Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

dimanche 1er septembre 2024


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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Émile Biayenda, un fils du Congo

A 17 ans, Émile Biayenda est un adolescent déjà ouvert à l’universel et au brassage ethnique. Tour à tour, il a été écolier à Mpangala, et à Kindamba, élève à Kibouéndé et à Boundji, avec un Certificat d’Études Primaires Élémentaires à Fort-Rousset. Il était toujours loin de son village natal Malela-Bombé ; il a été l’homme de tout le monde. Dès sa jeunesse, il s’est laissé former par les circonstances, les hommes de bonne volonté et de grand zèle apostolique que Dieu plaçait sur son chemin.

En dehors de Brazzaville, il n’existait dans l’enseignement catholique, dans la région du Pool, qu’un Cours Moyen première année (CM1) et Cours Moyen deuxième année (CM2), installés à la Mission Catholique Saint Philippe de Baratier, actuellement Kibouéndé et dirigés par le Père Raymond De Lamoureyre, surnommé « Ngomboulou (lion) ».

Au cours de l’année scolaire 1942-1943, Émile Biayenda est admis à l’examen de passage au CMI. Avec d’autres élèves de sa promotion, il est envoyé à Kibouéndé. Le parcours est environ de 85 à 90 km. Il l’a effectué à pied, en deux journées. A l’arrivée, le Père De Lamoureyre reçoit les jeunes écoliers venus de loin. Il les soumettra à la discipline et au travail bien fait qui lui ont valu d’ailleurs d’autres surnoms. Émile déjà trempé et rompu à la maîtrise de soi trouve là un nouveau champ d’exercice. Hélas ! le séjour de Kibouéndé n’est qu’une escale. Le transit ne dure que quelques semaines.

 

Émile Biayenda

Le 24 mai 1942, jour de la Pentecôte, vers 4h30 du matin, Monsieur l’Abbé Eugène Nkakou, âgé de 32 ans seulement, meurt à Boundji, à la suite d’une courte maladie, après à peine quatre années de vie apostolique. Originaire de Brazzaville, un des premiers prêtres congolais, cet abbé a marqué la population de Boundji par son zèle apostolique et sa piété exemplaire. Le Père Jeanjean, le curé, révéla à Monseigneur Biéchy venu aux obsèques, et à la communauté chrétienne le message que l’abbé Eugène Nkakou mourant lui avait confié : « Il offrait sa vie au bon Dieu pour les vocations ».

Aussitôt après la mort du jeune abbé, Mgr Biéchy donne l’ordre au père de Lamoureyre, lui aussi présent aux obsèques, de transférer le CMI à Boundji, afin de continuer l’œuvre de l’abbé Eugène qui s’occupait de l’école primaire et de l’œuvre des élèves-moniteurs avant que celle-ci ne soit plus tard organisée à Brazzaville. Le Père de Lamoureyre, inspecteur des écoles catholiques ne peut se soustraire à ce devoir, c’est un sacrifice à faire, il obéit à l’appel de l’Évêque.

Émile Biayenda à Saint François Xavier de Boundji de 1942-1944

Après quelques jours de préparation, Émile Biayenda et ses compagnons se rendent à Brazzaville, où ils prennent le bateau qui les mène, au bout de trois semaines de voyage sur le fleuve, à Saint François Xavier de Boundji. Séminariste, il s’en souviendra : « La joie de naviguer sur le fleuve Congo, de contempler le paysage du Haut-fleuve et du pays mbochi, de revoir nos connaissances déjà installées à Boundji, de visiter, au terme de notre voyage, la tombe de Monsieur l’Abbé Eugène Nkakou s’était emparé de nous et nous faisait oublier la douleur des piqûres des maringouins et la fatigue de notre long voyage qui dura 22 jours. C’est le samedi 27 juin 1943 que la mission de Boundji nous embrassa ».

Avec impatience et inquiétudes, les Pères de Lamoureyre, Jeanjean, Scher, et les Frères Paul Kimpiriri, Marie-André Nganga et Éric (Spiritain), attendent l’arrivée des élèves venus de Brazzaville. Un des compagnons de Biayenda, Alphonse Ndoudi, témoigne : « Au matin de la dernière nuit un coup de sirène énergique et prolongé annonce l’arrivée. Après un chant d’action de grâce, nous voyons au port une foule des gens venus nous accueillir. Dieu merci ! Après une journée d’installation et de détente, le travail scolaire commence. Pas de temps à perdre avec le père Raymond De Lamoureyre ».

