lundi 18 novembre 2024
La Mémoire Biayenda : Monsieur l’Abbé Mesmin Prosper Massengo, vous êtes le Vicaire Judicaire de l’Archidiocèse de Brazzaville et Promoteur de Justice pour la Cause du Cardinal Émile Biayenda. Depuis plus de trois décennies les chrétiens du Congo en général et ceux de Brazzaville en particulier participent à une neuvaine de prière dédiée au bon Cardinal Émile Biayenda. Pourriez-vous nous donner l’objectif de cette prière ?
Abbé Mesmin Prosper Massengo : Disons directement que la neuvaine est une dévotion particulière, elle a toujours été vécue dans l’Église Catholique. Pour le cas de figure, il s’agit de la neuvaine en mémoire du Cardinal Émile Biayenda. Au sein de l’Église Catholique, nous avons des neuvaines classiques telles que : la neuvaine de l’Immaculée conception qui intervient entre le 29 novembre et le 8 décembre, La neuvaine préparatoire à la fête de Pentecôte, etc. Pour le cas du Cardinal Émile Biayenda, il y a une neuvaine qui est organisée à partir du 14 mars et s’achève le 21. Le mardi 22 mars a lieu dans les paroisses la messe d’action de grâce en souvenir de la date de son assassinat.
Comme le signifie l’expression française, la neuvaine, c’est une suite de prière de dévotion qui se fait pendant neuf jours pour recevoir des grâces particulières. Je crois comprendre qu’avec la neuvaine du Cardinal certainement les organisateurs et les chrétiens attendent les grâces particulières pour la paix et la réconciliation au Congo, puis que beaucoup savent que le dernier message donné par le bon Cardinal quelques heures avant sa mort était un message de paix, un message qui appelait tous les Congolais du Nord, du Centre, du Sud, de l’Est et de l’Ouest de préserver un climat de paix suite à l’assassinat du président Marien Ngouabi.
Donc, cette neuvaine est faite en ce sens-là. J’aimerais aussi préciser sur le plan canonique, étant donné que le Cardinal Émile Biayenda est un serviteur de Dieu, l’Église interdit toute organisation officielle d’un culte par rapport à un serviteur de Dieu. C’est pour cela que vous voyez les documents relatifs à ladite neuvaine sont élaborés par le Secrétariat du Conseil de Coordination de la Cause qui est en quelque sorte le porte-parole d’une spontanéité populaire chrétienne. C’est d’ailleurs un laïc qui est là et qui fait spontanément ce travail pour essayer d’accompagner la dévotion particulière que manifestent beaucoup de Congolais et même beaucoup d’étrangers vis-à-vis de la personne du bon Cardinal. Étant donné que cette neuvaine ne peut être faite ailleurs, la hiérarchie de l’Église est obligée de s’impliquer dans l’accompagnement de cette neuvaine pour savoir ce qui se fait et pour mieux encadrer cela.
La M.B. : Pour vous, quelle leçon peut-on retenir de ce grand homme d’Église qu’a eu le Congo ?
A.M.P.M. : Il y a beaucoup de choses à retenir sur le Cardinal Émile Biayenda.
De façon brève, je dirais que nous avons perdu en lui, un grand homme d’Église, un homme humble malgré le rang qu’il a occupé. C’était un prince d’Église, un Cardinal. Il était un homme toujours habité par l’humilité. C’était aussi un homme de paix. Voilà en quelques mots les grandes leçons qu’il laisse à nous tous : Savoir s’humilier malgré le rang que nous pouvons occuper dans la société. Le Cardinal Émile Biayenda nous a appris à être toujours des serviteurs, mais des serviteurs qui s’ignorent et qui laissent la gloire de Dieu prendre le dessus.
La M.B. : Qu’en est-il aujourd’hui du dossier du Cardinal Émile Biayenda à Rome ?
A.M.P.M. : Pour aller droit au but, j’affirme que le dossier du Cardinal Émile Biayenda est bel et bien enregistré à la Sacrée-Congrégation pour les Causes des Saints. Dès le début de cette affaire, Mgr Barthélemy Batantu, alors Archevêque de Brazzaville, nous disait que « cette cause sera longue et coûteuse ».
En ce moment, nous sommes en train de mettre la dernière touche pour que tout le dossier ne souffre d’aucun manquement notamment au niveau de la Commission historique. Les autres éléments du dossier étant déjà à Rome.
La M.B. : Que dites-vous de la célérité avec laquelle a été traité le dossier du Pape Jean Paul II ?
A.M.P.M. : Il déroger à la règle qui prévoit cinq ans révolus pour ouvrir une enquête diocésaine sur un Serviteur de Dieu. C’est seulement pour cette raison que la Cause du Pape Jean Paul II a été vite analysée. La spontanéité populaire a beaucoup aussi contribué. Le jour des obsèques, la foule acclamait déjà « Santo Subito », c’est-à-dire « Saint, tout de suite »...
Nous osons rappeler qu’avant le dossier du Cardinal Émile Biayenda, beaucoup de causes étaient déjà en cours au dicastère compétent.
Soyons patients et continuons à prier.
La M.B. : Votre mot de fin ?
A.M.P.M. : Tout juste vous dire merci de l’occasion que vous m’offrez dans vos colonnes et demander aux chrétiens qui expriment cette dévotion particulière de beaucoup prier pour que cette cause de béatification et de canonisation aboutisse. C’est un travail de longue haleine qui demande beaucoup de précisions, de délicatesse, de sagesse. Pour cela, il faudrait que nous nous unissions pour que cette cause puisse arriver à son terme. Et cela sera pour nous une leçon dans ce sens que les Congolais ne sont pas seulement capables de faire le mal, mais, les Congolais sont aussi capables de donner des modèles de vie, de foi, de sainteté à la face du monde et je pense que c’est cela devrait nous faire méditer.
Propos suscités par Grégoire Yengo Diatsana
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