mercredi 11 juin 2025
Émile Biayenda
Voici retracé ci-après le cheminement du Cardinal Émile Biayenda dans les ordres mineurs : Tels l’Ostéariat et le lectorat le 2 octobre 1955. Cette marche inexorable vers le Seigneur se fait dans un climat familial de vie chrétienne intense.
Émile reçoit la tonsure, le 27 mars 1955, les premiers ordres mineurs, l’ostiariat et le lectorat, le 2 octobre de la même année. Les derniers ordres mineurs, l’exorcistat et l’acolytat sont reçus le 7 octobre 1956, en l’église Ste Anne de Brazzaville, durant la messe des ordinations sacerdotales des Abbés Émile Okumu, Georges Singha et Joseph Ngoui.
Une semaine après, le lundi 15 octobre, en la fête de Sainte Thérèse d’Avila, au noviciat des Sœurs de St Joseph de Cluny, à Baratier, Marie Françoise Lozi fait la prise d’habit. Elle s’appellera désormais Sœur « Solange de la Ste Vierge ». Émile est plein d’action de grâce et de joie. Il note dans son journal intime : « Journée très chère à mon cœur puisque c’est Françoise qui a pris l’habit, il m’a été donné avec mon ami Émile Okumu, prêtre, d’y aller assister... Moment très pathétique où, dans tout mon être j’ai ressenti la puissance de l’amour de Dieu et la grandeur de sa bonté. Lui qui a daigné nous accorder une si grande et exceptionnelle grâce ; grâce que, certainement, nous lui demandions le moins.
Mon âme a été vraiment remplie, envahie d’une joie surhumaine indescriptible. Oui, mon Dieu ; pour tout, merci. Et j’ai demandé au Seigneur la grâce de la persévérance, la grâce pour que la famille comprenne ». Il faudra beaucoup de temps à la famille pour qu’elle accepte cette vocation de Sœur Solange et qu’elle n’en veuille plus à son frère Émile. D’ailleurs, le fera-t-il de bon cœur et complètement ? Dieu seul le sait.
A l’image de l’excursion communautaire, avec d’autres séminaristes, qu’Émile Biayenda a faite, à Loango (Pointe-Noire), du 25 juillet au 3 août 1957, le parcours vers le sacerdoce du fils de Tâ Semo et de Mâ Biyela se déroule quotidiennement sous le jugement bienveillant des encadreurs. Il est confié à la protection des Saints Cœurs de Jésus et Marie. Des joies et des grâces toutes spéciales parfument cette vie déjà remarquable par son humilité, sa foi profonde et sa dévotion fervente pour les Saints Cœurs de Jésus et de Marie.
Le 15 septembre 1957, Tâ Semo, son papa, devient chrétien. Avec le Père Ferron, un des professeurs du Grand Séminaire, Émile s’est rendu à Vinza. Dans son quotidien, on a du plaisir à lire et à partager sa joie. Il écrit : « Notre- Dame des 7 douleurs ! Réveil matinal ! Le Père Charles dit sa messe à 6 heures, puis se met à confesser. Bientôt commencent les baptêmes ; le Père Ferron a les hommes et le Père Charles, les filles.
C’est papa qui tient la tête de la file et la cérémonie commence : quel est ton nom ? Que viens-tu demander à l’Église ? La foi, qui procure la vie éternelle. Une petite explication et le reste va tout seul. Je suis ému et plein de reconnaissance envers le Seigneur si bon pour nous. Bientôt, c’est le baptême et l’eau génératrice à la vie des enfants de Dieu coule sur le front de notre cher papa. « Je te baptise, toi Albert Marie, au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ! » Papa est désormais chrétien comme nous, aux liens de la chair et du sang s’ajoutent ceux de la foi qui nous uniront pour l’éternité.
C’est, au registre du baptême, le 12.830ème chrétien de la mission de Kindamba. Son prénom Albert a été vu par lui en songe et j’ai ajouté Marie pour honorer cette tendre et aimable Mère, pour lui témoigner toute notre reconnaissance filiale et pour que papa vive de son patronage.
Papa est heureux de ce beau jour. Père de famille et chef de famille, il sait ce que devenir chrétien suppose, mais n’ayant pas choisi à la légère, il n’entend plus revenir en arrière. J’ai choisi M. Dominique Bitori pour parrain, afin qu’il l’aide sur son chemin. « Magnificat anima mea Dominum - Te Deum Laudamus » ! A la communion, quel recueillement ! Seigneur Jésus, apportez à papa tous vos dons et attachez-le à vous jusqu’à l’heure de sa mort... ».
