Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
Accueil > JOURNAL LA MÉMOIRE > 81 > Les propriétaires fonciers cèdent le terrain à l’Église Catholique

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Les propriétaires fonciers cèdent le terrain à l’Église Catholique

Le jeudi 15 juin 2006, les propriétaires fonciers du terrain de Djiri, où le Cardinal Émile Biayenda avait subi le martyre, le 22 mars 1977, ont remis officiellement ce terrain à l’Église Catholique. C’est l’abbé Germain Makouiza, chargé du patrimoine, qui a représenté Mgr Anatole Milandou, en visite de travail à la Sacrée Congrégation pour les Causes des Saints, à Rome. Le Sous-préfet d’Igné a été représenté par son secrétaire. Parmi le clergé, nous avons noté la présence des Pères Ange Mampouya-Ma-Lwanga, Maurice Milandou et Pascal Taty, Vicaire de la Paroisse Ste Claire de Djiri. La sœur Lucie Baniékona, de la congrégation des sœurs de Cluny, a été déléguée par la sœur Solange Lozi, cadette du Cardinal Émile Biayenda, pour la représenter. Le noyau de soutenance de la Cause de Béatification et de Canonisation du Cardinal Émile Biayenda était aussi présent, ainsi que la communauté chrétienne de Djiri. Du côté des propriétaires fonciers, on a noté la présence des membres des deux familles.

Il était pratiquement 12h15mn, lorsque l’abbé Germain Makouiza, prenant la parole devant l’assistance, au nom de Mgr l’Archevêque, s’est d’abord excusé du retard pris par rapport au programme élaboré avant de présenter les membres de la délégation qui l’accompagnait. Poursuivant son intervention, il a indiqué : « Ce qui va se passer, aujourd’hui, sera bénéfique pour l’Église, puisque cette dernière sera propriétaire de ce terrain. Nous qui sommes venus en ces lieux, c’est nous qui allons représenter l’Église du Congo ».

Le deuxième temps fort s’est passé au bas du grand panneau implanter en ces lieux. Après que le Secrétaire de la Cause eût préparé ce qu’il faut pour le rituel : cola, piments indiens, sel, vin rouge, boîtes d’allumettes, tabac, sac de riz et bien d’autres choses. Les deux membres de famille, précédemment propriétaires du lieu devaient prendre la parole. C’est M. Mampouya Margo, qui a été le premier intervenant. Bouteille de vin de palme en main, une cola dans la bouche, il invoque en langue locale les esprits des ancêtres et leur demande de laisser libre cours à l’Église de réaliser ses projets sur ce terrain, qui, désormais, devient sa propriété. Tout en les invoquant, il renverse, par terre, le vin de palme. Puis, c’est l’autre frère, M. NKOUKA Blaise qui lui succède. Celui-ci abondant dans le même sens, entonne une chanson : « nsi ya me nga yo yo yo, nsi ya menga yo ba nkâ basisa yo » ce qui veut dire : « ce terrain que voici nous avait été légué par nos grands parents », et de poursuivre, toujours en langue locale, « qu’à partir de ce jour, tous les sacrilèges, les sacrifices que les gens viennent faire en ces lieux n’auront aucun effet, si ce n’est l’Église Catholique désormais propriétaire du terrain ».

Beaucoup de gens se sont interrogées sur la nécessité de l’intervention des deux frères. Simplement, parce que le Cardinal Émile BIAYENDA avait été tué sur les limites des deux terrains appartenant à deux familles. Ceci prouve que Biayenda était et restera un rassembleur, un conciliateur, «  Mwana makati ».

Le dernier intervenant a été le représentant du sous-préfet d’Igné qui, au nom de l’administration qu’il représente, a dit : « ce vin que je suis en train de verser à terre traduit à nos ancêtres et aussi à vous les vivants, qui êtes présents à ladite cérémonie que désormais, ce terrain devient, officiellement, propriété privée de l’Église Catholique ».

Enfin, la cérémonie s’était achevée par un modeste repas appelé « salaka ».

Entre-temps, le Père Ange Mampouya-Ma-Lwanga a dirigé le chemin de croix qui a commencé au bas de la montagne pour se terminer à la colline. Il a duré près d’une heure, sous un soleil de plomb.

Pourquoi ce rituel ?

Mettant en exergue les Paroles de Notre Seigneur Jésus-Christ qui avait dit : « Je ne suis pas venu pour abolir, mais pour accomplir », l’Église Catholique, à travers ce rituel, voulait démontrer à quel point elle accorde une place de choix dans le rite sacramentel. Elle a voulu que les deux familles propriétaires de ce terrain remettent, officiellement et unanimement, à l’Église, ce terrain riche de souvenir, où, son Pasteur, le vénéré Cardinal Émile Biayenda avait trouvé la mort, le 22 mars 1977.

Rappelons que le gouvernement de M. Pascal Lissouba, lors du Conseil des Ministres du 24 Mars 1993, en reconnaissance de la grande figure de l’Église qui fut le Cardinal Émile Biayenda, grand patriote qui a sacrifié son innocente vie pour la paix de notre peuple. Comme tout le monde le sait, mérite bien qu’il ait aussi de la part de l’État Congolais, une certaine reconnaissance et de pareils gestes qui rappellent son souvenir. Le gouvernement avait demandé que l’on attribue à l’Église Catholique ce terrain où Émile Cardinal Biayenda avait subi le martyre pour le protéger et organiser des cérémonies religieuses, en attendant la publication des textes officiels.

Malheureusement, voici 13 ans et 4 mois que cette recommandation avait été faite, et les gouvernements de la République qui se sont succédé n’ont pu tenir parole, alors que l’État est une continuité.

Voyant que ce terrain, octroyé à l’Église par l’État était en train d’être vendu par les propriétaires fonciers, l’Église, sur autorisation de Mgr Anatole Milandou, devait recommander que l’on retire du compte de la Cause, une certaine somme pour acheter ce terrain très chargé de symbole et signification auprès des ayants droit.

Voilà pourquoi, il était important d’organiser cette cérémonie pour que les uns et les autres sachent que, désormais, ce terrain devient la propriété de l’Église et que plus personne n’a le droit de vendre et d’occuper une quelconque parcelle sur ce site.

Grégoire YENGO DIATSANA

 


 
 
 
Haut de page