dimanche 15 septembre 2024
Cette même semaine, le Cardinal Biayenda passe en direction spirituelle individuelle les juvénistes des Religieuses Congolaises du Rosaire. Les novices des Frères de St Joseph ont, avec lui, une messe, un entretien et un repas, le 16 mars 1977.
Monseigneur Godefroy Émile Mpwaty, Évêque de Pointe-Noire, est à Brazzaville. Il va aller administrer les ordres mineurs du Lectorat et de l’Acolytat à quelques grands séminaristes de Libermann qui terminent, cette année, leur cycle de philosophie et vont aller en stage, en juillet.
Il est l’hôte de l’Archevêque de Brazzaville, le Cardinal Émile Biayenda, qui le reçoit à l’apéritif et au repas de midi, le 17 mars. La journée ressemble à bien d’autres, ici à la résidence épiscopale, où les Pères Dionne et Larouche, prêtres du Très Saint-Sacrement, viennent informer l’Archevêque des difficultés qu’ils ont avec quelques uns de leurs catéchistes à la paroisse St Pierre-Claver de Bacongo. L’Ordinaire de Brazzaville écoute et donne des orientations pastorales apaisantes et constructives.
Un commerçant, originaire de Vindza, M. Pascal Binakounou, vient également faire bénir son deuxième camion Mercédès de transport. Tata Mfumu-Nganga (père Évêque) lui accorde sa bénédiction, ses encouragements et ses conseils sur la conscience professionnelle et le respect des clients.
Le soir tombe sur les deux clochers de la Cathédrale du Sacré-Cœur, et le cimetière missionnaire à son côté Ouest.
Du côté Est du vieil édifice, bâti depuis 1892, le Cardinal Émile Biayenda, assis au balcon de la vieille résidence épiscopale, scrute les mystères de ce monde en proie à tant de dérives. Il récite son chapelet, méditant les étapes de la vie du Christ dites Mystères du Rosaire.
C’est jeudi, il prend les Mystères joyeux, ceux qui précèdent les douloureux. C’est lui qui a dit un jour : « Quand nous récitons le chapelet, nous nous rappelons successivement les trois grandes phases de la vie de notre Seigneur et de sa Mère. Le Mystère joyeux, le Mystère Douloureux, le Mystère Glorieux. C’est aussi la réalité de notre propre vie. La vie chrétienne semée de joie et de douleurs, avant d’être glorieuse, un jour, dans le Ciel.
C’est la prière la plus complète, le chant, le cri de l’âme le plus agréable à la Vierge et son fils. C’est aussi la prière la plus répandue et la plus à la portée de tous les baptisés : malades, affligés, joyeux…C’est le bréviaire de tous ceux qui aiment la Sainte Vierge Marie… ».
Après cette prière mariale, il se rend dans la salle à manger de la nouvelle résidence épiscopale où le Vicaire Général l’attend, avec d’autres collaborateurs. Le partage du repas et des dernières nouvelles de la journée terminé, chacun rentre chez lui pour le repos, comme le Seigneur Jésus sait l’accorder à ses disciples : « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. C’en est fait. L’heure est venue : voici que le Fils de l’homme va être livré aux mains des pécheurs » (Mc 14,41).
Nous n’allons pas faire appel à des faux-témoins, comme les membres du Sanhédrin, devant Pontius Pilatus, cherchant à condamner Jésus de Nazareth. Ceux et celles qui ont vécu ces événements, au plus profond de leur cœur, et au plus vif de leur chair, peuvent témoigner ; ceux à qui il appartient d’en juger, d’en douter ou d’en recueillir l’eau et le sang des corps crucifiés le feront.
Après tout, tous, nous verrons ceux que nous avons transpercés : « Celui qui a vu a rendu témoignage, et son témoignage est conforme à la vérité, et d’ailleurs celui-là sait qu’il dit ce qui est vrai, afin que vous croyiez » (Jn 19,35-36).
Un soleil radieux se lève sur Brazzaville, rasant de ses rayons dorés les palmiers de l’île Mbamou, au Nord-est de Brazzaville. Le fleuve Congo se fait orgueilleux ici au Stanley-Pool, il grossit, s’enfle, se pavane, attend qu’on l’admire à loisir, et quelques compliments récoltés, il continue de rouler laborieusement ses lourdes eaux vers les cataractes. Le Congo se jette alors dans une étreinte amoureuse et combien dangereuse avec ces blocs de pierre. Chacun se livre au don total de l’affirmation, l’affrontement est mortel, les eaux se pulvérisent, le fleuve écume, les pierres entonnent des suppliques incandescentes, les génies cessent d’applaudir et s’éloignent, repus de l’audacieuse candeur de ses fous insatiables amants. Dieu seul, par messagère-fatigue, sait les renvoyer chacun vers ses rêves, le fleuve courant toujours vers l’Océan Atlantique, les rochers des Cataractes attendant la fin d’une histoire congolaise encore violente et sanglante. Funeste pari : les uns disent, tant que le fleuve coule, le sang inondera ce pays ; d’autres répondent, tant que le fleuve triomphe des Cataractes, la liberté de vivre dans ce pays est garantie pour tous ses filles et fils.
Le Cardinal Biayenda a célébré l’Eucharistie dans son oratoire, au rez-de-chaussée du nouveau bâtiment. Mgr Godefroy Émile Mpwaty a concélébré à ses côtés. La journée a commencé selon les appels quotidiens de son ministère. Il s’est rendu à Ngangouoni (Château-d’eau), pour se rendre compte de l’avancement des travaux de la future maison des Religieuses Congolaises du Rosaire. Le Docteur Abel Durand Missontsa le croise là et lui adresse quelques mots de sympathie.
Mgr Pwaty est au Grand Séminaire Libermann où il préside l’Eucharistie au cours de laquelle les grands séminaristes : Joachim Babingui, Albert Nkoumbou, Olivier Massamba, Pierre Akabadziami, et d’autres, en fin de cycle de philosophie, reçoivent les ordres mineurs du Lectorat et de l’Acolytat. Durant l’homélie, il prêche avec sa verve habituelle sur « … Le monde est devenu un rendez-vous du désordre, mes enfants ! Les chrétiens, les prêtres, vous les futurs pasteurs que ce monde attend, nous tous, devons prendre conscience que nous avons le devoir de ramener le monde à la raison, par la force de la prière et de l’Évangile vécues dans nos cultures respectives, pour les transformer. Du pain et du vin, le Christ nous a laissé son corps et son sang. Vous êtes les plus beaux des enfants des hommes, un prêtre est le plus beau des enfants des hommes… ».
Personne n’imagine, lui-même non plus, que deux heures après c’est tout le pays qui sera au rendez-vous du désordre !
On sait seulement que demain, 19 mars 1975, jour pour jour, ce sera le premier anniversaire de l’accident du Président de la République en hélicoptère, non loin de Makoua. Comme la Télévision Congolaise est en panne depuis deux mois, la radio nationale, la « Voix de la Révolution » va se tailler la part du lion.
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