Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Émile Biayenda, un Pasteur d’âmes

Le Cardinal Biayenda vivait simplement. Il préféra pour demeure l’ancien palais épiscopal construit en 1886 par Monseigneur Augouard, au nouveau édifié par son prédécesseur de Monseigneur Théophile Mbemba. II n’aimait pas de protocole pour ses audiences. Il accueillait tous ceux, chrétiens ou non, qui souhaitaient le rencontrer. Sa porte était ouverte à toute personne. La vocation du Cardinal Biayenda était vraiment d’annoncer Jésus-Christ. L’homme était avant tout un pasteur d’âmes.

 

Émile Biayenda créé Cardinal à 46 ans, reçoit les insignes des mains du Pape Paul VI

L’attrait d’humanité du Cardinal ne lui est pas venu des postes qu’il a occupés mais c’est comme si le Seigneur l’avait doté, depuis sa jeunesse, d’une bonté remarquable, caractère qui s’est exprimé dans son champ pastoral. C’est un pasteur d’âmes. Dans ses tournées pastorales, il a toujours su donner la parole qui rassure et fortifie. Tel est le témoignage que nous donnait l’Abbé Emmanuel Vindu alors secrétaire de Son Éminence : « Nous sommes allés à Pangala et là-bas, on lui a posé une question d’ordre pratique. Les divorcés remariés ne pouvaient-ils pas communier ? Il a répondu : « Si les lois de l’Église étaient seulement laissées par Nos seigneurs Guichard, Biéchy, Michel Bernard et Théophile Mbemba, je pouvais les modifier mais ce sont les lois de Dieu » ; et il a ajouté, « Mon fils, il ne faut pas désespérer parce que Dieu a plusieurs façons de sauver l’homme. Ce qu’on nous demande, c’est de faire tout le bien que nous pouvons faire. II faut faire la charité parce que c’est le lien de la perfection. Ce n’est pas parce qu’on est divorcé, remarié, qu’on ne peut pas être sauvé ».

Sa bonté allait de pair avec sa simplicité. ll prenait le temps pour tout le monde même les petits. A la sortie de la messe, il bénissait toujours les petits enfants.

Le développement des communautés de base fut l’une de ses grandes priorités. Il rédigea, à ce sujet, les statuts des Conseils paroissiaux qui, non seulement dotèrent les paroisses d’une structure, mais permirent aux laïcs de participer à leur gestion. Émile Biayenda se préoccupa aussi des problèmes des vocations, du Clergé, du dialogue avec les autres confessions chrétiennes du Congo, etc.

Les préoccupations pastorales du Cardinal Biayenda

Sa préoccupation première était d’abord, bien sûr, cette Église du Congo qu’il voulait voir se développer et s’implanter dans la fidélité au Christ et à l’Évangile. C’est la formation de la chrétienté, avec un laïcat non pas assoiffé de récupérer quelque place à l’autel, mais surtout conscient qu’il lui faut occuper sa place baptismale et sacerdotale, « sa place pascale, dans la société des hommes, un laïcat témoin et fier de la Parole du Christ, un laïcat responsable devant Dieu et les hommes ». Dans ce souci de la formation du laïcat, il pensait tout spécialement aux foyers chrétiens ; la famille, voilà la communauté de bénédictions qu’on doit entourer de soins, car c’est d’elle que naîtra une génération de chrétiens convaincus.

Mais son plus grand souci restait évidemment le Clergé. Quelle que soit l’urgence d’un laïcat authentique, il faut absolument des prêtres et des âmes consacrées qui se dévouent totalement et exclusivement au service de Dieu dans la société. L’Église ne peut s’implanter qu’avec ces racines maîtresses.

D’après le Cardinal, « d’aucuns disent que la coopération du Clergé étranger aliène, étouffe le Clergé local ».

Qu’il soit bien entendu que le prêtre catholique est partout chez lui, comme Saint Paul se sentait chez lui aussi bien à Corinthe qu’à Éphèse et qu’à Rome. Mais il veillait partout à la relève, il choisissait et formait des « Timothée » à part entière valables. Si les prêtres étrangers sont animés des mêmes sentiments, ils doivent se sentir chez eux au Congo comme ailleurs. Et comme il avait écrit dans sa lettre pastorale de 1971 sur les vocations, pas plus qu’un médecin ne peut-être valablement relevé par un infirmier, un prêtre ne peut-être relevé comme tel que par un prêtre, et non pas seulement par un laïc : je crois que c’est un aspect très important à souligner.(...)

Abbé Adolphe Tsiakaka
extraits de son livre :
« Émile Biayenda, grandeur d’un humble »


 
 
 
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