Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Évitons de faire de la Confrérie Émile Biayenda un simple « muziki » ou encore un « club d’amis ».

Déclare l’Abbé Dieudonné Nathanaël SAMBA, Aumônier national de la Confrérie Émile Biayenda

Dans l’interview que voici, notre invité, l’Abbé Dieudonné Nathanaël Samba, fait le point des difficultés rencontrées quand à la mise sur pied d’une structure nationale. Il projette aussi ce que devra être la Confrérie Cardinal Biayenda.

La Mémoire Biayenda : Monsieur l’Abbé, vous êtes nommé Aumônier national de la Confrérie Émile Cardinal Biayenda, quel bilan faites-vous depuis que vous êtes à la tête de ce mouvement au plan national ?

Abbé Dieudonné Nathanaël Samba : J’ai été nommé aumônier de la Confrérie Émile Cardinal Biayenda depuis juin 2004.

De Juin 2004 à novembre 2006, cela fait exactement 2 ans et 5 mois. Durant toute cette période, la Confrérie n’a existé et n’existe véritablement que dans deux diocèses : Brazzaville et Pointe-Noire.

Pendant un bon moment à Brazzaville, la structure n’était pas unifiée. Il y avait d’un côté la Famille Cardinal Émile Biayenda et de l’autre la Communauté Cardinal Émile Biayenda. Grâce à Dieu et grâce aux efforts des uns et des autres, l’unification de la Confrérie est aujourd’hui réelle. Il y a un bureau diocésain et un aumônier diocésain. Le problème qui semblait nous freiner, c’est le fait que la Confrérie n’existe que dans deux diocèses.

Si malgré tout, la Conférence Épiscopale du Congo a nommé un aumônier national, je crois à mon humble avis, c’est parce qu’elle a voulu que cette Confrérie ait une structure nationale, que le Cardinal Émile Biayenda dont nous vénérons la mémoire soit connue du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, qu’il soit connu, vénéré même hors de nos frontières nationales, comme c’est déjà le cas dans certains pays, comme le Burkina-Faso.

Ainsi, compte tenu de ces problèmes rencontrés et de certains blocages liés à la non-représentativité de la Confrérie dans d’autres diocèses que Brazzaville et Pointe-Noire, mon bilan est mitigé pour ne pas dire négatif, dans la mesure où depuis plus de 2 ans, on stagne au lieu d’avancer, parce qu’avec mes confrères, il n’y a pas une réelle volonté d’agir dans le sens national.

La M.B. : Face à ce que vous venez de dire, alors, à quand la mise en place d’une structure nationale, qui aura pour tâche la coordination des activités de chaque diocèse ?

A.D.N.S. : Avant la célébration du 30e anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda, je crois qu’avec le concours des personnes de bonne volonté, nous arriverons a mettre en place une structure préparatoire nationale, qui jouera le rôle qui sera le sien. Nous y travaillons déjà, même si je regrette que pendant tout ce temps, nous avons eu du mal à travailler ensemble pour la même cause.

La M.B. : Entre-temps, n’aviez-vous pas constaté dans la manière de travailler, qu’il y a parfois implication d’un diocèse dans un autre, sans le consentement de l’Aumônier national que vous êtes ?

A.D.N.S. : Je pense que vous faites allusion à ce qui s’est passé avec la Confrérie Cardinal Émile Biayenda de Pointe-Noire. Je dirai tout simplement que lorsqu’il y aura un bureau préparatoire national, nos façons de faire vont changer, en évitant tout désordre. Dans l’échec de la mise en place de la Confrérie à Nkayi, il y a eu des procédures préliminaires qui n’ont pas été respectées.

Personnellement, je reconnais avoir remis, par le biais de M. l’abbé Kalandziami, une lettre pour Mgr Mizonzo, évêque de Nkayi. Dans cette lettre, je lui manifestai mon désir un jour ou l’autre, d’établir une Confrérie Cardinal Émile Biayenda dans le diocèse de Nkayi. Cette lettre, depuis de longs mois, est restée sans réponse. Il fallait donc que les responsables de la Confrérie de Pointe-Noire se rapprochent de moi, pour chercher à « relancer » la procédure auprès de Mgr Daniel Mizonzo. On aurait vu si le temps est venu ou pas, d’y installer la Confrérie Cardinal Émile Biayenda.

