vendredi 13 juin 2025
La Sacrée Congrégation pour les Causes des saints
« L’événement était attendu ! » reconnaît Sœur Marie-Élisabeth, maîtresse pour la formation des novices. La promulgation du décret de la Congrégation pour les causes des Saints, autorisée par Benoît XVI, reconnaissant le miracle par l’intercession de la Bienheureuse Jeanne Jugan (Sœur Marie de la Croix) a été signée le 6 décembre 2008. Désormais, c’est connu, elle sera béatifiée le 11 octobre 2009.
L’ambiance est à la joie à la Tour St-Joseph (Ille-et-Vilaine), maison-mère de la congrégation des Petites Sœurs des Pauvres, où sa fondatrice Sœur Marie de la Croix (1792 - 1879) s’est éteinte à l’âge de 86 ans.
« La béatification est une reconnaissance dans l’Église locale, précise-t-elle. La canonisation est une reconnaissance de la part de l’Église universelle ». Elle rend possible un culte officiel avec les textes de la sainte. Sœur Marie-Élisabeth souhaite que la canonisation de Jeanne Jugan permette de mieux la connaître et peut-être même de susciter des vocations.
Aujourd’hui encore, le charisme des Petites Sœurs de Pauvres est celui du service des personnes âgées, démunies ou isolées et l’accompagnement de fin de vie qui fait tant débat dans notre société.
Le miraculé est le Docteur Edward Erwin Gatz, un médecin anesthésiste américain, né en 1937, aujourd’hui retraité dans le Nebraska. Le miracle ? La guérison d’un adénocarcinome de l’œsophage. Il était condamné par la science mais son épouse, encouragée par un prêtre Jésuite, a prié la Bienheureuse Jeanne Jugan.
Il faut signaler qu’à Brazzaville, une messe solennelle sera dite ce 24 octobre 2009, à la place Mariale de la cathédrale sacrée Cœur par Mgr Romeo Pawlowski Nonce Apostolique au Congo et au Gabon.
Biographie de Jeanne Jugan 1792 - 1879
Née à Cancale, en Ille-et-Vilaine (France), au hameau des Petites Croix, le 25 octobre 1792, Jeanne Jugan est baptisée le jour même à l’église Saint-Méen en pleine tourmente révolutionnaire. Son père, marin comme la plupart des hommes de son pays, est à la grande pêche à Terre-Neuve. Quatre ans plus tard, il disparaît en mer. Sa mère reste seule pour élever les 4 enfants (3 sont décédés en bas âge). Pour aider la famille, Jeanne à l’âge de 16 ans part comme aide-cuisinière dans un manoir proche de Cancale.
Elle y reste jusqu’à l’âge de 25 ans, puis quitte la maison familiale pour Saint-Servan où elle travaille comme aide infirmière à l’hôpital du Rosais. A la demande en mariage d’un jeune marin, elle avait répondu : « Dieu me veut pour lui, il me garde pour une œuvre qui n’est pas encore fondée ».
Jeanne Jugan ne veut que servir Dieu et les autres, les pauvres, surtout les plus faibles, les plus démunis, fidèle à l’idéal de configuration à Jésus par Marie qu’enseigne saint Jean Eudes aux membres du Tiers-Ordre de la Mère Admirable, association qu’elle rejoint vers l’âge de 25 ans.
Un soir d’hiver de 1839, elle ouvre son logis et son cœur à une vieille femme aveugle, à demi paralysée, réduite brusquement à la solitude. Jeanne lui donne son lit… Ce geste l’engage à tout jamais. Une seconde vieille femme suivra, puis une troisième… En 1843, elles seront quarante avec, autour de Jeanne, trois jeunes compagnes. Ces dernières l’ont choisie comme supérieure de leur petite association qui s’achemine vers une vraie vie religieuse.
Mais bientôt Jeanne Jugan sera destituée de cette charge, réduite à la simple activité de quêteuse, rude tâche dont elle est l’initiatrice, encouragée dans cette démarche de charité et de partage par les Frères de Saint Jean-de-Dieu. A l’injustice, Jeanne ne répond que par le silence, la douceur, l’abandon. Sa foi et son amour découvrent dans cette mesure le chemin de Dieu pour elle et pour sa famille religieuse.
Au fil des années, l’ombre s’étend de plus en plus sur Jeanne Jugan. Les débuts de son œuvre sont falsifiés. Elle vit 27 ans de mise à l’écart (1852 à 1879), quatre à la maison de Rennes, et les vingt-trois dernières années de sa longue vie à La Tour St Joseph, maison mère de la Congrégation des Petites Sœurs des Pauvres depuis 1856.
À sa mort, le 29 août 1879, elle a 86 ans, peu de Petites Sœurs savent qu’elle est la fondatrice mais son influence près des jeunes postulantes et novices, dont elle a partagé la vie ces vingt-sept années durant, aura été décisive. En ce contact prolongé, le charisme initial a passé, l’esprit des origines s’est transmis.
Et peu à peu, la lumière va se faire… Dès 1902, la vérité commence à se dévoiler : Jeanne Jugan, Sœur Marie de la Croix, morte dans l’oubli un quart de siècle auparavant, n’est pas la troisième Petite Sœur, comme on l’a laissé croire, mais la première, la Fondatrice !
(Petites Sœurs des Pauvres - Saint-Pern)
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