dimanche 24 novembre 2024
déclare M. François De Salles BADO
Notre invité de ce mois de septembre 2007, s’appelle M. François De Salles Bado, de nationalité Burkinabé. Dans son pays, il est de la Commission Nationale Justice et paix. Il est aussi le représentant de l’Église Catholique au niveau de la Commission Nationale des Droits Humains. A ce titre, il a été élu par les autres membres comme président de cette institution. En plus de cela, en Afrique de l’Ouest, les Commissions Justice et paix de l’Église Catholique ont constitué un réseau qui comprend actuellement, quatre commissions qui regroupent : le Burkina-Faso, Le Niger, le Bénin et le Togo. Dans l’Église et au niveau national, ils œuvrent pour la promotion de la justice, de la paix et des droits humains. Avec lui, nous allons nous entretenir au sujet de la Cause du Cardinal Émile Biayenda.
La Mémoire BIAYENDA : Vous voilà à Brazzaville, capitale de la République du Congo, peut-on savoir le but de votre visite en terre congolaise ?
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François De Salles Bado : Merci, d’abord, je peux dire que c’est une grâce pour moi. Je suis venu au Congo dans le cadre des législatives 2007. Nous sommes venus pour observer les élections et le dimanche, je suis allé à la messe à la Cathédrale Sacré-Cœur et c’est-là, au sortir de ladite messe, que j’ai vu et entendu parler du Cardinal Émile Biayenda.
La M.B. : L’avez-vous connu de son vivant ?
F.D.S.B. : Oui, j’ai entendu parler de lui au Burkina-Faso, mais je ne savais pas qu’il était du Congo Brazzaville. Et lorsque je suis arrivé, j’ai vu sa tombe et son image et en plus de cela, quand j’ai vu l’expression de toute la dévotion de la communauté chrétienne, des Congolais à son endroit, j’ai été totalement envahi de joie. C’est à partir de cet instant que j’ai cherché à comprendre davantage et à rassembler un certain nombre de documents concernant sa vie, ses œuvres et j’ai appris beaucoup de choses sur lui. Ensuite, j’ai eu l’occasion, grâce à Maman Charlotte Pemba de visiter l’appartement où il a vécu.
La M.B. : Et comment l’avez-vous trouvé ?
F.D.S.B. : D’une simplicité extraordinaire pour une personnalité de son rang. Je ne sais pas s’il y a des mots pour exprimer cela. Simplement, je suis envahi de joie de mettre mes pieds dans la maison d’un saint homme. Très sincèrement, je vous le dis, je me suis déjà engagé comme son disciple à travailler pour lui au Burkina-Faso et pourquoi pas dans notre sous région.
Je sais qu’au Burkina-Faso, il y a déjà un centre qui porte son nom et c’est une sœur religieuse qui s’en occupe.
Après avoir constaté à la Cathédrale la dévotion des Congolais pour lui et ses quelques œuvres que j’ai pu avoir, j’ai immédiatement appelé la sœur religieuse depuis le Burkina-Faso pour lui dire que j’étais à Brazzaville et devant la tombe du Cardinal Émile Biayenda. Elle m’a demandé de rencontrer un certain nombre de personnes et de lui ramener autant d’ouvrages, toute la documentation qui parle du Cardinal Émile Biayenda. Voilà, je dirais que je ne suis pas venu pour cela au Congo, mais, je repars dans mon pays avec beaucoup de choses et beaucoup de grâce.
Si je peux me résumer, je peux dire que mon séjour ici, constitue un véritable pèlerinage auprès du bon Cardinal Émile Biayenda.
La M.B. : Au Congo, certaines personnes ne croient pas au processus de la Cause du Cardinal Émile Biayenda ?
F.D.S.B. : Ce n’est pas la première fois que cela arrive. Les prophètes n’ont jamais été reconnus chez eux-mêmes.
Il faut reconnaître que c’est ainsi va le monde.
