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jeudi 26 septembre 2024


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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Pour le Cardinal Emile BIAYENDA, soyons des « Portables » pour communiquer aux autres son message »

Déclare Mgr Jean de la Croix Makaya Loemba, Évêque de Pointe Noire

Pendant notre séjour à Pointe Noire, nous avons été reçus par Mgr Jean de la Croix Malkaya Loemba, mardi 8 août 2006. Profitant de l’occasion qui nous a été offerte, nous lui avons posé quelques questions. Sans difficulté, le Prélat a répondu à nos préoccupations. Voici, en exclusivité l’intégralité de cette interview.

La Mémoire Biayenda : Excellence et Cher Père Évêque, dernièrement, le 6 août, à la Paroisse St Jean Bosco de Tiétié, vous nous avez dit que la première fois que vous avez aperçu le Cardinal Emile Biayenda, c’était au Sacre de Mgr Georges Godefroy Poaty. En dehors de cet événement aviez vous encore eu l’occasion de le rencontrer ?

Mgr Jean de la Croix Makaya Loemba : Effectivement, la première fois que je l’ai aperçu, j’étais enfant de chœur ou servant de messe, lors du Sacre de Mgr Poaty. A notre époque, on ne pouvait pas approcher un homme de Dieu comme cela. Ma joie était de lui emmener l’encensoir pour qu’il puisse mettre de l’encens. Malheureusement pour moi, il m’a été vite arraché par un prêtre cérémoniaire. C’était en 1975.

La deuxième fois, c’était, quand je suis rentré au Grand séminaire Libermann de Brazzaville, en 1976, il devait y avoir les ordinations diaconales des abbés Joseph Yongolo et Ange Mampouya. C’est à ce moment là que j’ai pu encore le voir. Nous étions, à l’époque, les plus petits du Grand Séminaire.

Après cet évènement là, je m’apprêtais à aller le rencontrer, par l’intermédiaire de mon ancien évêque, cela n’a pas marché parce qu’il est mort tout juste avant.

La M.B. : Quels souvenirs gardez vous de lui ?

Mgr J.C.M. L. : Les souvenirs, c’est d’abord, d’un homme... (silence), les souvenirs viennent après. Ce sont des relectures que nous faisons puisque de manière directe, il n’y en a pas. Mais, ce sont des relectures que nous faisons de ce qu’il a vécu et aussi d’accepter comme ça de mourir très jeune. Il avait comme un avenir devant lui. Comprenez qu’il était choisi parmi les évêques pour être Cardinal à 46 ans et ce sont les perspectives qui s’ouvrent ; le travail à Rome, participation dans la vie de l’Église au niveau international. Mais accepter comme cela de partir très tôt montre que son désir n’était pas une puissance terrestre, c’était plutôt une participation à une œuvre divine. Tous ces faits, ce sont des relectures.

Donc, peu importe le lieu, que ce soit un lieu terrestre ou divin. Voilà ce que je retiens comme souvenir de ce don total en sacrifice pour les autres. Au lieu d’aller imiter d’autres modèles qui se trouvent en Europe, dans un autre continent, nous avons des aînés que nous pouvons imiter.

Moi, je fais des recherches, je suis en train de réécrire l’histoire de tous les anciens et je propose aux jeunes prêtres de relire l’histoire de nos anciens prêtres comme modèle. Ils sont plus proches parce qu’ils ont vécu la même histoire que nous, voilà. Cela n’exclut pas ceux des autres continents.

La M.B. : Lors d’une de vos réunions extraordinaires tenue du 14 au 16 février 1996 , les Évêques du Congo avaient unanimement déclaré que le Cardinal Emile Biayenda est un martyr et que le processus de sa cause de béatification pouvait être mené. Quel est votre apport personnel dans cette cause et que pouvons nous attendre comme contribution de votre diocèse ?

Mgr J.C.M.L. : C’est à dire, qu’au début de cette cause, on nous demandait, à nous tous, la première des choses, était de prier. Il fallait prier pour que tous ses éléments (pour le Royaume des cieux là-bas c’est déjà connu), mais pour les gens de la terre, il fallait une fervente prière afin que le processus aboutisse et que les autres pays sachent aussi, autant chez nous, qu’il y a un modèle à suivre.

