lundi 19 août 2024
« L’Église, au nom du Christ, doit s’efforcer de promouvoir l’Unité, de former chacun à la conscience professionnelle »
Il y a 34 ans plus précisément le dimanche 20 mai 1973, au stade Éboué de Brazzaville, à l’occasion de sa réception par la République, comme nouveau Prince de l’Église, le Cardinal Émile Biayenda avait prononcé une homélie au cours de ladite célébration eucharistique. Pour raison de l’histoire, nous publions le texte intégral.
Grâces soient rendues à Dieu, le Père, le Fils et le Saint Esprit qui a bien voulu regarder avec bienveillance notre jeune Église et notre Pays.
* Merci au Pape Paul Vl, qui en élevant notre siège métropolitain au rang cardinalice, reconnaît et confirme la vitalité de notre Chrétienté et décuple la responsabilité qui est nôtre, dans l’Église d’Afrique et du monde.
* Merci à Monsieur le Cardinal Malula, Cher aîné, votre présence était plus que désirée et, au nom de tous les Chrétiens du Congo qui vous restent attachés, nous ne pouvons que remercier votre Gouvernement pour sa compréhension devant l’opportunité de votre présence ici.
* Merci à Mgr le Délégué Apostolique qui a été le porte-parole du Pape.
Monsieur le Délégué, vous nous avez réconfortés, avec profondeur de foi, en nous rappelant la confiance que nous devions faire en Dieu, au Pape et en l’Église, à l’occasion de notre nomination. Merci.
* Merci à M. le Représentant du Gouvernement de la République Populaire du Congo, Monsieur le Ministre de l’Intérieur.
Puissiez-vous transmettre au Chef de l’État et à tout le Gouvernement et à tous nos Responsables politiques, notre sincère remerciement pour toutes les marques de sympathie dont nous avons été entouré, tant auprès de nos Ambassades à Rome et à Paris, qu’ici à Brazzaville depuis notre retour.
* Merci à M. le représentant de la République pour le climat de franche collaboration et de fraternité dont il fait montre à notre endroit ; merci pour sa foi dans la collaboration avec l’Église et tous les hommes de bonne volonté. Pour le bien de notre nation.
* Merci à vous tous, chers Frères du Collège épiscopal du Zaïre, de Centrafrique et du Congo. Merci à vous tous, chers Frères Prêtres, Religieux et Religieuses qui partagez avec nous les soucis pastoraux de l’Église du Congo.
* Merci à tous les représentants des Corps diplomatiques accrédités dans le pays, qui ont bien voulu honorer de leur présence notre cérémonie.
* Merci à vous chers Frères, responsables des Églises Évangélique, Salutiste, et Kimbanguiste.
* Merci d’avoir apprécié, avec foi, cet évènement de l’Église du Christ.
* Merci à vous tous Frères Congolais et étrangers, d’être venus nombreux partager cette joie générale et proclamer avec nous, qu’avec l’aide du Christ et la bonne volonté de tous, l’Unité des hommes est chose possible dans notre pays, et dans le monde.
Est-il besoin, de le démontrer, de nous le rappeler ? Cette foule, dans sa diversité de races, de langues, de religions et d’opinions nous le prouve suffisamment.
Nous revivons aujourd’hui, ici à Brazzaville et dans tout le Congo, le grand évènement de la Pentecôte où les merveilles de Dieu étaient proclamées en toutes langues, sans complexe.
Puisse, mes Frères, l’événement qui nous rassemble et que nous célébrons, tous, avec tant de liesse, nous marquer pour longtemps et nous aider à mettre en pratique les leçons de ce jour.
Puissions-nous continuer à vivre ce que nous voyons, ce que nous ressentons et ce que nous exprimons unanimement, aujourd’hui, par nos prières et nos chants communs en lingala, en kikongo, en téké, en français et en ladi.
Le jour de la Pentecôte, les disciples remplis de l’Esprit Saint s’en retournèrent chez eux, tout décidés et assurés sur leur mission, témoigner partout l’amour du Christ, l’Unité et la Paix parmi les hommes.
C’est à nous qu’incombe aujourd’hui cette mission dans ce Congo, dans cette Afrique et dans notre monde. Qui en dehors du chrétien connaît mieux les voies et les moyens de l’unité et de la paix, dans la dignité et le respect de l’homme ? Il faut nous en convaincre, c’est notre mission et c’est le vœu du Christ, notre Chef : que nous soyons Unis comme les trois personnes de la divine Trinité.
Le Christ nous a laissé un commandement nouveau. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ; à cela l’on vous reconnaîtra comme mes disciples, si vous vous aimez les uns les autres ». Nous devons faire tout ce que nous pouvons pour nous conformer à ce précepte.
