Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Mgr Anatole Milandou appelle à la vigilance et à l’engagement des chrétiens

Messe des Vœux du lundi 31 décembre 2012, à 10 heures

Mgr Anatole Milandou

Frères et Sœurs en Christ, grâce et paix de la part de Dieu le Père et du Christ Jésus notre Seigneur.

Lorsque sonne une nouvelle année à la pendule de l’histoire, nous sommes souvent tentés de croire comme les anciens romains qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Nous avons aussi la nette impression, puisque nous refaisons pratiquement les mêmes gestes, employons les mêmes formules pour entourer cet événement des mêmes démarches protocolaires, que rien ne change à la fin. Tout semble être inexorablement dicté par la routine.

Comme tous les ans, au seuil de la nouvelle année, je préside cette messe dite des vœux adressés à l’archevêque pour souhaiter une bonne et heureuse année à tous les fidèles chrétiens du diocèse, à commencer par les ouvriers apostoliques, les différents responsables des mouvements d’apostolat et des commissions. Avec vous, l’archevêque que je suis, va prier et implorer des bénédictions de la part du Seigneur pour obtenir des grâces pour l’Année Nouvelle.

Alors que l’année civile va s’évanouir dans quelques heures, le Prologue de St Jean nous enseigne qu’en Celui qui vient de naître nous est donné notre vrai commencement, notre espérance. C’est cette espérance que Dieu nous a apportée à Noël dans l’incarnation de son Fils, Parole vivante désormais enracinée dans le cœur, dans la vie des hommes de bonne volonté.

Noël, fête de la lumière. En effet, le messie vient naître dans la nuit, symbole des ténèbres, de l’obscurité, du péché et du mal. Dieu fait irruption dans la nuit, au cœur du mal pour dissiper, déchirer et balayer les ténèbres de notre vie, de notre cœur. Avec la naissance de l’enfant Jésus, le monde reçoit donc sa pleine lumière et passe des ténèbres à l’admirable lumière du Christ. A Noël, nos vies sont invitées, à l’instar du Christ, à être des lumières qui éclairent les autres et qui chassent de notre vie tout ce qui s’oppose à Dieu. Oui, nous avons besoin de cette lumière !

Noël, fête de l’humilité et de la simplicité. Dieu, le souverain, l’omniscient et l’omnipotent vient naitre dans un enfant innocent dont la vie dépend encore de la bonne volonté des autres ; plus encore, il vient naitre dans une maison de bêtes. A Noël, Dieu se fait humble, fragile et simple dans l’enfant Jésus pour nous inviter à être des hommes et des femmes humbles et simples. Dieu ne se présente pas dans le tintamarre, dans l’orgueil mais dans les gestes les plus simples, dans les âmes humbles, c’est à dire disposées à recevoir Dieu. Nous sommes donc invités en cette fête de Noël à déconstruire toutes les montagnes d’orgueil qui empêchent notre cœur d’être des crèches vivantes où Dieu veut s’établir pour nous guider vers la vie éternelle.

Noël, préfiguration de l’Eucharistie. Les circonstances qui entourent la naissance du Messie sont connues. Il est né et placé dans une mangeoire. Dès sa naissance, le fils de Dieu se donne comme nourriture, comme breuvage. Et plu tard, il donnera sa chair à manger et son sang à boire. Il se présentera comme le pain vivant qui est descendu du ciel. Oui, à Noël Dieu se montre déjà comme sacrifice suprême, comme nourriture, bref comme Eucharistie.

Noël, fête de l’amour. Déchue par la désobéissance de nos ancêtres, l’humanité est rétablie à Noël où elle se laisse racheter par Dieu à travers son fils, l’unique de son sein, qu’il nous envoie pour marquer à jamais l’amour triomphal et sans limite de Dieu. Par l’incarnation, l’humanité retrouve sa splendeur première et multiplie ses chances de vivre avec Dieu et pour Dieu.

Noël n’est donc pas, comme beaucoup d’idéologies le soutiennent, le simple souvenir d’un événement lointain. Ou encore, comme le stipule la définition de l’histoire, " le récit des événements d’un lointain passé en dehors de nos frontières. Il est plutôt une actualisation de l’amour de Dieu sur l’humanité pécheresse, l’aujourd’hui de notre salut en Jésus-Christ. Ainsi donc, au-delà des épithètes qu’on y rattache, de toutes les folies inimaginables accrochées à cette fête, Noël demeure la réalisation du projet de Dieu sur l’humanité, la consécration du salut dans un enfant ; l’Enfant-Dieu, Jésus-Christ, Fils de Joseph et de Marie.