Au niveau diocésain, dans les groupements, nous avons lancé la prière d’intercession. Pour nous, ce sont des signes, des éléments qu’il fallait recueillir et qui devaient être versés dans le dossier comme témoignage. Moi même, lors des événements tragiques que notre pays a connus, j’ai écrit une prière où je sollicitais son intercession. Encore, lors de mes premières ordinations, j’ai demandé son secours pour mes jeunes prêtres, afin qu’ils comprennent que ce n’est pas la fête, après la messe, qui est importante, mais beaucoup plus le don total qu’ils venaient de faire. Pour cela, je leur avais dit : je vous lâcherai à 15hoo, pour aller chez vos parents et à 18hoo, vous devez me rejoindre et je vous bloque avec moi. J’avais peur qu’ils ne reviennent pas. Curieusement, ils sont revenus, nous avons parlé et mangé ensemble. A 21 heures, je leur ai demandé d’aller dormir dans leur maison au presbytère, bien sûr. Pour une fois, au moins, je n’ai pas entendu les gens dire, qu’un tel a été aperçu par ci par là, la nuit de ces ordinations, bref...

Moi, quand je dis ma messe, je prie devant l’image du Cardinal Biayenda. Ce n’est pas du fétichisme, au contraire, une volonté de lui ressembler davantage pour mon sacerdoce et même le faire agir dans ce que j’accomplis dans mon épiscopat. Chez moi, j’ai les crosses de NNSS Godefroy Poaty, Firmin Singha et le mien, mais sur mon autel, j’ai l’image du Cardinal. Tous ces anciens ont marqué notre Église locale ; je me dis, avec le travail que l’on est en train de faire, dans le contexte actuel, il faut leur soutien et nous en avons besoin.

Donc, ma contribution est celle de le mêler à tout ce que nous entreprenons pour qu’il y ait des signes d’une part à apporter dans le processus de la cause et, d’autre part, pour nous mêmes justement.

La M.B. : Père Évêque, avez vous déjà reçu des gens, en dehors de Charlotte Pemba, qui ont bénéficié des faveurs de Dieu par l’intercession du Bon Cardinal Emile Biayenda ?

Mgr J.C.M.L. : Nous avions à l’époque, il y a ans de cela, demandé aux chrétiens de venir déposer leur témoignage. On y en a reçu pas mal. Mais, il fallait faire un premier tri et le Conseil de Coordination de la Cause qui était sous la direction de l’abbé Albert Nkoumbou avait le dernier mot, car certains témoignages reçus n’étaient pas ce que nous attendions.

La M.B. : Et vous même Père Évêque, avez vous reçu, de sa part, des faveurs ?

Mgr J.C.M.L. : Ça, c’est un secret entre lui et moi.

La M.B. : Lorsque j’entends les points de vue des uns et des autres, j’ai l’impression que Mme Charlotte Pemba est incomprise par certaines personnes, notamment quelques ouvriers apostoliques, alors que toute histoire a un début et mieux encore pour connaître l’origine d’un fleuve, il faut remonter son cours ?

Mgr J.C.M.L. : Écoutez ! L’essentiel n’est pas que l’on soit compris par tous.

Au contraire, s’il y a un conseil que je peux donner à cela, chaque jour, il faut demander un discernement pour que se réalise l’œuvre assignée par le Seigneur. Croyez vous que tout le monde peut comprendre tout le monde et penser de la même façon ? Croyez vous que vous pouvez être compris par tous, non ! Chez les hommes, il y a des moments comme ça que certains peuvent mettre en doute le travail que vous abattez. Mais, pour ce cas, ce sont des négatifs ou des moments de doute qui sont nécessaires. Cela permet de vérifier la qualité du message donné, soit d’être plus endurant et même de savoir justement si cela va porter du fruit.

Moi même, je le ressens aussi dans les problèmes de famille, le moment de doute. Pour répondre à ta question je dirais l’essentiel, c’est de faire la volonté de Dieu : la volonté du Cardinal, sans en abuser.

La M.B. : Il vous arrive de temps à autre de parcourir nos colonnes, peut on avoir vos impressions ?

Mgr J.C.M.L. : Le dernier numéro, je l’ai sur mon bureau. Je vous encourage fortement, allez de l’avant.

La M.B. : Votre dernier mot ?

Mgr J.C.M.L. : Courage mon cher, courage. Il faut que l’on avance et que l’on vous soutienne par notre élan de prière.

Il ne faut pas faire simplement un travail de rédacteur. Il faut faire un travail spirituel. Ne pas seulement se contenter de la chose écrite, mais aussi, prendre un temps de prière, après avoir rédigé son journal.

Voilà.

Propos recueillis par
Grégoire YENGO DIATSANA

 




 
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