Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

mardi 17 septembre 2024


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Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Les bienfaits des conseils évangéliques à la lumière du Saint curé d’Ars et du Cardinal Émile Biayenda

Nous profitons du temps favorable que nous offre l’année sacerdotale (19 juin 2009-19 juin 2010) de porter notre attention sur les Conseils évangéliques qui ont quasiment caractérisé la vie du Saint Curé d’Ars, Saint Patron de tous les Prêtres, et sur lesquels le Cardinal Émile Biayenda a bâti son sacerdoce ministériel dès son très jeune âge. L’idée qui se dégage c’est que les conseils évangéliques sont des garde–fous ou les commandements du don de Vie reçu de la part de Dieu. « Les commandements de Dieu [selon le Saint Curé d’Ars] sont les enseignements que Dieu nous donne pour suivre la route du ciel, comme des écriteaux qu’on pose à l’entrée des rues ou au commencement des chemins pour en indiquer les noms ».

Abbé Jean Michel Tchitembo

Autrement dit, vivre les conseils évangéliques c’est respecter les commandements de Dieu.

Dans le contexte de l’Église locale du Congo, célébrant l’année sacerdotale, nous retenons volontiers la figure du Cardinal Émile Biayenda, comme modèle tant soit peu à imiter. Les raisons sont suffisantes pour associer

Le Cardinal aux vertus de notre Saint patron commun dans le sacerdoce ministériel, le Saint Curé d’Ars. En effet, la prière pour la cause de béatification et canonisation du Cardinal, qualifie l’humble serviteur de Dieu comme le pauvre au milieu des pauvres de Yahvé « Seigneur Dieu, notre père, qui as révélé aux hommes par ton fils Jésus Christ, les voies du Royaume des cieux et de l’éternité bienheureuse : accorde à ton serviteur, le Cardinal Émile Biayenda, la grâce d’être glorifié parmi tes élus du ciel, lui qui, par ses vertus et le sacrifice de sa vie, a témoigné sur terre, du véritable amour de Dieu et du prochain… ».

Certes, cette prière est le condensé de l’homme qui a compris l’importance des conseils évangéliques. A ce propos, le Cardinal Émile Biayenda, malgré le rang social qui était le sien demeurait un homme effacé et discret, lui l’obéissant séminariste sans manière avec la fameuse anecdote autour de « la dame jeanne cassée qu’il fallait à tout prix remplacée ». C’est l’homme chaste d’esprit et de cœur qui surprenait et dérangeait son entourage de par un comportement séduisant, sinon interrogateur.

Une fois de plus, ce que nous appelons Conseils évangéliques, ne sont autres que les vœux religieux qui déterminent toute vie consacrée. Ainsi donc, il n’y a pas que le prêtre, le religieux et la religieuse mais à un certain degré, tout baptisé ou homme de bonne volonté qui répond à l’appel de Dieu. L’Apôtre Paul nous aide à y réfléchir à travers son enseignement donné à Timothée « je t’invite à raviver le don que Dieu a déposé en toi (2 Tm 1,6). Prends cela à cœur. Sois-y tout entier, afin que tes progrès soient manifestes à tous. Veille sur ta personne et ton enseignement, persévère en ces dispositions. Agissant ainsi, tu te sauveras, toi et ceux qui t’écoutent » (1 Tm 4, 14-16).

Il est bien entendu que l’Apôtre demande à Timothée de « de raviver » le don divin, de l’accueillir et de le vivre sans jamais perdre ou oublier la nouveauté de la loi nouvelle qui est l’Amour parfait propre à chaque don de Dieu, qui fait renouveler toutes choses (Cf. Ap 21, 5). Et par conséquent de vivre le don dans toute sa fraîcheur et sa beauté première. Raviver le don divin est finalement le fruit du dynamisme de grâce propre au don de Dieu, que nous retrouvons parallèlement dans l’agir du Saint Curé d’Ars et du Cardinal Émile Biayenda. En effet, c’est Dieu lui-même qui ravive son propre Don, mieux encore qui libère l’extraordinaire richesse de grâce et de responsabilité qu’il recèle. Bien que célébrant l’année sacerdotale, nous voulons réfléchir sur le don de vie de grâce que Dieu déverse dans la vie religieuse. Dans les textes conciliaires du Concile Vatican II, un Décret fait mention de la vie religieuse : « La Rénovation et l’adaptation de la Vie religieuse » en latin « Perfectae Caritatis » (La charité parfaite).

Il est développé le sens que l’Église donne concernant le don de vie que Dieu a déposé en ceux qui sont appelés. Toujours dans les textes conciliaires, précisément dans la Constitution « Lumen Gentium » (L’Église lumière des nations) ; le Concile a précédemment montré que la recherche de la charité parfaite par les conseils évangéliques a sa source dans la doctrine et l’exemple du Divin Maître et apparaît comme un signe éclatant du Royaume de Dieu. Le Décret « Perfectae Caritatis » traite de la vie et de la discipline des Instituts dont les membres font profession de chasteté, de pauvreté et d’obéissance et de pourvoir à leurs besoins selon les exigences de l’époque actuelle.

