lundi 9 juin 2025
26 octobre 1958, date anniversaire de l’ordination Sacerdotal de l’Abbé Émile Biayenda
Par le jeune Abbé Émile BIAYENDA
En parcourant le cahier journal de l’Abbé Émile Biayenda, le Vice postulateur l’Abbé Albert Nkoumbou, est tombé sur le texte qu’il avait écrit en octobre 1958, après son ordination sacerdotale. Découvrons le tous ensemble.
Le jour de l’ordination sacerdotale est un jour plein de grâces et de profonde joie. Laissons Émile, lui-même, nous dire ce qu’il ressent : « Le dimanche, 26 octobre 1958. C’est le Saint jour de mon ordination sacerdotale, à la Cathédrale, pendant la messe pontificale commencée à 9h30. Quand nous arrivons, la cour est déjà comble de monde. J’ai récité mon chapelet suppliant la Ste Vierge d’être là et de bien vouloir être la gardienne indéfectible de mon Sacerdoce. Je suis plein d’émotion. Les larmes me viennent aux yeux quand je vais prendre place à la banquette et pendant l’imposition des mains de l’Évêque et de plus de 30 prêtres qui sont là, je pleure. De tout mon cœur j’acquiesce à devenir prêtre et à le rester toute ma vie et aussitôt, une joie indicible m’est montée au cœur, en même temps qu’un généreux désir de voir tous mes autres confrères devenir un jour prêtres comme moi, ainsi plusieurs autres enfants devenir prêtres, religieux ou religieuses.
Ma sœur en religion, Sœur Solange, était là à genoux, priant et je ne pouvais me douter qu’elle suppliait le ciel en mon nom. A la sacristie étaient déposés ornements et linges d’autels offerts par Sœur Solange et la communauté des Sœurs et le noviciat. C’est avec l’ornement blanc travaillé avec tant d’amour par ma sœur que j’ai été ordonné prêtre. Ah ! Comme le Seigneur est bien bon pour nous ! Au sortir de la Cathédrale, c’est Monseigneur qui reçoit ma première bénédiction et me dit sa joie de me voir maintenant prêtre.
Arrivent papa, les frères et la sœur. Le parloir est trop étroit. Sylvestre, par sa fille toute mignonne, me remet un paquet contenant un bel ornement vert. Avec le Père Directeur nous montons sous le balcon au palais, pour bénir l’immense foule agenouillée. En descendant, monsieur Penin m’embrasse et me remet un petit paquet bien soigné qui contient l’histoire des Prémontrés. Une photo en groupe Kindambien, avec le Père Charles au milieu. Puis c’est le retour. A midi, Monseigneur parle, remerciant le Père Riobé et exprimant sa joie des ordinations du matin.
Dans la soirée, les frères, papa, Sœur Solange et plusieurs autres amis se réunissent sous les bambous, pour un léger apéritif. On termine la séance par la photographie devant l’Église. Ainsi s’achève ce plus beau jour de ma vie. Confiant à Marie tous les actes de mon sacerdoce ».
Même si M. l’Abbé Émile Biayenda ne le précise pas, l’amour et la joie couvrent une multitude de souffrances. Les parents lui en veulent encore d’avoir soutenu Marie Françoise, en religion nommée Sœur Solange, durant sa formation religieuse. Pour preuve, elle ne sera qu’a l’apéritif et non au repas de fête de l’ordination. Une confidence de Sœur Solange : « Ce jour-là, toute la famille l’entourait, mais il souffrit beaucoup, car personne ne m’adressa la parole pendant la cérémonie. Il préféra même que je ne sois pas présente au repas de fête qui devait suivre ».
En dehors de la Légion de Marie qui charpente fructueusement son apprentissage apostolique, au cours de la récollection mensuelle prêchée par le Chanoine Riobé, du 7 au 12 novembre 1958, M. l’Abbé Émile va faire la connaissance de « L’Union des Frères de Jésus » aujourd’hui « Fraternité Sacerdotale Jésus-Caritas ». La spiritualité de l’Union est centrée essentiellement sur la personne du Christ. Sans cela aucun réel apostolat auprès des âmes n’est efficace. La contemplation qui suppose une vie de foi, centre les membres du groupe sur le Christ. L’eucharistie est, pour eux, Jésus qui attend. Son intimité avec les membres de l’Union des Frères de Jésus leur permet de bien le présenter aux autres. Les principaux aspects du groupe sont : l’adoration eucharistique, la journée mensuelle de désert (prière, pénitence ... ), la charité fraternelle, l’amitié fraternelle. A la suite de Charles de Foucauld, les membres de l’Union sont des amis du Christ Sauveur des âmes.
