Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

dimanche 8 septembre 2024


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Émile BIAYENDA, comme un agneau confiant qu’on amène, à l’abattoir

Il importe de noter d’emblée que, bon nombre de chrétiens meurent persécutés, à cause de leur foi au Christ. Dans l’Église des premiers siècles, « ce fut le nom même de chrétien en latin : nomen christianum qui fut cause de persécution ». Les persécutions émanent des relations conflictuelles entre les chrétiens et leur entourage. Souvent, les chrétiens sont rendue responsables de toutes les catastrophes naturelles qui surviennent. Leur mode de vie inquiète et dérange. C’est pourquoi, ils sont traqués, persécutés et martyrisés, suivant le contexte géopolitique de la vie de leur Église. C’est ainsi que se comprend l’assassinat du Son Cardinal Émile Biayenda.

L’assassinat du président Marien Ngouabi, jamais élucidé jusqu’à ce jour, fut le début d’une terrible semaine sanglante à Brazzaville. C’est dans ce contexte de violence politique que le Cardinal Émile Biayenda fut enlevé à son domicile et assassiné. Que se passa-t-il ?

Le Cardinal Biayenda a été rendu responsable, en dernière instance, de la mort du président Marien Ngouabi, tout simplement parce qu’il avait rendu visite au Président, peu avant la mort de ce dernier. Il paraît qu’en mettant les pieds à la résidence présidentielle, le Cardinal, Archevêque aurait, semble-t-il, annihilé les puissances protectrices qui assuraient au Président Ngouabi la pérennité de son pouvoir et donc de sa vie. Par voie de conséquence, il fallait, à tout prix, abattre le Cardinal, signer l’arrêt de sa mort coûte que coûte.

Informé de ce que ses ennemis voulaient avoir sa tête, le Cardinal Biayenda refusa les propositions de la délégation du Conseil paroissial, venue droit de Moungali et de nombreuses personnes de quitter le diocèse pour sauver sa peau. Il fit preuve de courage face à la mort qui le guettait, en témoignent ses propos : « Être absent de Brazzaville serait une horrible catastrophe pour l’Église du Congo. J’y suis et j’y reste. Je préfère donner ma vie comme le Christ, pour sauver mon clergé et mon Église, que d’aller me cacher je ne sais où. Il faut un ou plusieurs sacrifiés pour la paix de la nation. Prions beaucoup Marie, Mère de miséricorde, pour obtenir la paix et l’unité nationale, notre pays lui a été confié ».

Le Bon Cardinal Biayenda fit donc, l’expérience de la mort, le 22 mars 1977. Il est mort assassiné froidement par des bourreaux commandités. « Ils se sont attaqués à la vie du juste, chantera le psalmiste, ils ont déclaré coupable une victime innocente ». (Ps 94(93), 21).

Comme un agneau confiant qu’on mène à l’abattoir (Jr 11,19), le Cardinal Biayenda avait suivi, docilement, ses bourreaux pour vivre le martyre.

Ainsi donc, la prière de l’Église à l’intention du Cardinal est que le Seigneur lui accorde l’éternité bienheureuse, du fait de son sang répandu à cause de la foi en Dieu. C’est pourquoi, d’ailleurs, la cause de béatification et de canonisation du Bon Cardinal a été introduite à Rome. Quelle attitude courageuse face à la mort !

Abbé Séraphin Koualou-Kimbangou
Vicaire de la Paroisse St Michel
de Goma Tsé-Tsé

 


29 ans d’espérances dans l’attente

« A tous nos frères croyants, du Nord, du Centre et du Sud, nous demandons beaucoup de calme, de fraternité et de confiance en Dieu, Père de toutes races et de toutes tribus, afin qu’aucun geste déraisonnable ne puisse compromettre un climat de paix que nous souhaitons tous », telle est la dernière adresse du Cardinal Émile Biayenda, faite à la nation Congolaise, à la suite d’une concertation œcuménique quelques heures seulement avant sa mort tragique.

Vingt neuf ans (29), après cette adresse, qui demeure encor gravée dans les cœurs de plusieurs Congolaises et Congolais, que pouvons-nous, dire en dépit du temps écoulé, et des événements de la vie qui, hélas, rendent souvent courte la mémoire des hommes.

22 mars 1977 - 22 mars 2006

Cela fait 29 ans que notre Père Évêque le Cardinal Émile Biayenda était assassiné.

  • 29 ans de blessure intérieure non pansée, pour ceux-là :
  • 29 ans de pleurs, aux larmes intarissables, pour d’autres ;
  • 29 ans d’espérance, dans l’attente de l’avènement d’un monde de paix et de fraternité pour les chrétiens et les hommes de bonne volonté.

Esprits enténébrés par le caractère macabre de l’événement ! Cœurs endoloris par une terrible soif à jamais étanchée, dans la recherche de la vérité.

Quel sens allons-nous donner à la célébration de ce 29e anniversaire ? Blasé par tous ces subterfuges subtilement élaborés pour des fins inavouées, avec l’Ecclésiaste, j’ai réagi « vanitas vanitatum, et omnis vanitas », « vanité des vanités, tout est vanité ». Et je me suis alors tourné vers la parole de Dieu, la parole de vérité, la parole éternelle, je vous renvoie à l’évangile de St Jean 11, 45-57. Seule la parole de Dieu peut nous aider à comprendre la mort du Bon Cardinal. Seul le mystère de la Croix peut donner du sens au sacrifice du 22 mars 1977.

Offensé dans les milieux des pharisiens ? Jésus continuait à interpeller, inquiéter, et à menacer les intérêts de l’une des classes sociales dominantes de la Palestine. Nous sommes à la fin du chapitre 11, qui s’ouvre par l’épisode de la résurrection de Lazare. C’en est trop ! Le Sanhédrin rassemblé en conseil, décide la mort de Jésus.

Qu’a-t-il fait ? Cet homme fait beaucoup de signes. Si nous le laissons ainsi, tous croiront en lui (versets 47-48)... De là, il y eût ces mots innocemment prononcés par Caïphe, le grand prêtre cette année : « Vous n’y comprenez rien. Vous ne songez même pas qu’il est de notre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation ne périsse pas tout entière » Jn 11,49-50.

Négative aux yeux des hommes, la mort du Christ était féconde, telle la mort du grain de blé jeté en terre. Imposée en apparence, comme un châtiment du péché, elle était, en réalité, un sacrifice expiatoire, réalisant à la lettre, mais en un autre sens, cette fameuse prophétie involontaire de Caïphe : le Christ est mort pour le peuple et non seulement pour son peuple, mais pour tous les hommes. Il est mort pour nous, alors que nous étions pécheurs, nous donnant ainsi la marque suprême d’amour.

Crucifié pour le salut du genre humain, à la lumière de la parole de Dieu, je vous invite à fixer la croix de notre Seigneur Jésus, pour comprendre la mort de son serviteur Émile Biayenda qui a vécu toute son existence, en union avec le Christ dans l’obéissance à son Maître, par ses supérieurs.

Au petit séminaire déjà, le jeune Biayenda s’exerçait à cette mort tous les jours, qui aiguisait, au fil des temps, cet esprit d’obéissance, dans une humilité peu commune aux jeunes de son temps. Incapable d’être solidaire dans le mal, c’est Biayenda qui accepta de monter dans le véhicule, après une longue promenade, où le mauvais esprit avait gagné le groupe, qui avait fini par décider de ne pas mettre pied dans la Land-Rover du Séminaire.

Abbé Anselme BADIABO

 




 
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