Le jeune Émile trouve ici un cadre idéal pour l’étude, pour s’ouvrir aux jeunes Mbochis et se nourrir du témoignage exemplaire de l’Abbé Eugène Nkakou, décédé. Auprès des camarades de classe, il se convainc que si le père de Lamoureyre a remplacé l’abbé Nkakou à l’œuvre scolaire, lui Émile Biayenda doit le remplacer un jour à l’œuvre apostolique par le sacerdoce. Alors qu’il rêve retourner un jour au village natal raconter toute cette nouvelle vie à Boundji, Emile reçoit la triste nouvelle du décès de sa mère, en date du 18 septembre 1942. Il s’en remet à la Divine Providence à laquelle il attribue un tel événement.

Il se console cependant en apprenant que l’infirmier Benoît Nkouka avait donné le sacrement du baptême à Mâ Biyela mourante, sous le patronyme de « Joséphine ». Durant les grandes vacances, Émile s’en retournera à Mpangala se recueillir sur la tombe de sa « bonne, tendre, dévouée et aimable maman », comme il lui plaît de la décrire…

Durant les deux années scolaires passées à Boundji, Emile Biayenda est un bon élève, sa moyenne est très bonne en tout.

Il est souvent parmi les premiers de la classe. Les supérieurs en sont bien contents et fiers jusqu’au moment de l’examen final, le Certificat d’Études Primaires Élémentaires (C.E.P.E). C’est à Fort-Rousset (Owando) qu’il va le passer avec ses compagnons, au terme d’une marche à pied du 23 au 24 février 1944. L’examen a lieu le 26 février 1944. Les Biayenda et consorts, préparés par le Père de Lamoureyre lui-même sont prêts. Les deux tiers de la classe sont admis y compris Émile Biayenda.

L’inspecteur officiel présente de bon cœur ses félicitations à l’école catholique de Boundji. Le Père Michel Legrain le rappelle dans son livre : « C’est le Père Raymond de La Moureyre, venant de Brazzaville à Boundji et que les indigènes surnommaient « Ngomboulou » (le lion), qui fut nommé inspecteur des écoles. A Boundji, de 1942 à 1946, il réorganisa la formation des maîtres et le fonctionnement des écoles, en sorte que celles-ci eurent fière figure vis-à-vis des écoles officielles ».

Ainsi se termine le séjour de Boundji. De Fort-Rousset à Mossaka, le voyage sur la rivière s’est effectué en pirogue, la nuit sans lumière, sous peine d’être attaqués par les hippopotames. Tout le monde avait peur et Biayenda exhorte les autres à réciter le chapelet, mais à voix basse. De Mossaka, un bateau les conduit à Brazzaville. Le récit a la saveur d’une rédaction d’écolier attentif : « Le samedi 4 mars, notre chance nous permit de dire adieu à Mossaka et de nous installer à bord du bateau Augagneur, pour regagner Brazzaville.

Grandes furent notre stupéfaction et notre joie en nous retrouvant, ce jour-là, à bord de ce même bateau qui, en 1942 nous avait amenés pour la première fois de Brazzaville à l’embouchure de l’Alima (Nkounda) où nous avons pris plus tard le petit Coubet qui assure le service commercial de Mossaka à Okoyo sur la rivière Alima. Le capitaine (Monsieur Alphonse) du bateau fut lui aussi très content de revoir ses chers enfants. Durant le trajet de quatre jours, il fit son possible pour nous trouver quelque chose à nous satisfaire. C’est le mardi du 7 mars que le bateau jeta l’ancre devant le débarcadère de Brazzaville. Le même jour, les enfants se retrouvèrent avec Monseigneur Paul Biéchy qui fut heureux de voir sortir de ce petit nombre sept futurs petits séminaristes, dont seul accéda à la prêtrise : Émile Biayenda.

Abbé Albert Nkoumbou
Ya Sourire




 
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