Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

vendredi 29 novembre 2024


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

L’Église catholique de Tanzanie a engagé le processus de la Cause de béatification du président Julius Nyéréré

Sacrée Congrégation pour les Causes Saints à Rome

La Congrégation pour les causes des saints à Rome a enregistré le dossier de l’église de la Tanzanie qui demande la béatification du vénérable Julius Nyéréré, ancien président de la République décédé dans les années 80. Un Saint Catholique se cacherait-il parmi les Chefs d’États Africains ?

Le dossier réuni par l’église de Tanzanie comprend quelques images, une prière et un article relatif à la personne de Julius Nyéréré, premier président de la République de la Tanzanie.

L’article signé par Laurent Magesa, prêtre et théologien tanzanien, explique en détail la stature exceptionnelle de la personnalité du "Mwalimu". Il s’agit d’un article qui fut d’abord publié dans la revue "Service" (Saint Augustine University of Tanzania) no 9 (2009). "Ayant obtenu les accords usuels, je suis heureux d’être en mesure de pouvoir vous le partager puisque j’en ai moi-même établi une traduction en langue française. Le texte original en langue anglaise est disponible sur www.pascalbcdeng.over-blog, écrit l’auteur.

A l’heure même où une certaine partie de la population africaine essaie de se débarrasser de certains de ses dirigeants (en y parvenant parfois), il est bon de se rappeler qu’il existe une autre histoire, celle d’une population qui elle, remercie pour la qualité de quelques autres figures politiques. Puisse Nyéréré continuer à inspirer des vocations de dirigeants sincères et dévoués, au service de tous et du bien commun. Il se pourrait que le salut d’un continent en dépende.

Nyéréré et les Étapes vers la béatification

Beaucoup d’entre nous sont certainement déjà avertis du fait que Nyéréré a passé une des trois étapes majeures sur la route vers la sainteté. Il a déjà reçu le titre de "Vénérable" Cela signifie que les fidèles catholiques officiellement autorisés - en fait encouragés - à demander des faveurs à Dieu par son intercession. Les catholiques peuvent désormais demander à Nyéréré de prier Dieu pour eux-mêmes pour quelque besoin que ce soit. Les deux étapes restantes sont pour lui d’être déclaré "bienheureux", ce qui est techniquement connu sous le terme de béatification, et puis finalement d’être déclaré saint, ou canonisation.

Il y a de nombreuses conditions légales, ou selon la terminologie de l’Église, canoniques dans l’ensemble de ce processus qui doivent être remplies, étape par étape. Tout comme pour n’importe qui d’autre, la cause de Nyéréré devra passer par ces étapes. Une d’entre elles consiste en l’accueil par qui que se soit de ce que l’Église a coutume de nommer une "grâce extraordinaire". Cela est habituellement un évènement ou "miracle" (de signification indéniable) qui ne peut être compris qu’en terme d’intervention divine ou surnaturelle, pour laquelle l’intervention humaine ne peut pas être imaginée, et qui aura été obtenue par les prières d’un Vénérable en question, en l’occurrence Nyéréré. Une telle grâce doit être confirmée et prouvée par des observateurs et avocats indépendants. L’Église en Tanzanie demande des comptes-rendus de telles interventions divines et a commencé le processus afin de les rapporter auprès des autorités compétentes à Rome, où les causes de canonisations sont examinées et décidées.

Mais tout ceci n’est pas l’essentiel de cette présentation, alors je ne poursuivrais pas davantage. Mon intention est plutôt de demander et d’une certaine manière de répondre à la question de savoir pourquoi l’Église a-t-elle initié une telle procédure concernant la personne du Mwalimu Nyéréré.

Les raisons, telles que je les vois, sont de deux sortes : elles sont publiques ainsi que pas tant que cela. La procédure conduisant à déclarer Mwalimu Nyéréré saint a été commencée en raison de la manière avec laquelle il a conduit sa vie publique, en la qualité d’homme politique, de penseur et d’écrivain. C’est ce qui apparaît rapidement lorsque le sujet de sa vie héroïque est mentionné. Mais il s’agit aussi, et pour ce qui me concerne principalement, de rendre compte de ses convictions et de ses principes inhérents (éthiques) qui ont motivés toutes ces activités publiques qui ont fait que l’Église a jugé nécessaire d’initier la procédure. A mon avis, peu de personnes sont conscientes de cet aspect de la procédure et l’intention de l’Église est de le tester, en considérant tout aussi sérieusement la vie publique du Mwalimu.

