mardi 10 septembre 2024
Louis Portella-Mbuyu, Évêque de Kinkala, Président de la Conférence Épiscopale du Congo
Dans l’après-midi du lundi 3 octobre 2006, à 16h4O, Mgr Louis Portella-Mbuyu, malgré la fatigue de la journée, nous a grandement ouvert les portes de sa résidence, pour répondre à nos questions.
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La Mémoire Biayenda : Père Évêque, vous avez, bien sûr, connu le Cardinal Émile Biayenda, pouvez-vous nous décrire les circonstances de votre première rencontre et quels souvenirs gardez-vous de lui ?
Mgr Louis Portella-Mbuyu : La première rencontre date des années 57. Je crois que les Grands Séminaristes de l’époque, dont faisait partie le jeune Émile Biayenda, étaient venus passer quelques jours de vacances à Loango. Là, j’ai encore un vague souvenir, le jeune Émile Biayenda était en dernière année avant. son ordination sacerdotale. Mais, c’est à partir de 1961, lorsque je serai moi même Grand Séminariste, que j’ai eu l’occasion de le connaître. Il était d’abord à Ouenzé, puis à Mouléké, comme Curé de la paroisse Saint Jean Marie Vianney. Voilà, les souvenirs que je garde de ma première rencontre avec Émile Cardinal Biayenda.
La M.B. : Abbé, Évêque puis Cardinal, de ces trois étapes, laquelle vous a le plus marquée ?
Mgr L.P.-MB. : C’est surtout, d’abord, pendant qu’il était Curé que je l’ai particulièrement connu. J’ai beaucoup apprécié ce qu’il manifestait comme qualité sacerdotale. C’était un grand zélé dans clin apostolat, sérieux dan l’exercice de son ministère pastoral, un homme pieux. L’Abbé Émile Biayenda aimait prier. C’est donc ces qualités là que J’ai vraiment remarquées en lui et d’ailleurs faisaient parler autour de lui aussi, qui m’avaient édifié personnellement.
Comme Évêque, il a toujours gardé cette simplicité, cette même humilité et même exerçant de grande responsabilité. Mg Biayenda jusqu’à son élévation comme Archevêque de Brazzaville, à la suite du décès de Mgr Théophile Mbemba, mieux encore lorsqu’il fut créé Cardinal, a toujours été un homme simple, un homme humble, toujours soucieux d’accomplir son ministère pastoral, attentif, à l’écoute des autres. Cela m’a beaucoup édifié.
La M.B. : A la mort de son prédécesseur, Mgr Biayenda, même devenu Cardinal n’a pas voulu occuper le nouveau palais épiscopal, savez-vous pourquoi ?
Mgr L.P.-MB. : Je ne sais pas exactement quelles ont été les motivations profondes de ce choix. A mon humble avis, je pense que c’est surtout son goût de la simplicité, qui l’a emmené justement de garder ou de se maintenir dans la vieille bâtisse laissée par Mgr Augouard. Je crois que c’est surtout cela. Quart à vous dire les raisons ou motivations de son choix pourquoi a-t-il opté de rester là où il a vécu, en tout cas je ne saurais vous le dire.
La M.B. : Émile Cardinal Biayenda est né dans le diocèse que vous incarnez aujourd’hui. Quel a été l’apport de vos chrétiens, en général, et votre apport personnel dans le processus de la Cause de béatification et de canonisation déjà amorcé ?
Mgr L.P.-MB. : D’abord, il faut le reconnaître, le diocèse de Kinkala est encore dans une situation de détresse. Il y a beaucoup à faire dans son ensemble. C’est un diocèse qui a connu beaucoup de destructions et qui, aujourd’hui, est encore en bute à une situation de violence peut être encore larvée qui fait que les gens ne sont pas tout à fait tranquilles. Ce que nous faisons en ce net moment, c’est de tout faire pour retrouver, rechercher par des voies et moyens, la paix, la tranquillité et la stabilité de la région, qui permettront aux gens de vaquer, comme dans le passé, a leurs occupations. Nous ne sommes pas encore parvenus à cela, c’est un processus. Et si bien que nous pouvons reconnaître, depuis que je suis arrivé à la tête du diocèse, rien de particulier n’a été fait dans ce domaine, je peux dire concernant notre engagement dans le processus de la Cause de béatification et de canonisation.
Toutefois, prélude au 30e anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda, au mois d’août 2006, avec mon approbation d’ailleurs et mon encouragement, le Curé du secteur Kindamba, Vindza, Mayama, l’Abbé Adolphe Ounounou, a organisé un pèlerinage, je l’ai beaucoup encouragé et je crois qu’il y a eu une certaine audience. Pour l’année prochaine, année du 30e anniversaire de la célébration de la mort du cardinal Biayenda, nous pensons que quelque chose pourra se faire. Tout ceci, nous aurons un discernement pastoral avec mes collaborateurs prêtres. Ensemble, nous verrons ce qu’il y a lieu de faire.
