vendredi 22 novembre 2024
Émile Biayenda ne cessait de le dire :
Un an après son élévation au cardinalat, Émile Biayenda au cours d’une conférence intitulée « Le Sacré-Cœur, symbole de notre fraternité chrétienne », insistait sur le message de paix : cette paix aimait-il dire, ne peut s’imposer ; elle ne peut venir du dehors, mais de l’intérieur du cœur de l’Homme. Quand il y a la paix dans le cœur, on vit naturellement cette paix en famille. Ce n’est qu’après que celle-ci se transmet à travers le monde.
Dans les propos prononcés au cours de sa conférence sur la notion de paix, le Cardinal Biayenda voulait nous inviter à offrir au Seigneur tous les manquements qui viennent de nos cœurs à travers le manque de paix du cœur, nos conflits, bref tout ce qui ne va pas en nous. Si souvent nous perdons la raison, soulignait le Cardinal Biayenda, c’est parce que l’orgueil est encré dans nos cœurs ou encore, parce que nous sommes attachés à nous-mêmes, à certaines personnes, aux biens matériels de ce monde. Et lorsqu’on nous le fait remarquer, nous perdons la tête et la raison, nous perturbons le climat serein, nous perdons la paix...
La paix, disait encore le Cardinal Biayenda, n’exclut pas la souffrance, ni les larmes, mais elle nous évite les conflits inutiles, puisque bien souvent, les conflits sont engendrés par les hommes.
Nous savons bien qu’à tous les niveaux de la société, nous avons besoin de la paix. Aussi savons-nous ce qu’entraînent les différents conflits auxquels nous avons assisté dans les familles entre époux, entre la femme et sa belle famille, les enfants qui sont chassés du toit paternel, la veuve à qui l’on ravit tout même si elle a contribué à l’achèvement de la maison où elle a vécu avec son époux et ses enfants ; entre jeunes et adultes, nous assistons aux conflits de générations, bref, il y a manque d’amour, de respect mutuel, le manque de pardon réciproque.
Émile Cardinal Biayenda ne cessait de dire à tous les fidèles chrétiens et aux hommes de bonne volonté : « Avoir du cœur, c’est jouir d’une bonté et d’une largesse du cœur remarquable ». Avoir un bon cœur « ku vuanda na m’tima ya mboté », c’est avoir ce « Cœur Nouveau habité par un esprit nouveau » et qui, par la grâce de Dieu lui-même, prend place dans le cœur endurci et insensible.
Il n’y a que des gens ancrés dans la vraie prière qui peuvent se surpasser pour que la famille, la société, bref le pays entier puisse obtenir la paix véritable, non pas celle des hommes, mais celle qui vient de Dieu.
En revanche, « ne pas avoir du cœur » correspond à un homme insensé qui manque de charité, de sentiment humain, de tout sens, ignorant de ses devoirs vis-à-vis des autres.
Enfin en lisant la vie du Cardinal Émile Biayenda, nous pouvons boucler la page, en disant que Biayenda a béni son peuple dans son dernier message à tous les chrétiens et hommes de bonne volonté en tant que président du Conseil Œcuménique des Églises Chrétiennes du Congo : « A tous nos frères croyants, du Nord, du Centre et du Sud, nous demandons beaucoup de calme, de fraternité et de confiance en Dieu, Père de toutes races et toutes tribus, afin qu’aucun geste déraisonnable ne puisse compromettre un climat de paix que nous souhaitons tous ».
Jésus est mort pour nous, parce qu’il voulait un monde juste. Biayenda est mort pour le peuple Congolais parce qu’il avait l’amour pour ce peuple. Il ne voulait pas l’abandonner, alors que plusieurs personnes venaient le voir pour l’inviter à quitter sa résidence et aller se cacher quelque part. Le Cardinal Biayenda savait ce qui devait arriver dans le pays, ne voulant pas le voir sombrer dans une guerre civile à la suite de la mort du Président, il s’est laissé conduire jusqu’à la table du sacrifice et offrir sa sainte vie en holocauste.
Cette paix du cœur, le Cardinal Biayenda l’avait, car tout le long du parcours, il est resté imperturbable. Il a dominé la mort et tous les problèmes qui devaient suivre. Tout ce que l’on a dit sur lui, Émile Biayenda le savait et l’a emporté dans son cœur. Les Souffrances, il les a connues à la montagne de Djiri ;
L’Espérance il l’avait puisqu’il a chanté le « Je crois en Dieu »,
L’Amour pour les autres, il l’avait car, comme un agneau, il s’était donné.
Gislain NKOKANI
Paroisse Ste Rita
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