mardi 19 novembre 2024
La conférence épiscopale du Salvador (CEDES) a demandé au Pape Benoît XVI « la conclusion rapide » du procès en béatification de l’Archevêque Óscar Arnulfo Roméro, 30 ans après son assassinat qui sera commémoré le 24 mars prochain. Mgr Roméro, archevêque de San Salvador, a été assassiné le 24 mars 1980.
Les évêques ont pris la décision d’écrire au Pape Benoît XVI, lors de leur première réunion annuelle, comme l’a fait savoir l’évêque auxiliaire de San Salvador, Mgr Gregorio Rosa Chávez, dans une publication de sa paroisse.
« Nous avons pris une décision importante qui est celle d’écrire une lettre au Saint-Père pour exprimer l’intérêt de nos pasteurs en vue de la conclusion rapide du procès de canonisation de Mgr Roméro ».
Dimanche 31 janvier 2010, l’archevêque de San Salvador, Mgr José Luis Escobar, a annoncé que l’Église ouvrirait les célébrations commémoratives de la mort de Mgr Roméro par des journées de réflexion. Il a aussi recommandé aux salvadoriens de prier et d’encourager le « culte privé » pour favoriser la béatification de Mgr Roméro, demandant par ailleurs de respecter la figure du prélat assassiné pour ne pas entraver le procès.
« Je voudrais lancer un appel à la prière », a-t-il déclaré. « Si quelqu’un est canonisé, c’est parce que Dieu le veut ».
Au cours d’une conférence de presse, il a reconnu que la cause « est dans un phase avancée », mais a dit ne pas savoir « combien de temps il reste » avant que Mgr Roméro ne soit déclaré bienheureux.
« Nous aurions aimé qu’à une date comme celle-ci on nous annonce la nouvelle que tout le monde attend, à savoir que Mgr Roméro sera déclaré bienheureux, mais nous n’avons aucune nouvelle », a-t-il affirmé.
Dans ce contexte, il a invité les fidèles « à s’en remettre à Dieu par l’intercession de Mgr Roméro », et de témoigner des grâces, faveurs et miracles reçus.
« A dire vrai nous avons vu peu de dévotion privée, et sur ce point, un changement est nécessaire. Il ne peut y avoir de culte public pour une personne dont le cas est examiné par le Vatican, mais il peut y avoir des formes privées et il en faut davantage », a-t-il ajouté.
A son avis, il est bon que le procès de canonisation ait lieu dans un climat « serein », loin de toute « manifestation d’ordre social et politique ».
« Nous avons demandé à plusieurs reprises un extrême respect pour la cause de Mgr Roméro », a-t-il expliqué.
La Commission pour la Vérité, qui a enquêté sur les crimes commis durant la guerre civile au Salvador (1980-1992), a établi dans un rapport paru en mars 1993, que l’assassinat de Mgr Roméro a probablement été ordonné par Roberto D’Aubuisson, fondateur du parti Alianza Republicana Nacionalista (Arena).
L’archevêque, en l’honneur duquel aura lieu cette année une journée de la jeunesse organisée par l’Église, dénonçait de sa chaire les injustices contre la population et les meurtres perpétrés par « les escadrons de la mort ».
« L’objectif que nous visons cette année, en ce trentième anniversaire (...), est de favoriser un espace de rencontre, de cohabitation, de réflexion et de dévotion autour du serviteur de Dieu, Mgr Óscar Arnulfo Roméro », a déclaré Mgr Escobar.
L’évêque a invité les jeunes à participer aux journées de réflexion qui commenceront dans les prochains jours et dont le point d’orgue sera une messe devant la cathédrale le 20 mars.
À en croire quelques media, il semblerait que les évêques salvadoriens s’impatientent et disent que l’Église a oublié le martyre de Monseigneur Roméro. En réalité, il n’en est rien, ni du côté des évêques de ce pays, et encore moins du côté du Saint Siège, où s’étudie avec le plus grand soin la cause de béatification de l’archevêque.
Bien sûr que les évêques ont écrit une lettre, mais c’est normal, puisque à la date anniversaire de sa mort survenue il y a trente ans, la lettre où ils expriment leur désir de voir rapidement porter à l’Autel l’archevêque, est une façon de commémorer cet anniversaire. La lettre est une preuve d’affection fraternelle envers le prélat assassiné et c’est quelque chose d’habituel dans ce genre d’anniversaire. D’autre part, le Saint Siège prend le temps qu’il convient, ni plus ni moins. Beaucoup plus de temps a été pris pour Pie XII ou Charles de Foucault et personne n’a pensé qu’il s’agit de saints oubliés. On sait bien que les affaires de palais vont lentement.
Mais cet anniversaire donne l’occasion aux chrétiens de Salvador de réfléchir sur la figure de Mgr Roméro, enveloppée comme peu d’autres dans une auréole médiatique pas toujours exacte.
Assassiné sans doute pour avoir proclamé la vérité incommode, ce sera le Saint Siège qui devra déterminer si l’aujourd’hui Serviteur de Dieu, Monseigneur Óscar Arnulfo Roméro peut être appelé martyr dans le sens théologico - canonique du terme, et comme tel, mérite la gloire de l’Autel, en laissant de côté l’opinion déjà connue des journalistes, politiques, sociologues et même théologiens, qui au final devront se soumettre au jugement d’autorité de l’Église, quand elle se prononcera.
En vérité, à ce niveau du procès, qui va lentement non pas par manque d’intérêt par la faute de Rome, mais parce que son délai de traitement en phase diocésaine s’est allongé énormément, - nous ne pouvons pas savoir ce qui se passera au final et à quelle conclusion arriveront les experts de Rome.
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