A la suite de Saint Jean, nous vous disons : « Si quelqu’un dit : "J’aime Dieu" et qu’il déteste son frère, c’est un menteur. Celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne saurait aimer Dieu qu’il ne voit pas ».(1Jn.1,20)
Mes frères, après cette grande préoccupation qu’est l’unité fraternelle, il est une urgence que nous ne saurions vous faire en ce jour de prière et d’action de grâce : c’est le problème des vocations.
Comme vous le savez, nous ne cessons de revenir sur cette question, préoccupante pour la survie de notre Église et la promotion de cette unité. Les besoins en prêtres, en religieux et religieuses sont nombreux. La nécessité de leur ministère est reconnue partout : « les ouvriers peu nombreux, priez donc le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson ».
Cette invitation du Christ souligne avec certitude la force constructive du chrétien qui réside avant tout dans la prière. Par une volonté libre de Dieu, la prière aide d’autres hommes, quels qu’ils soient à découvrir clairement la fonction précise inscrite dans tout leur être et qu’ils doivent assumer pour le bien commun. Comme dit Saint Paul, « à chacun la manifestation de l’Esprit est donnée, pour le bien de tous ». (1Cor.2:7,7)
La prière suscite donc les bonnes volontés dans le monde et leur fait parler un même langage, le langage de la recherche du bien et de la justice, même s’ils sont incroyants.
Puisse le Seigneur, par notre prière, susciter au pays toutes sortes de générosités et d’hommes de devoir pour le bien de chacun, dans tous les milieux : famille, école, politique, industrie, bureaucratie, hôpital et autres.
Qu’en ce mois de mai, notre prière pour l’Église du Congo, pour notre pays et pour la paix parmi les hommes monte vers Marie, notre Mère à qui notre pays a été consacré.
Qu’elle nous obtienne de son Fils les grâces nécessaires pour mener à bien l’œuvre de charité de construction fraternelle que l’Église par la voix de nos prédécesseurs, et par la nôtre n’a cessé de vous rappeler.
Puisse Dieu nous accorder son Esprit pour vivre et aider les autres à vivre, dans notre société, les directives contenues dans les différentes lettres pastorales dont vous pouvez encore vous souvenir ; celle sur le respect de la vie, que Mgr Bernard intitulait : « Les droits de la personne humaine sont sacrés », celles de Mgr Mbemba sur les vocations, l’engagement du chrétien dans l’Église et la communauté politique, celle enfin sur les veuves et le développement ; la nôtre sur l’éducation et tous les autres enseignements que nous vous avons prodigués dans nos diverses assemblées de prière œcuménique et autres.
Tous ces efforts que l’Église déploie pour le bien de tous, chacun de nous doit y collaborer et y apporter, dans la mesure de ses moyens et avec l’aide de Dieu sa participation effective franche et pleine de charité.
Oui, mes frères, chacun, selon ses compétences intellectuelles et professionnelles doit se sentir en communion avec ses Pasteurs et tous ses frères préoccupés par un développement intégral du Congolais.
L’Église, au nom du Christ, s’efforce de promouvoir l’Unité, de former chaque baptisé et toute personne de bonne volonté, qui veut bien l’écouter et suivre ses conseils ; l’Église du Christ, disons-nous, s’efforce de former chacun à la conscience professionnelle, à la collaboration, à la participation active à l’œuvre du développement et de construction nationale.
Elle prie sans cesse Dieu, Tout-Puissant d’établir la vraie paix dans chaque personne, dans chaque foyer, dans chacun de nos milieux de vie, dans notre chère patrie et dans le monde.
Mes frères, en ce jour de grâce et de fraternité, nous vous lançons plus qu’un appel, à vous tous, chrétiens, baptisés, et à toutes personnes de bonne volonté, pour nous unir, chaque jour d’avantage, pour promouvoir la paix et la charité dans notre pays et dans le monde.
Chacun en s’efforçant de remplir convenablement son devoir, à tout moment où l’a placé la divine Providence, contribue au bien-être de tout Congolais et de tout homme dans le monde.
Puissions-nous, mes Frères, suivre l’exemple de nos prédécesseurs dans cette œuvre de salut, tous ces pionniers qui ont consacré leur vie à leurs frères et que le Seigneur a rappelés auprès de lui, ainsi que tous ceux qui sont absents, en ce moment, ici.
Qu’à tous ceux-là et à nous tous ici présents, le Seigneur accorde sa bénédiction, au nom du Christ, notre Seigneur.
Que notre bénédiction, celle du Saint Père, le Pape, et celle de tous les Pasteurs d’âme, ici présents descende sur chacun de vous, sur notre patrie, sur les pays de nos frères ici présents, sur toute l’Afrique et sur le monde.
Que le Seigneur, Lui-même, dirige notre action, qu’Il assiste, dans sa sagesse, tous les dirigeants et responsables des sociétés humaines de notre temps, pour que partout la Paix soit l’objectif unificateur de tous les hommes.
Cardinal Biayenda
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