vendredi 6 décembre 2024
La grande joie de l’Église et du monde :
La béatification de Jean Paul II, que son successeur présidera en l’anniversaire liturgique de sa mort, est un événement historique qui ne connaît en réalité pas de précédent. Il faut remonter au cœur du Moyen-âge pour retrouver des exemples analogues, mais dans des contextes qui ne sont pas comparables à la décision de Benoît XVI : au cours des dix derniers siècles, aucun pape n’a élevé aux honneurs des autels son prédécesseur immédiat.
Le 14 janvier 2011, le Saint Père Benoît XVI a reçu en audience privée Son Éminence le cardinal Angelo Amato, S.D.B., Préfet de la congrégation pour les causes des saints. Au cours de l’audience le Souverain Pontife a autorisé la Congrégation à promulguer les décrets concernant :
*- Un miracle, attribué à l’intercession de la servante de Dieu Antonia Maria Verna, fondatrice de l’institut des Sœurs de la charité de l’Immaculée Conception d’Ivrea ; née à Rivarolo Canavese (Italie) le 12 juin 1773 et morte dans la même ville le 23 décembre 1838 ;
Après la promulgation de ces décrets et répondant aux questions de la presse, concernant le processus de la cause de Jean Paul II qui s’est conclue en un temps record ainsi que la rapidité du traitement de ce dossier. N’a-t-elle pas nui de la rigueur à la procudure ?
Le Préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints, son Éminence Angelo Amato, a répondu en ces termes : « Il est vrai que l’instruction de la cause a été très rapide, mais elle a été facilitée par deux choses. La première a été que Benoît XVI a immédiatement accordé la dispense des cinq ans d’attente prévus. L’instruction de la cause a donc commencé presque immédiatement après la mort de Jean Paul II.
La seconde a été une sorte de voie prioritaire ayant obtenu cette dérogation, la cause ne s’est pas retrouvée face à une liste d’attente, et elle a ainsi pu aller de l’avant sans obstacle d’autres procédures en cours. La très grande précision s’est conjuguée à une grande sollicitude, un grand professionnalisme de la part de la postulation dans la préparation de ce que l’on appelle la Positio sur l’exercice héroïque des vertus et sur la vie, et dans la préparation des réponses et des éventuelles objections. Tout cela a été mené de façon très scrupuleuse par la postulation, si bien que le 19 décembre 2009, le Pape Benoît XVI a pu signer le décret sur les vertus héroïques. Puis a commencé l’examen du miracle qui avait déjà été déposé à la Congrégation, même si on ne pouvait pas procéder à son examen sans avoir d’abord assuré le décret sur l’héroïcité des vertus.
Le miracle a été étudié avec beaucoup d’attention, je dirais presque avec minutie, notamment aussi parce que qu’il pesait sur celui-ci une grande pression médiatique. Les médecins, que ce soit du côté français ou italien n’ont absolument pas accéléré les choses et ont soumis l’ensemble à un approfondissement attentif. Nous avons laissé la même liberté à notre bureau médical afin que les experts puissent procéder sur la base de la science et en conscience.
De son côté, la postulation a toujours répondu sans délai à nos sollicitations. N’ayant pas d’autres causes devant nous, nous avons immédiatement eu accès tant au bureau médical, qu’à l’analyse des théologiens et du bureau des évêques et des cardinaux.
La rapidité de l’instruction de la cause ne s’est faite aux dépens du soin apporté à l’iter de la procédure, ni du professionnalisme dans la présentation du personnage. Du reste la réputation de sainteté était tellement diffuse et assurée que notre tâche a été facilitée.
Le sensum fidelium du peuple de Dieu avait décrété la sainteté de Jean Paul II. L’iter canonique de la cause a-t-il pâti de cette pression ?
Le Cardinal Angelo Amato répond : « Je ne parlerais pas de pression, mais plutôt d’un accompagnement. Le sensum fidelium est ce que nous appelons, de façon technique, la réputation de sainteté et de signe, qui est indispensable pour une cause.
Une procédure ne peut pas être conduite à son terme sans cet accompagnement de la part des fidèles ; la réputation de sainteté de la figure du serviteur de Dieu et la renommée des signes. En d’autres termes, le peuple recourt au serviteur de Dieu pour avoir une grâce. Et c’est ce qui s’est passé. « Santo subito » c’est une très bonne chose, mais ce doit être « santo sicuro », parce que l’impatience ne porte pas de bons fruit.
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