Pour terminer, je demanderai aux responsables de la Confrérie de Pointe-Noire, plus de vérité. Personnellement, je n’aime pas le mensonge, ni le désordre.

Nous devons ensemble travailler avec les structures que nous mettons en place.

Que nos évêques nous aident aussi. Qu’ils n’oublient pas que, ce sont eux-mêmes, qui ont voulu nommer un aumônier national pour la Confrérie Cardinal Émile Biayenda.

La M.B. : Nous avons aussi constaté qu’au sein de certains bureaux que ce soit diocésains ou paroissiaux, ce qui prime c’est la jalousie, la haine pour les autres. Quels conseils pouvez vous prodiguer ?

A.D.N.S. : Le constat de haine, de jalousie dans les groupes de la Confrérie Cardinal Émile Biayenda est réel. Ce qui veut dire que nous n’agissons pas toujours selon l’Esprit de Dieu, mais selon la chair. Mais, je n’ai pas le droit de juger, Dieu est notre seul juge. Cependant, nous avons beaucoup d’efforts à faire, aussi bien, nous les responsables de la Confrérie que les membres de cette même Confrérie.

Que le Christ agisse puissamment dans nos vies, pour que nous évitions de faire de la Confrérie Cardinal Émile Biayenda un simple « muziki », ou un « groupement des ressortissants de... » ou encore, « club d’amis ». Mon désir, c’est de faire de cette Confrérie, une véritable famille de Dieu.

Le Christ par son sang est venu casser le mur de haine, qui nous sépare les uns des autres.

Ainsi, terminons avec ces attitudes orgueilleuses que nous avons les uns vis-à-vis des autres. Travaillons ensemble dans l’humilité, l’amour et la paix.

La M.B. : Père Aumônier, lorsque je lis certains écrits du Cardinal Émile Biayenda, j’ai l’impression qu’il aimait souvent parier des « Mbongui », véritables écoles d’éducation qui ont disparu ; des « Mbongui », lieux où les plus jeunes pouvaient apprendre auprès des plus anciens. Alors ma question est celle-ci : pourquoi aviez-vous préféré l’appellation de confrérie, au lieu de Mbongui Cardinal Émile Biayenda ?

A.D.N.S. : Avant l’unification de la Confrérie Cardinal Émile Biayenda, il y avait à Brazzaville des groupes, des « Émile ou des Biayenda », qui s’appelaient : Famille du cardinal Émile Biayenda, Communauté du Cardinal Émile Biayenda. A Pointe-Noire, il y avait le « Mbongui Cardinal Émile Biayenda ». A la question posée, je dirai que nous connaissons la valeur d’un « Mbongui », dans un village ou dans une communauté humaine. Les deux noms : Confrérie et Mbongui ne s’opposent pas fondamentalement. Mais, nous avons préféré le nom de Confrérie, parce que qui dit Confrérie dit fraternité. Peuvent entrer dans la Confrérie, celles et ceux du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest. C’est à nous de montrer cet amour, cette fraternité, cette unité sinon, nos noms choisis sont vides de sens.

La M.B. : Père Aumônier, aviez-vous connu le Cardinal Émile Biayenda, si oui, quels souvenirs gardez-vous de lui ?

A.D.N.S. : Oui, j’ai connu le Cardinal Biayenda Émile, mais pas suffisamment. Dans les années 69-70, nous séminaristes, nous ne pouvions pas venir voir les évêques facilement. Mais mon souvenir, c’est quand, après avoir été renvoyé du petit séminaire de Mbamou, je suis allé voir Mgr Émile Biayenda, encore évêque coadjuteur. Son intervention bienveillante me permit de continuer ma route, mes études au séminaire St Jean.

La M.B. : En dehors de l’Aumônerie nationale, vous êtes aussi, Curé de la cathédrale Sacré-Cœur où repose notre vénéré pasteur, avez-vous un mot à dire sur ce qui se passe en ce lieu, tel que le jet de bout de papier, les bougies qui sont allumées sur les carreaux etc.

A.D.N.S. : Je suis témoin comme vous, de ce qui se passe sur la tombe du Cardinal Émile Biayenda et sur la tombe de Mgr Théophile Mbemba. Le problème, c’est le jet de petits morceaux de papiers sur ces tombes, et l’introduction des bougies, ce qui pourrait abîmer les carreaux.

Là, nous avons affaire à une manifestation de la « foi populaire ». Travaillons ensemble, pour rendre ces lieux propres.

