la mort. Que sa vie nous serve d’exemple à suivre et nous apprenne à ne pas nous révolter contre Dieu, l’auteur de la vie. Nous sommes donc invités à devoir accueillir la mort dans la foi confiante et totale en Dieu en réalisant que c’est Dieu qui donne la vie et la reprend.
Tout dépend de sa volonté et rien ne peut lui résister car la mort, disait un sage africain, « c’est la ration quotidienne que Dieu assigne aux hommes à préparer : les uns aujourd’hui, les autres proposent demain ». Il ne sert donc à rien de rechercher le présumé coupable de la mort d’un être cher ni de vouloir le venger. Surtout que cette pratique ne ramènera pas le défunt à la vie. La séparation d’avec un être cher est certes trop douloureuse mais on peut pas non plus surmonter cette épreuve sans nous ouvrir à la grâce divine de la foi.
Puisse, le Seigneur exaucer notre humble prière pour la béatification et la canonisation du bon Cardinal Émile Biayenda :
Abbé KOUALOU-KIBANGOU Séraphin
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