C’est en ce Verbe fait chair et venu au secours de l’humanité en perte de vitesse que nous sommes rétablis dans la relation avec le Père. C’est en ce même Verbe que nous sommes finalement réinsérés dans le plan de Dieu pour prétendre de nouveau à l’affirmation véritable de notre filiation. Le terme adapté à cette situation ne peut être que le rachat. Dieu nous a en effet rachetés après que nous ayons vendu notre âme à Satan pour nous aguicher avec le mal et le péché. A cause du péché, de notre désobéissance, nous nous sommes éloignés de Dieu pour grossir les rangs de ceux qui se moquent de la sainteté et de la pratique du bien.

Le Seigneur vient nous sortir de nos étourderies, de nos dérives, de nos manques d’amour et d’attention à l’endroit des autres. Il vient nous rappeler que notre vie doit impérativement se fonder sur la pureté de notre regard vis-à-vis de Dieu et vis-à-vis des hommes, évitant de s’encombrer inutilement d’étiquettes et de colorations orientées.

Le Seigneur vient nous redire à travers le Jésus de la crèche la fragilité de notre vie, les limites de notre raison pour finalement tout remettre entre ses mains sécurisantes. C’est en Lui seul que nous devons décharger nos soucis quotidiens. C’est vers Lui seul aussi que nous devons faire monter nos supplications en ce dernier jour de l’année 2012 pour que, tout en éclairant notre intelligence, nous soyons en mesure de dresser un bilan, d’improviser un décompte utile de ce que nous avons fait ou que nous n’avons pas pu réaliser, faute de moyens ou par manque de méthode et de rigueur.

Je remercie et j’accueille avec joie les vœux que le Vicaire Général vient de m’adresser au nom de vous tous.

Oui ! 2012 touche à sa fin ; 2013 pointe à l’horizon. C’est le rythme de la vie, le rythme du monde tel que voulu par Dieu Lui-même pour qui " mille ans sont comme hier, une ombre dans la nuit ".

2012 nous laisse le souvenir d’une Année pleine d’amertume, parsemée d’embûches avec tous ces événements tragiques qui ont jalonné le quotidien des Congolais et d’autres citoyens du monde. L’accident de circulation des ouvriers apostoliques le 18 février, la tragédie de Mpila dont les séquelles sont loin de s’effacer, le crash du cargo, les récentes inondations dans notre ville sont autant de souvenirs malheureux qui ont provoqué nos larmes, porté un coup dur à la foi et à notre joie de vivre. Ces évènements ont davantage semé peur et angoisse dans nos cœurs avec l’annonce, soit disant, de la fin du monde fixée au 21 décembre passé.

Mais tout n’a pas été que tragédies et amertume. L’année 21012 a eu son côté positif. N’est-ce pas aussi une année riche en grâces, en merveilles : ordinations des prêtres, vœux perpétuels de certaines religieuses de nos différentes congrégations, jubilé de 30 ans, 50 ans, 60 ans de nos paroisses et surtout les 120 ans de notre Paroisse Cathédrale Sacré-Cœur encore vivant en nos esprits et en nos cœurs et des grâces personnelles reçues du Seigneur.

Au-delà donc de ces évènements douloureux et tragiques de cette année finissante, nous pouvons continuer à espérer une ère nouvelle avec la venue du fils de Dieu, source de joie et de réconfort total. Dieu se donne à lire même dans les plis les plus sombres de notre vie tant il demeure vrai qu’il est avec nous jusqu’à la fin des temps.

En célébrant cette eucharistie aujourd’hui et par celles que vous célébrerez demain dans vos paroisses respectives, nous plaçons cette année sous le regard de Dieu, une année qui du reste, a été décrétée par le pape Benoît XVI année de la foi pour un renouveau effectif de notre foi de l’Église.

Une foi qui devrait se traduire bien sûr dans les œuvres. Pour une pastorale de proximité, nous avons érigé cette année pastorale 2012-2013, deux nouvelles paroisses : la paroisse Notre Dame des Suffrages de Moussosso, et la paroisse Christ Roi d’Invoumba. Il nous faut les construire. Merci aux paroisses qui les aident déjà de manière significative.

Les chantiers déjà lancés et nous devons les poursuivre et les entretenir, avec nos initiatives diverses. Il s’agit, entre autres, de la construction de la Maison de retraite des prêtres dont la pierre a été posée 3 septembre dernier ; de la restauration et de l’agrandissement des chapelles et des églises.