La Vie Publique et Nationale de Nyéréré

Julius Nyéréré

Que Nyéréré soit un grand homme ne fait pas de doute. C’est une affirmation qui peut être faite en toute confiance, sans peur d’être tant soit-il contredit. Comme tous les grands personnages, sa face publique était et reste bien connue. Énumérer ses réussites prendrait trop de place. Nous pouvons, cependant, mentionner quelques repaires dans sa vie en guise d’illustrations.

Il fut le premier président de TANU (Tanganyika African National Union), le parti politique qui a apporté l’indépendance au Tanganyika (aujourd’hui la partie continentale de la Tanzanie). Il fut Ministre Principal avant l’indépendance, et devint lors de l’indépendance en 1961 le Premier Ministre du pays, avant de bientôt démissionner afin de consolider le parti. En 1962 il devint le premier Président de la République du Tanganyika.

Avec Abeid A. Karume, Nyéréré a œuvré et signé les articles de l’union entre Tanganyika et les îles de Zanzibar et Pemba en 1964. En 1967, il fut instrumental dans l’élaboration de la "Déclaration d’Arusha", le discours inaugurateur qui identifia officiellement la Tanzanie comme pays socialiste ou pays "Ujamaa". Lui-même marcha des kilomètres en support de cette Déclaration, inspirant beaucoup d’autres, principalement des jeunes, à faire de même.

Mwalimu Nyéréré a aussi initié la politique de "villagisation", un exercice national consistant à déplacer la population vers des villages Ujamaa. Ceci était une conséquence directe de la Déclaration d’Arusha et était considéré comme moyen de structurer le pays, dans le but de garantir la population des services essentiels tels que les écoles et les dispensaires, ce qui était impossible avec une population parsemée comme c’était le cas auparavant. C’était tout au moins l’intention déclarée de ce qui devint la politique Ujamaa. La "villagisation", puisque c’est la manière dont elle fut connue, continua pendant environ une décade et rapidement s’éteignit. Elle disparut complètement avec le retrait de Nyéréré du pouvoir politique dans le milieu des années 80.

Une autre idée du Mwalimu Nyéréré fut celle de la Flamme Nationale, un symbole encourageant la conscience d’unité et de développement national. La Flamme est allumée chaque année dans une localité différente ayant quelque signifiance historique pour la nation, et transportées par les jeunes dans les différentes régions du pays. Elle est un rappel des valeurs que la nation tanzanienne porte : unité, paix et réconciliation. Comme Nyéréré l’affirma dans un discours en 1959, résumé dans son livre Freedom and Unity, il désirait que la flamme soit un signe visible de ses aspirations.

Le peuple du Tanganyika, voudrait allumer une bougie et la placer au sommet du Mont Kilimandjaro et qui brillera ainsi plus loin que nos frontières, donnant l’espoir quand il y a désespoir, l’amour quand il y a la haine et la dignité lorsqu’ auparavant régnait seulement l’humiliation. (…)

Enfin, le peuple du Tanganyika ne peut pas, à la différence des autres pays, envoyer des satellites sur la lune, mais peut envoyer des projectiles d’amour et d’espoir pour tous nos frères les hommes où qu’ils soient…


Cardinal Angelo Amato sur les canonisations

La sainteté n’appartient pas au passé

La sainteté ne fait pas de distinction de sexe, de culture, de langue, de race et de condition sociale. C’est le sacrement du baptême qui ouvre à tous les chrétiens la voie de la sainteté, quelle que soit notre condition.

Cardinal Angelo Amato

Le cardinal Angelo Amato, préfet de la Congrégation pour les causes des saints, n’a pas de doute à ce propos. Et dans l’entretien accordé au journal "L’Observatore Romano" du 12 novembre 2012, il prend pour exemple Caterina Tekakwhita, la native américaine que Benoît XVI avait élevé en octobre 2012, aux honneurs des autels, avec six autres bienheureux : le jésuite Jacques Berthieu, le jeune catéchiste Pedro Calungsod, le prêtre de Brescia, Giovanni Battista Piamarta, María Carmen Sallés y Narangueras, fondatrice d’un institut religieux consacré à l’émancipation des femmes et de la jeunesse, Marianna Cope, qui consacra toute sa vie au service des lépreux dans l’île de Molokai, la laïque Anna Schäffer, qui vécut la souffrance comme un instrument de rédemption pour soi et pour les autres. Un geste significatif qui s’accomplit à un moment particulièrement important de la vie de l’Église universelle.

Nicola Gori
L’Osservatore Romano du 12 novembre 2012.

 




 
Haut de page