Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

jeudi 5 décembre 2024


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« L’ébranlement des valeurs familiales est dû â l’évolution que subit notre société »

Une exhortation du Cardinal Émile Biayenda

Il est de coutume chaque année, au temps du Carême, que votre Évêque s’adresse à vous, pour vous aider à orienter ce temps de prières, de pénitence et de conversion dans le sens d’une plus grande fidélité à la volonté de Dieu. Je voudrais, cette année, aborder avec vous le problème de LA FAMILLE.

1/- LA FAMILLE CONGOLAISE EN PLEINE ÉVOLUTION

Vous constatez comme moi, l’évolution profonde que subit actuellement la famille dans notre pays. Les parents se plaignent : « Nos enfants nous échappent... Ils n’écoutent plus personne... Ils ne travaillent plus... » Les cas de jeunes filles enceintes avant le mariage se multiplient, qui aboutissent souvent à des avortements et à des stérilités, quand ce n’est pas à des suicides. Les infidélités et les mésententes sont de plus en plus nombreuses dans les foyers, qui aboutissent au divorce, même après un mariage religieux. Divorce dont les enfants sont les premières victimes : tiraillés entre des parents séparés et vivant dans l’insécurité. Abandonnés à eux-mêmes, quel foyer pourront-ils fonder plus tard.

Tout cela s’accompagne d’une diminution du nombre des mariages religieux, par crainte de s’engager définitivement dans la situation du mariage que l’on sent instable et par manque de compréhension de la valeur du sacrement et des richesses qu’il apporte au foyer.

Cet ébranlement des valeurs familiales a ses causes dans l’évolution que subit notre société tout entière. La famille n’est plus groupée au village autour du "mbongui", où les anciens étaient les gardiens des traditions et où le mariage avait pour but essentiel la prolongation de la race. Les jeunes, de plus en plus nombreux, sont venus habiter en ville. Le lien avec le village où demeure la grande famille, sans disparaître pour autant, s’est quelque peu relâché. Le travail salarié et en particulier le travail salarié de la femme, l’accès des jeunes à la culture, qui se sentent de ce fait supérieurs à leurs parents, les voyages, les lectures, la radio, le cinéma qui apportent les exemples bons et mauvais des cultures étrangères... Tout cela a profondément marqué la conception et le mode de vie de la famille, les relations entre conjoints, ainsi qu’entre parents et enfants. Même si au village se maintient la conception traditionnelle de la famille, celle-ci n’en est pas moins marquée par cette évolution.

Et pourtant la famille est et restera toujours la cellule de base de toute société. Ceux qui - à certains époques - l’ont oubliée, y sont vite revenus devant les conséquences graves de cette méconnaissance. Elle est et restera le lieu où se réalise et s’épanouit l’amour des conjoints, lequel aboutit au don de la vie et le lien où s’épanouira l’enfant dans l’affection et l’éducation de ses parents. Il nous appartient de guider cette évolution et non la subir ; de sauvegarder les valeurs traditionnelles et de promouvoir celles qui étaient méconnues.

Il/- LE PLAN DE DIEU SUR LA FAMILLE

Dieu qui a créé l’homme et qui veut que l’homme réussisse sa vie, peut, seul, nous dire comment celui-ci peut la réussir et pourquoi il a créé pour lui la famille. La Bible, au livre de la Genèse, nous révèle la pensée de Dieu :

« DIEU CRÉA L’HOMME A SON IMAGE... IL LES CRÉA HOMME ET FEMME »
(G,n 1, 27)

Dieu n’est pas un célibataire égoïste. Dieu est une famille, une famille où l’on s’aime, il est Trinité : Père, Fils et Esprit. Jésus, que son père, à son Baptême, qualifie de « Fils bien-aimé » (Mat. 3,17), nous révèle combien il aime son Père : « Il faut que le monde sache que j’aime mon père » (Jn. 14, 31), dit-il au moment de donner sa vie pour le salut du monde. Et Saint Jean, dans sa première épître, nous dit que « Dieu est Amour » (1 Jn. 4,7) : au sein de la Trinité, le Père aime le Fils, le Fils aime le Père, et de cet Amour procède l’Esprit-Saint, qui est l’Amour vivant du Père et du Fils.

Et pourtant les Trois Personnes Divines, unies par leur Amour infini, ne sont qu’Un seul et même Dieu : « Moi et le Père, nous sommes Un » (Jn. 10, 30). C’est à l’image de la Trinité « Mystère d’Amour » et « Mystère d’Unité » que Dieu a voulu créer l’homme : « famille ». Famille dans laquelle le père aime la mère, la mère aime le père, et cet amour qui les unit est tellement fort qu’il devient un être vivant : l’enfant, c’est l’amour vivant du père et de la mère. Si les parents aiment tellement leur enfant, c’est bien parce qu’il exprime, d’une manière vivante, l’amour qui les unit entre eux. Unité et fécondité, tels seront donc les 2 buts que Dieu fixe à la famille humaine, et la Bible nous l’exprime en ces termes :

« L’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un » (Genèse 2, 24) ;

« Soyez féconds et multipliez-vous, remplissez la terre », (Genèse 1, 28).

Emile Cardinal BIAYENDA Archevêque de Brazzaville
(Extrait de la Circulaire de Février 1975)

 




 
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