Il nous faut protéger les terrains déjà acquis. Et j’en appelle à la vigilance et à l’engagement des chrétiens qui doivent en faire leur préoccupation. Je pense ici à deux terrains menacés d’occupation anarchique : la Montagne du Cardinal et le terrain situé à Nkombo Matari devant abriter le futur Foyer de Charité.

Je lance ici un vibrant message aux curés et aux vicaires de paroisse pour que vous mobilisiez vos fidèles paroissiens, formiez des équipes solides capables de veiller pour garantir la sécurité de ces biens de l’Église dans votre entourage immédiat. N’attendez pas que l’Évêque vienne lui-même en personne défendre ses terrains. Ces biens sont les biens de l’Église et nous devons les protéger coûte que coûte, avec un zèle ardent et un souci pour la postérité.

Du point de vue de la pastorale, je me réjouis des efforts des uns et des autres dans l’application des recommandations de la Commission pastorale en cette année de la foi. Des journées portes ouvertes sont déjà organisées et bien d’autres activités y afférentes et doivent être continuées. Le symbole de Nicée Constantinople est en voie d’être traduit pour une meilleure compréhension de ses articles et une meilleure adaptation dans la vie de tous les jours. Car, le but visé n’est pas seulement de comprendre le contexte de ce symbole, mais d’en saisir la portée profonde et de s’en inspirer dans la vie de tous les jours dans la pratique des vertus chrétiennes.

Un grand chantier que doivent entreprendre les Curés est celui de la famille. Il doit s’opérer un renouveau familial. Nos familles se détériorent, se disloquent. N’oublions pas que la famille est le patrimoine de l’humanité. Le Pape Benoît XVI dit que dans l’Évangile, « nous ne trouvons pas de discours sur la famille, mais un événement qui vaut davantage que toute parole.[ ...] Dieu a consacré (la famille) comme voie première et ordinaire de sa rencontre avec l’humanité ». On a peur de s’engager dans les liens du mariage religieux ; alors on vit dans le désordre, dans le doute, dans l’incertitude, dans la fausseté.

Quelques anniversaires et pas des moindres, constituent des moments forts pour nous aider à vivre cette année de la foi. Du 09 au 12 janvier 2013, se tiendra dans notre Archidiocèse les festivités pour commémorer la mémoire de Maman Firmine Malekat, à l’occasion des 10 ans de sa mort, une occasion pour nous d’honorer cette maman qui est à l’origine des Fraternités féminines au Congo.

Le 13 janvier nous allons célébrer le 65ème anniversaire de la Paroisse Mama Elombé de Ouenzé, tandis que la date du 70ème anniversaire de la Basilique Ste Anne du Congo au mois de juillet reste à préciser. Nous devons le faire vite et lancer les invitations.

L’Église nous demande de participer au mois de Janvier à la Semaine de Prière universelle pour l’Unité des Chrétiens. Chez nous, elle se déroulera du 17 au 27 janvier sous le thème « Que nous demande le Seigneur ? », tiré du prophète Michée. Elle n’est pas l’affaire de l’Évêque seul avec quelques prêtres ; cette prière concerné tous les chrétiens. Pour vous les ouvriers apostoliques, j’attire votre attention sur le culte des ouvriers apostoliques qui aura lieu le 17 janvier et la clôture de la Semaine le samedi 26 janvier.

Puisque le temps est aux Vœux et en réponse aux Vœux que par la bouche du Vicaire général, vous venez de m’exprimer ; je vous souhaite en retour les miens les meilleurs possibles sur tous les plans. Une bonne année à tous, à toutes.

Voilà ce que souhaite, pour chacune et pour chacun de vous. Que 2013 soit une année faite de santé et de vitalité afin que se réalise pour vous ce que disait Voltaire : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé » C’est beau, c’est du Voltaire. Je voudrais vous appliquer aussi ce que dit le poète Rainer Maria Rilke (1875-1926) : « Pour trouver Dieu, il faut être heureux, car ceux qui par détresse l’inventent vont trop vite et cherchent trop peu l’intimité de son absence ardente ».

Que le Seigneur nous donne pour cette nouvelle année des grâces nécessaires pour un meilleur engagement aux côtés de son Fils venu dans le monde prendre nos pesanteurs, nos complaisances pour nous rendre à jamais disponibles pour Lui. Que le Seigneur bénisse chacun de vous ici présent, vos proches, vos familles respectives, les voisins pour que l’Année 2013 vous apporte amour, bonheur, courage, longévité, santé du corps et de l’âme, prospérité dans les affaires et vie de grâces intenses.

Amen.

Monseigneur Anatole Milandou
Archevêque Métropolitain de Brazzaville

 


 
 
 
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