lundi 2 juin 2025
Intervention de Mgr Émile Biayenda à la Radio Congolaise, le 4 octobre 1970
Mes chers Frères en Jésus-Christ
Voici déjà 8 jours qui nous séparent du dimanche dernier où près de 10 mille personnes ont accouru à la célèbre Mission cathédrale de Monseigneur Augouard, pour y participer à ma première messe pontificale. Aujourd’hui, il m’est très agréable de venir vous adresser de nouveau ma parole par ce magnifique moyen de communication par les ondes.
Cette parole, cette voix, ceux qui ont été ce dimanche-là sur la colline de notre cathédrale l’ont entendue ; ils ont pu entendre également celle de notre archevêque Monseigneur Théophile Mbemba.
Représentants officiels de notre nation, Responsables des Églises évangélique, salutiste, Kibangiste ; Ambassadeurs et délégués des pays amis, ainsi que la presque totalité de notre clergé et de notre chrétienté de Brazzaville, vous êtes venus m’appuyer de votre foi, de votre sympathie et de votre amitié. A vous tous, je redis une fois de plus merci et profonde reconnaissance.
Vous qui avez été absents, vous qui avez été empêchés, c’est à vous en ce moment que je viens m’adresser pour vous saluer et vous remercier de vos prières et de vos vœux et souhaits. Car j’en suis sûr, vous en avez formulés pour moi.
Je puis sans hésiter considérer cette belle et nombreuse assemblée liturgique comme un signe de bonne augure pour la charge pastorale que j’aurai désormais à assurer aux côtés de notre Archevêque Monseigneur Théophile Mbemba dans notre Église de Brazzaville. C’est pour moi signe de votre joie à m’accueillir.
Tous, mes chers frères, puissions-nous bien comprendre cette grâce de l’épiscopat que le Seigneur vient de nous faire. C’est un honneur pour notre Congo, bien sûr, mais, c’est un honneur parce que c’est un appel au service suprême : « Dieu visite ainsi son peuple : il nous suscite ainsi une force de salut, un signe de salut dans l’Église du Congo » : comprenons par-là que comme pour le peuple de l’Ancien Testament, Dieu aujourd’hui continue encore à être le guide fidèle des hommes sur les chemins de la paix, de l’entente et de l’unité.
En effet, en s’associant les hommes qui par la consécration baptismale, sacerdotale ou épiscopale sont constitués successeurs des apôtres, mais chacun à sa place qui est la sienne. Dieu manifeste clairement que son Église subsiste, et poursuit sa mission de salut sur toute la terre tout le long de l’histoire de l’humanité. Il manifeste aussi que son message de l’évangile doit être prêché à toute créature :
« Allez disait-il, de par le monde entier proclamez la Bonne Nouvelle ».
Ô, Et quelle bonne nouvelle ! Mes frères, le mystère de l’incarnation de Jésus, Fils de l’homme, un de la race de Dieu. Dieu et l’homme deviennent parents. Tout en demeurant le Fils de l’Éternel, le Christ est devenu Fils de l’homme mortel, notre Frère de sang et de race. Et nous, tout en demeurant ce que nous sommes, nous sommes devenus fils de Dieu « Et le Verbe s’est fait chair, et il a habité parmi nous ». La dignité de Dieu, devient la dignité de l’homme : grâce à Jésus-Christ. L’honneur de Dieu devient l’honneur de l’homme.
Voilà la bonne nouvelle que nous devons annoncer à temps et à contre temps. Car grâce à l’évangile du Christ l’homme redevient grand de la grandeur de Dieu, digne de respect.
Voilà mes Frères, la merveille que le Seigneur veut réaliser dans le monde et dans notre Congo lorsqu’il choisit de nouveaux serviteurs dans l’Église.
C’est parce qu’ils sont Fils de Dieu que les hommes sont tenus de bâtir une société de justice, de paix, d’amour.
C’est cette transformation profonde qu’opère l’Esprit de Dieu qui continue d’agir dans le monde par l’intermédiaire de tout homme de bonne volonté.
C’est cela la bonne nouvelle qui nous fait agir vis-à-vis du prochain, au-dessus de toutes considérations humaines, sans discrimination de régions, de race, de langue et de talents.
« Il est grand le mystère de la foi »
C’est cela que le Christ nous demande d’être les témoins partout et en tout temps : mieux croire en Dieu, c’est mieux croire en l’homme et en tout ce qui touche à l’homme.
La tâche, mes frères, est immense : celle de rénover le monde et d’instaurer toutes choses dans le Christ ; il s’agit de promouvoir un monde juste et humain ; il s’agit de bâtir un Congo juste et paisible, une cité où l’on est heureux de vivre. Le Christ est venu nous apprendre à bâtir un monde nouveau. Voici son principe de base : « Ne faites pas aux autres ce que vous ne voulez pas que les autres vous fassent ».
Oui, tous les chrétiens du monde crient : « Que votre règne vienne » qu’est ce que cela veut dire ? Cela veut dire que si le Christ règne vraiment et si le Christ est accepté comme maître et Roi de notre vie ne fut-ce que par tous les chrétiens, notre vie connaîtra la justice, notre foyer connaîtra des relations de justice familiale, nos marchés, nos bureaux, nos magasins, nos quartiers, nos villages, nos compagnes, notre pays tout entier par vous connaîtront la vraie justice, les vraies relations de justice, de paix et d’amour tâche immense qui nous incombe tous et chacun : tâche à laquelle l’évêque est appelé à présider. Tâche belle et noble qui mérite tout notre dévouement, frères chrétiens. Tous nous conjuguerons nos efforts. Mais cette tâche, c’est Dieu qui la réalisera, car c’est lui seul qui saura susciter en tous les milieux les promoteurs de la justice et de la paix : païens, ou chrétiens et cela dans tous les milieux.
C’est pourquoi, frères bien aimés, Monseigneur l’Archevêque et moi-même, votre humble serviteur, nous vous invitons avec le Christ à prier beaucoup pour que l’Esprit de Dieu continue d’agir par nos mains dans ce monde.
Amen.
Monseigneur Émile BIAYENDA
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