La M.B. : Père Évêque, que comptez-vous faire de Maléla-Bombé, village du Cardinal Émile Biayenda ?
Mgr L.P.-MB. : Là aussi, en concertation avec mes collaborateurs, nous allons voir. Vraiment, c’est sûr, que ce lieu pourrait devenir un lieu de pèlerinage. Encore faudrait-il réfléchir là-dessus, dans quel cadre faut-il le placer. Maléla-Bombé, j’y suis arrivé et même passé une nuit dans la maison construite par le Cardinal Émile Biayenda. Malheureusement, pour ce village, les voies de communication sont dans tous leurs états, cela n’encourage pas les gens qui viennent de loin de pouvoir accéder facilement à ce village. Peut être faudra-t-il projeter dans l’avenir, un S.O.S. pour cette voie.
La M.B. : Excellence, avez-vous déjà rencontré des gens qui, par l’intercession du bon cardinal Émile Biayenda ont reçu les faveurs de Dieu. Si oui, quel genre de faveurs, est-ce des guérisons physiques ou intérieurs ?
Mgr L.P.-MB. : Disons que pour le moment je n’ai pas, de manière directe, rencontré des gens qui ont reçu des faveurs particulières. Mais, ce que je constate, c’est que beaucoup de personnes ont recours au Cardinal, qui prient et demandent son secours et comme toujours personnellement, on n’a pas le temps ou l’occasion de vérifier exactement la suite de leur intercession ou de leurs prières. Mais, je suis persuadé que le Cardinal Émile Biayenda aura une grande influence spirituelle dans cette Église du Congo. Donc, à nous de développer cette dévotion, cette prière pour que l’intercession du cardinal se manifeste de plus belle, d’une manière encore plus forte dans la vie particulière et dans la vie communautaire ou publique.
La M.B. : En votre qualité de président de la Conférence Épiscopale du Congo, que peut attendre le peuple de Dieu, de leurs Évêques, à l’occasion du 30e anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda ?
Mgr. L.P.-MB. : Là aussi, c’est la même chose, il faut que cela fasse l’objet d’une réflexion, d’un discernement entre Évêques, pour voir exactement ce que nous pouvons faire et quels seront les encouragements que nous pouvons donner au peuple de Dieu. Très sensible à cette perspective, à la prochaine rencontre des Évêques, cette question sera à l’ordre du jour.
La M.B. : Nous confirmons que vous lisez notre journal, alors Père Évêque, quelles sont vos impressions ?
Mgr L.P.-MB. : Mon point de vue, c’est qu’il faut d’abord vous féliciter, parce que vous tenez bon dans des circonstances assez difficiles, du point de vue moyens, pour pouvoir publier et ventiler ce journal. Mais, je vous félicite de cette constance que vous avez manifestée jusqu’à présent. Sept ans d’existence, je ne peux que vous encourager. Je suis sûr aussi, que vous avez besoin d’un coup de pouce, d’une aide pour maintenir votre publication parce que la figure du Cardinal a besoin d’être connue par le peuple de Dieu et par d’autres personnes, en particulier la nouvelle génération née après 1977. Vous savez, de façon régulière, reproduire un passage de son enseignement. Nous en avons besoin, en tout cas, allez de l’avant dans ce sens.
La M.B. : Quel est votre dernier mot Père Évêque ?
Mgr L.P.-MB. : Mon dernier mot ! Nous pensons que comme je viens de le dire, tout à l’heure, le Cardinal Émile Biayenda a une mission dans cette Église, dans ce pays. Et nous pensons à la persévérance que nous manifestons nous-mêmes à demander au Seigneur son intercession.
Le Cardinal Émile Biayenda a été un homme simple, un homme humble, disponible. Il n’y a rien d’extraordinaire dans sa vie, sinon, sa simplicité, sa bonté, sa douceur. Voyez-vous, c’est quelque chose d’extraordinaire, de grand et je croire, c’est cela qui explique l’impact de son rayonnement qu’il a eu dans sa vie. Beaucoup pensent souvent qu’il faut des choses extraordinaires, une foi extraordinaire. Non : L’Évangile nous apprend que, c’est par la voie de l’humilité, la simplicité et la douceur que nous pouvons rayonner. C’est donc pour vous dire, que le Cardinal Émile Biayenda est une voie que nous pouvons suivre.
Notre pays, particulièrement ne sera sauvé et ne retrouvera la paix véritable que dans la mesure où nous, membres de ce pays, habitants de ce Congo, membres du peuple de Dieu, manifesterons beaucoup d’humilité dans notre façon de vivre et notre façon d’être.
Propos recueillis par
Grégoire YENGO DIATSANA
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