L’Abbé Émile jeune prêtre, découvre là, tout indiquée, une voie de sainteté et d’apostolat. Il s’y engage. A 17h 30, le 12 novembre 1958, première réunion de l’Union des Frères de Jésus.
Sont inscrits les deux Abbés de Mongali et Ouenze, les Abbés Théophile Mbemba, Michel Manangou, Antoine Maloumby, Jules Kiyindou et Émile Biayenda.
Voici comment, lui-même, présente ce chemin de sainteté auquel il restera fidèle jusqu’à sa mort : « Les quatre font leur entrés dans l’Union par la prière du début de leur noviciat. Nous attendrons à Noël. C’est une très grande grâce, car c’est là encore une réponse du ciel à ce que je devais faire pour vivre pleinement mon sacerdoce. Je me le demandais.
Ma Sœur me l’a demandé par deux fois et je lui avais répondu de prier. Monseigneur, sans que je lui en parle, m’en a parlé à ma direction de retraite préparatoire au sacerdoce. Et j’ai vu là un signe du ciel, un secours de la Ste Vierge. Je me donne et fais toute confiance en Jésus, mon Sauveur. Et dès aujourd’hui, c’est de cet esprit que je m’e forcerai de vivre. Mon Dieu ! Merci ! » La décision fut prise. La spiritualité sacerdotale de l’Union des Frères de Jésus trouva, chez Émile Biayenda, une terre favorable. La semence germera patiemment, elle sera un arbre qui portera les fruits escomptés.
Quarante ans après, un de ses professeurs d’alors, le Père Jean Ferron, missionnaire du Saint-Esprit, nous a parlé d’Émile. Il témoigne en formateur :
« De l’Abbé Émile Biayenda, « grand séminariste, jeune prêtre », je me souviens, au plan humain, d’une grande BONTE qui rayonnait habituellement de sa personne : son bon et franc sourire était célèbre au Séminaire. Je noterai aussi sa très grande SIMPLICITÉ, tant dans son comportement habituel que dans ses relations avec les autres : c’était un HUMBLE ! Toujours au plan humain, je soulignerai aussi son COURAGE face à des situations délicates ou difficiles. En particulier, j’ai le souvenir de la fermeté qu’il montra vis-à-vis de sa famille (ses frères), lorsque des difficultés surgirent au sujet de la vocation religieuse, de sa sœur : il n’était encore que « Séminariste », et il eut le courage et la fermeté vis-à-vis des siens pour que les obstacles dressés par eux soient aplanis. Je me souviens également du courage qu’il manifesta, dans les années 1965-1966, alors qu’il était curé de la Paroisse St Jean-Marie Vianney, à Mouléké, et qu’il fut arrêté arbitrairement. Je me souviens, en particulier, de la sérénité qu’il garda ensuite, après les difficiles moments qu’il connut alors.
Il m’est plus difficile, par contre, de répondre sur les « vertus religieuses » caractérisant mieux la personnalité et l’œuvre du Cardinal Biayenda, du fait que je ne l’ai pas connu comme pasteur de l’Archidiocèse de Brazzaville. Comme « Séminariste », j’insisterai volontiers sur son humilité à laquelle j’ai déjà fait allusion plus haut et qui était, je crois, le fondement même de sa personnalité religieuse. Je mentionnerai, également, son zèle apostolique, dès son temps de séminaire. Avec le « Directeur » de l’époque, le Père Joseph Hirtz, il participa, très activement, au lancement, dans les quartiers, du Mouvement de la Légion de Marie qui eut une si grande importance dans nombre de paroisses ». Ces paroles d’un ancien formateur d’Émile peuvent servir de conclusion à cette grande et importante étape de la vie du futur Archevêque de Brazzaville.
Le temps du séminaire est la matrice de tout ce que sera le Prêtre, l’Évêque et le Cardinal congolais « Tata BIAYENDA » !
Abbé Albert NIKOUMBOU
Extrait de la biographie Critique du Cardinal Émile Biayenda à paraître
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