mardi 17 septembre 2024
Abbé Jean Michel TCHITEMBO
Dans le cadre de la célébration de l’anniversaire de leur maison de formation, les Séminaristes des deux Grands Séminaires (Théologat Cardinal Émile Biayenda et Philosophât Georges Firmin Singha), ont effectué un pèlerinage à la montagne de Djiri où le Cardinal Biayenda a subi le martyr, puis visité l’appartement où il vécut. A la fin de la visite, nous nous sommes entretenus avec l’Abbé Jean Michel Tchitembo, responsable de la spiritualité au Séminaire.
La Mémoire Biayenda : Monsieur l’Abbé, vous venez d’effectuer un pèlerinage au Mont Cardinal à Djiri et visiter, pour la première fois, l’appartement où vivait notre Vénéré Pasteur le Cardinal Émile Biayenda, quelles impressions faites-vous ?
Abbé Jean Michel TCHITEMBO : J’aimerais avant tout bénir le Seigneur pour ce jour, car j’ai passé quatre ans (1993-1997) au Centre Interdiocésain des Œuvres (C.I.O.) où j’ai été responsable du département audiovisuel sans bénéficier d’un temps favorable de visite de l’appartement du Cardinal. Aussi, je reconnais avoir suivi le moment où les évêques s’étaient rassemblés lorsque maman Charlotte Pemba, avait eu le message du Cardinal. Je n’ai pas manqué de rendre grâce à Dieu. C’est vraiment de loin comme prêtre que j’ai accueilli cet événement dans la foi et la prière. En septembre 1997, je suis reparti aux études en France où je viens de passer neuf ans (1997-2006).
Aujourd’hui, je me demande qu’est-ce qui a fait que je sois au Grand Séminaire Cardinal Émile Biayenda, au lieu d’être au département de l’audiovisuel par rapport à ma formation en communication.
Qu’à cela ne tienne, je dois l’avouer que depuis la France, j’ai une dévotion pour le Cardinal. Je voudrais bien le confesser et le dire à haute voix que tous les jours, je prononce cette parole : « Seigneur, je te prie pour la béatification et ta canonisation du Cardinal Émile Biayenda ». Prière personnelle fervente tous les jours et tous les matins. Pour moi, c’est fantastique et je voulais bien le confesser auprès des autres confrères formateurs et professeurs des deux Grands Séminaristes.
Vous le savez sur toute l’étendue du Congo, tous les mardis matin, nous prions pour la Cause du Cardinal. Cela est régulier au séminaire.
Un mardi matin, 22 janvier 2008, je présidais la messe, j’ai passé plus de douze minutes de prédication insistant sous les vertus du Cardinal. Alors, j’ai dépassé le temps qui nous est imparti pour l’office du matin. Beaucoup de mes confrères et même les Séminaristes n’ont pas apprécié cette façon de faire perturbant le reste de temps par rapport au règlement de la maison.
Lorsque, je reviens dans ma chambre, je me suis fait violence avec cette prière : « Bon Cardinal Émile Biayenda, j’ai trop mis de temps à la messe et la maison est en émoi, le petit déjeuner est pris en retard, les collègues m’ont fait la remarque, mais fait quelque chose pour que le Séminaire, qui porte ton nom, quelques sacrifices soient manifestes ».
Voilà qu’au cours d’un Conseil du 11 février 2008, c’est le Recteur du théologat, l’Abbé Mesmin Prosper Massengo qui prend la parole annonçant l’ordre du jour, il dit : « Je propose pour la fête patronale, un pèlerinage aux Séminaristes à la montagne de Djiri », (communément appelé montagne du Cardinal).
« Écoutez, l’Abbé Lambert Kionga a prêché un mardi, en rappelant l’importance de la montagne pour le Christ. Aussi, a-t-il fait allusion à la montagne du Cardinal invitant les Séminaristes à communier à la passion du Cardinal en voulant bien s’y rendre souvent ».
Poursuivant son discours, il souligne : « j’ai été sollicité par le doyen des Séminaristes du théologat, à ce que pour la fête du 15 mars, fête du théologat que tous les Séminaristes fassent un pèlerinage afin d’honorer leur patron, le Cardinal Émile Biayenda ».
J’écoutais avec stupéfaction et émerveillement. Dire que, et je le confesse, l’Abbé Lambert a été parmi les confrères qui m’ont directement interpellé pour avoir trop allongé la messe du mardi 22 janvier 2008, en redisant les choses déjà connues sur le Cardinal comme si je voulais convertir le Séminaire.
Assis dans le silence, je me suis dit : « C’est le Cardinal qui a parlé dans le cœur de l’Abbé Lambert Kionga ». La proposition du doyen des Séminaristes Bouanga Carly était : « pourquoi ne pas nous rendre à la montagne comme l’a dit le prêtre dans son homélie ». C’est donc ainsi que l’idée est née d’aller en groupe en pèlerinage en l’honneur du Cardinal depuis la débaptisassions de ce séminaire qui s’appelait avant « Grand Séminaire Libermann ».
Personnellement, c’est la première fois que je m’y rends. C’est une grâce pour moi et tous les Séminaristes. Autrement dit, les deux Séminaires du théologat et philosophat. Une fois de plus, je bénis le Seigneur d’avoir fait le pèlerinage et visité cette maison.
