Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
Accueil > JOURNAL LA MÉMOIRE > 81 > « Ne craignons pas de nous remettre en question, c’est-à-dire de reconnaître (...)

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Ne craignons pas de nous remettre en question, c’est-à-dire de reconnaître nos propres torts »

Chers Frères dans le Christ,

La société de consommation envahit nos vies. Nous sommes cependant héritiers de coutumes très belles, malheureusement souvent déformées. Vivant dans l’État congolais, examinons notre vie dans notre manière de penser et d’agir, au regard de notre mentalité propre et de nos habitudes religieuses. Entreprenons ce travail, courageusement, à la Lumière de l’Évangile et en suivant les enseignements du Concile Vatican II. L’heure est à l’interpellation personnelle. Cherchons à savoir ce que le Seigneur attend de nous, aujourd’hui.

Cette œuvre est grande et belle. N’hésitons pas à demander l’aide de Marie, Notre-Dame du Congo. Supplions l’Esprit Saint de nous assister et de nous donner Lumière et Force. Tout cela exigera de nous de grands efforts, c’est certain. Il faut du courage pour modifier certaines habitudes de vie. Ne manquons pas de répondre à cet appel de notre Père Céleste que nous transmet, en ce jour, notre Pasteur Universel, le Pape Paul VI.

Ceci nous obligera à nous regarder les uns les autres. Enfants du même Père, nous verrons mieux ce qui nous unit et nous divise. Reconnaissons les obstacles qui entravent l’unité intérieure de notre Église, l’unité entre les chrétiens, l’unité et l’harmonie entre citoyens de notre nation. Que cette réflexion soit faite, d’abord, sur notre propre vie. Développons-là, ensuite, en commun avec nos frères. Ne craignons pas de nous remettre en question, c’est-à-dire de reconnaître nos propres torts. Les divisions qui nous éloignent ou nous opposent à nos frères se révéleront à nous. Ne serait-ce pas à cause de notre manque de largeur de vue, à cause de notre manque de foi ? Ne nous manque-t-il pas, surtout, un vrai désir de vivre selon l’Esprit du Christ ? A nous de répondre.

Portons également un regard lucide sur la Société chrétienne et congolaise ... telle qu’elle se vit présentement. Nous serons probablement amenés à changer une bonne part de notre comportement humain et religieux. C’est une exigence de fidélité à notre foi personnelle ... Ensuite, seulement, entreprenons le dialogue avec ceux qui ne partagent pas notre conception du monde et de la Société. Soyons, d’abord, les Témoins d’une foi vécue.

La réconciliation et la paix commencent toujours par une conversion profonde de chacun. Cela se traduira par un changement d’esprit, dans nos familles chrétiennes, dans nos œuvres, dans nos paroisses. Si nous désirons un dialogue sincère entre les croyants et avec tous les hommes de bonne volonté, il nous faut accepter et cette conversion personnelle et ce « esprit nouveau » qui transformeront nos Communautés. Par delà les races, les mentalités, les religions, les fortunes, et les idées qui pourraient nous écarter les uns des autres, nous pourrons, alors, « rencontrer » les autres au plan de la Fraternité humaine.

Nous vous engageons, chers frères, à vous mettre, tout de suite, à l’œuvre pour ce travail de longue haleine. N’oubliez pas de le préciser par une réflexion sur les faits ; de le sanctifier par la prière ; l’Évangile et les Documents du Concile seront vos guides. Ainsi se réalisera, dans la réconciliation, ce monde fraternel tant désiré.

C’est une tâche exaltante, à laquelle je vous convie, aujourd’hui. Elle est proposée à tous et à toutes sans exception. Aussi vous demandons-nous, chers frères : prêtres, religieux, religieuses, responsables des mouvements, vous les jeunes et vous tous, Fils et Filles de la grande famille chrétienne : unissez-vous à notre plan d’action. Ce renouveau des esprits et des cœurs que nous vous proposons, trouvera son aboutissement au cours de nombreux pèlerinages qui seront autant de manifestations solennelles de notre Foi. En réponse à tous nos efforts, pour nous réconcilier à Dieu, notre Père, et à nos frères, les hommes, nous bénéficions, ensemble, de l’indulgence Plénière accordée à l’occasion de l’Année jubilaire.(...)

Dès aujourd’hui, retrouvons-nous, nombreux, très nombreux, pour écouter, lire, méditer les recommandations de notre Lettre pastorale. Différents documents vous seront envoyés, par la suite, pour guider nos réflexions. Dans l’esprit d’adhésion personnelle et de participation active à cet effort de renouveau, nous verserons, chacun, la somme minime de 5 francs. Le produit de la quête organisée au début de ce mois, à cette intention, nous sera remis pour subvenir aux frais d’organisation de cette grande opération « Année Sainte ».

En Janvier et février, vous serez appelés à participer à toute une série de manifestations de Foi.

Dans les paroisses, dans les Mouvements, dans les Maisons religieuses, chacun trouvera la place et le rôle le plus approprié pour en assurer les réussites. Nous prierons tous ensemble dans nos grandes Assemblées. Nous réfléchirons aussi par petits groupes. Tous et toutes, nous nous réconcilierons avec Dieu et avec nos frères.

Nous espérons, à cette occasion, dialoguer avec nos frères des diverses Églises. A la prière commune, nous joindrons des journées d’études et de formation. Ainsi, nous pourrons approfondir, ensemble, le thème de la réconciliation qui nous est également chère.

Pâques sera - dans la lumière de la résurrection - notre fête de réconciliation.

Les semaines s’étendant, du premier Dimanche après Pâques au dernier dimanche de juin, seront réservées aux grands pèlerinages avec l’Indulgence du jubilé qui y est attachée.

Nous espérons que notre lettre paternelle vous a apporté la joie et le désir de vivre, avec nous, ce grand événement qu’est l’Année Sainte. Nous souhaitons que chacun de vous approfondisse vraiment la prière personnelle ; que chacun recherche ce qui nous sépare de Dieu et cause les divisions entre frères ; que chacun réajuste sa vie dans une conversion sincère. Ainsi, les pèlerinages seront comme le couronnement de nos efforts et l’Indulgence le signe de la Miséricorde divine.

 

Extrait de la lettre pastorale du Cardinal Émile Biayenda,
Archevêque de Brazzaville,
le 6 novembre 1973

 


 
 
 
Haut de page