Soulignons-le, dès les origines de l’Église, il y eut des hommes et des femmes qui voulurent, par la pratique des Conseils évangéliques, suivre plus librement le Christ et l’imiter plus fidèlement et qui, chacun à sa manière, menèrent une Vie Consacrée à Dieu. Beaucoup parmi eux, sous l’impulsion de l’Esprit-Saint, vécurent dans la solitude ou bien fondèrent des familles religieuses que l’Église accueillit volontiers et approuva de son autorité.

A partir de là se développe providentiellement une admirable variété de sociétés religieuses qui contribuèrent beaucoup à ce que l’Église non seulement fait apte à toute bonne œuvre (Cf. 2Tm 3, 17) et prête à remplir toute activité de son ministère en vue de l’édification du corps du Christ (Cf. Ep4, 12) mais encore apparût embellie des dons variés de ses enfants comme une réponse parée pour son époux (Ap21,2) et que par elle, fussent manifestées les ressources multiples de la sagesse de Dieu (Ep 3, 10).

D’une façon générale, pour une vie chrétienne stable et solide, le chrétien est appelé à faire des promesses à Dieu par exemple pendant le Baptême et la Confirmation mais autant le mariage que l’ordination et pour bien d’autres engagements dans l’Église, comme acte de fidélité au Seigneur. La Fidélité aux promesses faites à Dieu est une manifestation du respect dû à la majesté divine et de l’Amour envers le Dieu fidèle. C’est tout le sens que l’on donne et qu’il faut retenir des vœux religieux.

Un vœu, c’est-à-dire la promesse délibérée et libre faite à Dieu d’un bien possible et meilleur, doit être accompli au titre de la Vertu de religion. Le Vœu est un acte de dévotion dans lequel le chrétien se voue lui-même à Dieu où lui promet une œuvre bonne. Par l’accomplissement de ses Vœux, il rend donc à Dieu ce qui lui a été promis et consacré. Les Actes des Apôtres nous montrent Saint Paul soucieux, d’accomplir les Vœux qu’il a faits, « joie pour les cœurs qui cherchent Dieu » (Ps105, 3). Si l’homme peut oublier ou refuser Dieu, Dieu lui ne cesse d’appeler tout homme à le chercher pour qu’il vive et trouve le bonheur. Mais cette quête exige de l’homme tout l’effort de son intelligence, la rectitude de sa Volonté « un cœur droit », et aussi le témoignage des autres qui lui apprennent à chercher Dieu.

La distinction traditionnelle entre les Commandements de Dieu et les Conseils évangéliques s’établit par rapport à la charité et la perfection de la vie chrétienne. Les préceptes sont destinés à écarter ce qui est incompatible avec la charité. Les Conseils ont pour but d’écarter ce qui, même sans lui être contraire, peut constituer un empêchement au développement de la charité. Les Conseils évangéliques manifestent la plénitude vivante de la Charité jamais satisfaite de ne pas donner davantage. Ils attestent son élan et sollicitant notre promptitude spirituelle. La perfection de la loi nouvelle consiste essentiellement dans les préceptes de l’Amour de Dieu et du prochain. Les Conseils évangéliques indiquent les Voies plus directes, des moyens plus aisés, et en sont à pratiquer suivant la Vocation de chacun selon l’esprit du Catéchisme de l’Église Catholique N°1974. La vie religieuse s’exprime ou se déploie en trois (3) Conseils évangéliques : - l’obéissance – la pauvreté – la chasteté.

L’obéissance se définit comme la liberté intérieure. Plus on est obéissant, plus on est disponible. L’obéissance rend libre, si elle est vécue en toute liberté car elle n’est pas une torture, mais une grâce.

S’agissant de la pauvreté, sachons qu’elle est différente de la misère. Elle obéit à la loi du désintéressement et du détachement pour mettre l’accent sur le sens du partage. La pauvreté est à comprendre dans l’esprit de la configuration au Christ ; simplicité de vie à l’instar des apôtres qui savaient mettre tout en commun, et pouvoir faire bénéficier chacun à la mesure de ses besoins (Cf. Act2, 44).

Parlant du célibat chaste, il est une exigence pour toute vie, toute donnée au Seigneur pour ses frères. Ce don permet à tout consacré, de témoigner de la Vie du Royaume de Dieu, et d’être plus apte au service de Dieu au profit des hommes et des femmes. Que soient encouragés et félicités ceux qui vivront saintement leur chasteté dans le célibat consacré. Cela n’est pas un acte héroïque mais un don de Dieu de par leur engagement libre. La prière est une arme noble et efficace pour parvenir à porter haut le flambeau du respect des Conseils évangéliques (non seulement pour l’année jubilaire, mais pour une vie digne des consacrés). Une Vie évangélique sans prière s’étiole et est vouée à la dérive. Sachons donc nous ouvrir à l’Esprit de Dieu ; afin de pouvoir charger les batteries de la sanctification permanente ; selon l’esprit qui animait le Saint Curé d’Ars et le Cardinal Émile Biayenda, cas de figure spécifique de l’Église de Dieu au Congo.

A tous les ouvriers apostoliques du Seigneur,

Bonne Année Sacerdotale (19 juin 2009-19 juin 2010) !

Abbé Jean Michel Tchitembo,
Vice Recteur Grand Séminaire de Théologie
Cardinal E. BIAYENDA




 
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