La M.B. : Lorsque le Cardinal était assassiné où étiez-vous à cette époque ?
A.J.M.T. : A cette époque année scolaire (1976-1977), j’étais après le Moyen Séminaire Saint Jean à Brazzaville au Moyen Séminaire saint Paul de Nylon à Douala au Cameroun, en classe de Terminale A4.
Dans ce pays, j’y suis resté pendant sept ans, pour des études aux Grands Séminaire de Bambi (Bamenda) pour la philosophie et N’Kolason pour la théologie.
Durant tout mon temps au Cameroun, je n’ai jamais pensé au Cardinal, sinon regretté qu’il ait été assassiné de la sorte. Je n’avais aucune relation au préalable avec lui, ainsi je l’avais aperçu à la paroisse Saint François à Pointe-Noire lors d’une célébration eucharistique. Prêtre depuis le 14 juillet 1985, là aussi, je n’ai eu aucune dévotion pour le Cardinal.
Ce n’est que pendant mon séjour à Brazzaville (1993-1997) et après le message suivi de loin de Maman Charlotte Pemba, que commence en moi cette dévotion au bon Cardinal Émile Biayenda
Je peux témoigner de tout cœur que c’est merveilleux ce que je suis en train de vivre actuellement comme don de grâces avec mes prières au quotidien (surtout les mercredi et vendredi) et mes nombreuses visites devant sa tombe, je suis conscient qu’avec la bonté de Dieu pour son peuple au Congo, et par la vie dont a témoigné Le Cardinal, nombreux sont les signes de reconnaissance de sa Sainteté. Enfin, seul le Seigneur le sait. Et le jour où nous avons décidé d’organiser ce pèlerinage, coïncide aussi avec le 5e dimanche du Carême, qui nous parle de la résurrection de Lazare. Il y a lieu de faire du parallélisme avec la vie du Cardinal.
Lazare qui préfigure déjà la résurrection du Christ et cela coïncide avec cette visite. Si je me permets de me poser cette question : « Qu’est-ce que cette visite peut bien signifier pour le Séminaire Cardinal Émile Biayenda, car depuis plusieurs années que l’on fête cet anniversaire mais c’est seulement, cette année que nous y pensons". Cela doit nous faire réfléchir.
Je vous apporte un autre témoignage. Lorsque nous sommes arrivés, c’est Maman Charlotte Pemba qui s’est manifestée à nous parler un tout petit peu. Elle nous a informé de la découvert du document écrit des mains du vénéré pasteur en 1967, intitulé : « Un anniversaire », où le jeune abbé Émile Biayenda à l’époque parle des ses 44 jours de prison de 1965. C’est effectivement, ce texte que j’avais choisi par hasard la nuit à la veille de notre pèlerinage. Le matin au réveil, je relie le texte et j’ai eu l’idée de le changer.
C’est comme une voix qui me parle et me dit : « Ce que tu as choisis la nuit, on ne le change pas au matin ». C’est à partir de cela que je l’ai gardé.
Ce texte a été lu à la montagne par le doyen des séminaristes. Et lorsque j’ai suivi l’exposé de la dame, je me dis Seigneur, mais quelle coïncidence ! Comme je viens de vous le dire, pour moi, se sont des signes.
Je bénis une fois de plus le Seigneur de ce cadeau qu’il me fait et qu’il fait à tout le Séminaire.
La M.B. : Monsieur l’Abbé, en vous entendre parler, pour vous, qui était le Cardinal Émile Biayenda ?
A.J.M.T. : Pour moi, le Cardinal Émile Biayenda est un saint homme. Je l’ai vu, j’étais jeune. A cette époque, j’étais encore à Pointe-Noire. Il était venu, je crois dès les premières années de sa création comme Cardinal. Ce jour-là, je me souviens, il avait dit la messe à Saint François à Tié-tié.
J’étais-là, j’avais écouté cette voix douce et on sentait la voix d’un pasteur. Et pourtant en le voyant, d’un moment, il est là, mais de l’autre comme s’il n’est pas là, parce qu’il avait une voix qui ne vous refoulait, mais plutôt une voix, qui vous appelle.
L’on était toujours à écouter ce qu’il avait à nous dire. Donc pour moi Biayenda, c’est un saint homme. Je n’ai pas envie de tout dire, parce que, je ne voudrais pas le béatifier, le sanctifier avant que les choses ne soient faites d’une façon canonique.
Le reste m’appartient parce que j’ai une relation un peu particulière avec lui. Je le confesserais un jour.
La M.B. : Peut-on savoir le but de ce pèlerinage que vous venez d’effectuer à la montagne et cette visite à la Cathédrale ?
A.J.M.T. : Le but de ce pèlerinage coïncide avec l’anniversaire de notre maison de formation, le Grand Séminaire Émile Biayenda qui se fait à la date du 22 mars. Comme cette année tombe pendant la semaine sainte, nous avons choisi la date du 15 mars, pour commémorer cet anniversaire. Et en avant coureur, nous avons choisi la date du 9 mars pour le pèlerinage et la visite de la maison du Cardinal.
Propos recueillis par
Grégoire YENGO DIATSANA
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