Le futur prêtre est bien conscient de la mission d’évangélisation qu’il faut accomplir auprès de tant de compatriotes congolais encore marqués par la mentalité magico-fétichiste ou pas assez enracinés dans la vie chrétienne. Il va de soi que ses proches parents sont concernés et c’est par là qu’il doit aussi s’investir. Il ne ménage aucun effort pour aller secouer ses parents au village comme à Brazzaville, chaque fois qu’il en a l’occasion, par la correspondance et par les visites.
Avec le concours de papa Semo Albert Marie, devenu chrétien, les exhortations du jeune Émile à son frère aîné Jean-Baptiste Ngoma, pour remettre de l’ordre dans sa pratique chrétienne trouvent un écho favorable. Par exemple, le 14 novembre 1957, quand Émile reçoit des nouvelles du village, il se réjouit de savoir que son frère a renoué avec le sacrement de la réconciliation. Il est consolé et rempli de reconnaissance envers Dieu ; il note : « Les nouvelles sont bonnes. Papa a été à la fête de la Toussaint à Vinza. Plus consolant encore, c’est d’apprendre que Jean-Baptiste s’est, de nouveau, confessé. Merci beaucoup, mon Dieu, par la Très Sainte Vierge Marie, refuge des pécheurs ».
Dans l’apostolat soutenu par les activités de la Légion de Marie, le futur apôtre des âmes découvre la misère humaine. Il porte tout dans la prière, il offre les fardeaux de tous ceux qu’il rencontre à Dieu par l’intercession des Saints Cœurs de Jésus et de Marie. Le candidat est prêt à entrer dans l’ordre des prêtres.
Le dimanche 23 mars 1958, dimanche de la Passion, à 8h 15, le camion de la paroisse St François vient chercher des séminaristes pour la Cathédrale Sacré-Cœur de Brazzaville. A 9h30, la messe commence et c’est au cours de cette eucharistie qu’Émile Biayenda reçoit l’ordination diaconale. Comme d’habitude, il est attentif à tout ce qu’il vit et il le vit profondément, dans la foi et la prière fervente.
Le cahier journal nous confie : « Par la grâce du Seigneur, je reçois des mains de mon Évêque, Monseigneur Bernard, l’ordre du Diaconat. J’ai senti un frisson et une espèce de joie pleine d’allant lorsque Monseigneur prononce les paroles qui ordonnent de poser sa main sur ma tête. Tout entier, j’ai voulu être au Saint Esprit ; toute ma vie et tout ce que je suis j’ai voulu le confier au Saint Esprit. Ah quel bonheur que de se donner tout entier au Seigneur. J’ai prié à toutes les intentions.
Beaucoup de fidèles et de nombreuses connaissances sont venus prier avec nous. Les Révérendes Mères ont bien voulu permettre à ma Sœur de venir y assister et on s’est embrassé bien fort pour cette grande grâce du ciel... ».
Diacre, il peut remplir plusieurs offices au sein de la communauté chrétienne et dans les célébrations eucharistiques du Séminaire. Il administre son premier baptême comme diacre, le 29 juin 1958, dans la paroisse de Moungali, où le Père Auguste Durand est le Curé. Le bénéficiaire de ce sacrement qu’Émile appelle « l’acte le plus saint de mon Diaconat » est le petit Didier Marie Magloire Ngoma, né le 18 juin de la même année, et baptisé sous le numéro 2185. Tout cela est noté dans le cahier-journal.
Une vie d’attention, une existence de transparence devant Dieu et devant les hommes, Émile Biayenda est un apôtre heureux et tout ouvert à la grâce du sacerdoce ! Le 6 juillet 1958, en compagnie du Père Directeur du Grand Séminaire, c’est avec enthousiasme que le jeune diacre participe à la sortie annuelle de la Curia des Légionnaires de Bacongo. Un groupe de 160 membres traverse le fleuve Congo pour passer une journée à Léopoldville (Kinshasa). C’est avec satisfaction que les encadreurs du Grand Séminaire transmettent sa demande d’être ordonné prêtre à son Évêque.
Texte extrait du livre à publier « Émile Biayenda Martyr de la foi »
de M.l’Abbé Albert Nkoumbou
Ya Sourie
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