La M.B. : Que peut attendre le journal « la Mémoire Biayenda » de l’Aumônerie nationale pour sa survie ?

A.D.N.S. : Quand j’avais été nommé aumônier national de la Confrérie Cardinal Émile Biayenda, il n’existait pas de bureau national. Malgré le fait que la Confrérie n’existe pour le moment que dans deux diocèses, avant le 30e anniversaire de la mort du cardinal Émile Biayenda, nous nous attelons pour asseoir cette structure.

En temps opportun, nous verrons comment contribuer pour la survie du journal "La Mémoire Biayenda".

La M.B. : Vous parcourez bien sûr nos colonnes, quels sont vos impressions ?

A.D.N.S. : Je ne les parcours pas seulement, je les lis. Mes impressions sont bonnes. Ya Gré, tu es un vrai professionnel du métier. Tu as tous mes encouragements.

La M.B. : Votre dernier mot ?

A.D.N.S. : Le Cardinal Émile Biayenda est un modèle d’humilité, d’amour et de paix. Ne nous lassons pas de prier pour sa béatification et sa canonisation.

Que notre vénéré pasteur, là au ciel, continue d’intercéder pour la véritable paix dans notre pays, et pour l’Église Catholique qui est au Congo.

 

Propos recueillis par Grégoire YENGO DIATSANA

 



 

Le tombeau vide du Cardinal Émile Biayenda

Ce lieu ne nécessite t’il pas une stèle ?

Situé aujourd’hui en plein cœur du cimetière municipal d’Itatolo de Brazzaville, le tombeau vide du Cardinal Émile Biayenda, lieu où l’on avait retrouvé son corps peu après son assassinat le 22 mars 1977, devra être réaménagé car ce lieu très symbolique pour notre Église ne devra pas être abandonné.

A l’orée donc de la célébration du 30e anniversaire de la mort du cardinal Émile Biayenda, son souvenir reste quotidiennement dans nos cœurs et dans le peuple croyant de notre pays. Sa mémoire habite dans la permanence de notre être chrétien et Congolais. Parmi les milliers de personnes qui viennent se recueillir, prier en privé devant sa tombe en la Cathédrale Sacré-Cœur il y en a qui n’hésitent pas d’apporter leur témoignage à la suite des faveurs reçues du Seigneur par son intercession. Il en est de même des groupes de piéter qui l’ont choisi comme guide. Ceux-ci nourrissent et renforcent l’actualité de son enseignement et l’exemplarité de sa vie de Bon Pasteur.

Portée par les prières individuelles, les pèlerinages effectués à la Montagne de Djiri, à la cathédrale, les triduums et les neuvaines organisés officiellement ou non, la communauté chrétienne nationale et même celle des autres pays attendent l’aboutissement heureux de sa cause de béatification et de canonisation déjà amorcée.

Afin d’éviter toutes improvisations, les chrétiens et les hommes de bonne volonté sont appelés à se mobiliser, autour des actions qui seront entreprises avant pendant et après la célébration de ce 30e anniversaire, et porter surtout leur attention sur certains lieux, que le Cardinal Émile Biayenda avait parcourus pendant son chemin de croix, c’est-à-dire quelques heures avant son assassinat.

En dehors de la montagne de Djiri, le cimetière municipal d’Itatolo par exemple en est un. C’est cet endroit qui a accueilli son corps, précipitamment enfoui sous terre par le fils du pays qui l’ont accompagné à la mort, (ses bourreaux), de peur d’être repérés. Ces derniers, dans leur forfait, ont eu juste le temps de le jeter dans une des fosses déjà apprêtées pour les inhumations du lendemain, et remblayer la terre sur lui. Bien qu’en ces lieux, l’Église eût déjà érigé une pierre tombale en signe de reconnaissance, il serait mieux aujourd’hui pour des raisons historiques, de construire une stèle surélevée d’une grande croix. Ce monument, une fois érigé, permettra même aux passants depuis la voie goudronnée, de repérer les lieux.

A défaut des moyens financiers, nous suggérons que ces travaux puissent être confiés aux hommes de bonne volonté, ou à un mouvement diocésain, pourvu qu’on leur dise ce qu’il y a à faire. L’histoire n’est-elle pas le récit des événements passés, que nous devons léguer aux générations futures ?

G.Y.D.

 


 
 
 
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