LA MÉMOIRE BIAYENDA

Éditorial

Pauvre bouc émissaire

Le bouc est le mâle de la chèvre. En général, les boucs ont une odeur forte et une petite barbe à la pointe du menton, une barbiche. La chair du bouc reste bonne à manger ! Cependant "un Bouc émissaire" est une personne sur laquelle on fait tomber les torts des autres.

Dans le judaïsme, la célébration du "Yom Kippur", le jour de l’Expiation des péchés de toute l’année, les fidèles font un jeûne de 24 heures (du soir au soir suivant). Le peuple demande pardon à Yahvé et rituellement charge ses péchés sur un bouc, qui est ensuite porté loin de Jérusalem et abandonné dans le désert de Judée. C’est le Bouc émissaire, le bouc de l’Expiation.

A l’exception de ce rite, les peuples préfèrent l’hypocrisie au sincère repentir.

Adam rejette son forfait sur sa déclarée bien-aimée Ève. Ève, à son tour, accuse le serpent de lui avoir servi le fruit défendu (Gn 3,12-13).

Hérode et Pilate deviennent deux amis, d’ennemis qu’ils étaient auparavant, pour condamner Jésus au supplice de la croix (Lc 23,12).

Le Cardinal Émile Biayenda devient le bouc émissaire d’un système politique en dérive.

Le système a toujours fait école : des vieilles personnes sont accusées de sorcellerie, des guerres fratricides dévorent le Congo, des serviteurs et des servantes de Dieu sont éclaboussés et laissés pour compte, etc. Petits et grands, en famille, en politique, en religion, au travail, au marché, partout, les squelettes des boucs émissaires n’émeuvent plus personne.

Qu’on arrive à l’heure à la messe ou qu’on y arrive exprès en retard, le rite pénitentiel du « Je confesse à Dieu » n’est plus qu’un "chewing gum" insipide et vite craché.

Je vous en supplie, faute d’y renoncer, réduisez-nous au moins le système des boucs émissaires et que chacun assume ses responsabilités !

Abbé Albert NKOUMBOU