Mais, je pense qu’avec le temps, les uns et les autres comprendront. Laissons le temps faire son travail et je crois aussi que ceux qui y sont engagés, doivent faire un travail de fond. Qu’ils ne se découragent pas par rapport aux incrédules. Il faut toujours aller de l’avant, le monde est ainsi fait. Il y a de ceux qui s’engagent très vite, d’autres lentement et également de ceux qui ne croient pas du tout. Bien, si cela ne concernait que moi, je dirai qu’il ne faut pas forcer.
La M.B. : Savez-vous que le Cardinal Zoungrana était l’ami du Cardinal Biayenda ?
F.D.S.B. : Le Cardinal Paul Zoungrana, paix à son âme, est lui aussi décédé il y a plusieurs années de cela. Actuellement, le Burkina-Faso tout comme le Congo n’a plus de Cardinal. Nous attendons que le Pape dise son mot. Dans tous les cas, le Cardinal, est un titre honorifique que le St Père accorde aux évêques.
Paul Zoungrana était une des figures emblématiques du Burkina-Faso, de l’Afrique et de l’Église Catholique.
Lors du décès du Cardinal Émile Biayenda, j’ai été informé que le Cardinal Paul Zoungrana voulait personnellement prendre part aux obsèques de son frère et ami Émile Biayenda. Malheureusement, la période que vous traversiez à l’époque avait fait que l’avion qu’il emprunta a atterri à Pointe-Noire. Le temps de prendre une correspondance pour Brazzaville, l’inhumation avait déjà eu lieu. En tout cas, je vous le dis, qu’il en a beaucoup souffert. Il était très éprouvé. Je suis au courant de cette situation. Vous voyez ! J’ai beaucoup d’informations sur le bon Cardinal Émile Biayenda.
La M.B. : Êtes-vous informé que l’Église Catholique du Congo a décrété une année du Cardinal Émile Biayenda ?
F.D.S.B. : Je viens de l’apprendre ici même à Brazzaville, lorsque nous sortions de la messe dominicale, que l’année du Cardinal Biayenda court jusqu’en mars 2008 et qu’un pèlerinage était prévu dans son village natal. Je ne vous promets rien, mais attendez-vous à recevoir une délégation du Burkina-Faso qui viendrait à Brazzaville en pèlerinage avant la fin de l’année du Cardinal Biayenda.
La M.B. : Et s’il vous était demandé de dire un mot au peuple congolais en général et aux chrétiens en particulier ?
F.D.S.B. : S’il y a un message à donner, je ne peux que le transmettre à la communauté chrétienne. Tout ce que je peux leur dire : l’Église Catholique est une force, elle a des valeurs très positives et qui peuvent transformer positivement le monde si d’aventure elles sont connues, vulgarisées et mises en œuvre par la communauté chrétienne elle-même d’abord, et ensuite par les hommes de bonne volonté. Cela pourrait beaucoup nous sauver. Je voudrais dire, qu’il y ait plus d’engagement des chrétiens dans tous les domaines de la vie, économique, politique, culturel, social pour faire connaître ses valeurs.
Nous les chrétiens, nous passons souvent et plus de temps à prier, mais, on n’agit pas. Qu’est-ce que nous faisons concrètement dans notre vie, quand nous sommes responsabilisés à un niveau que ce soit. Nous nous disons que nous sommes des chrétiens. Mais que faisons-nous concrètement ? La réponse nous pouvons la trouver dans une lettre pastorale de 1972 du Cardinal Émile Biayenda, le chrétien dans la communauté nationale, où le Cardinal dit : « Le chrétien est membre du Peuple de Dieu, mais il n’en est pas moins membre de sa communauté nationale. Le fait d’être chrétien ne peut pas diminuer la valeur du citoyen. Au contraire, le vrai chrétien veut être parmi ceux qui travaillent le plus pour le bien de leur pays. C’est ainsi qu’il accomplit la loi du Christ qui lui demande d’aimer son prochain ».
A la lumière de cette parole qui est une prophétie de la part du Cardinal Émile Biayenda, je pense que le chrétien d’aujourd’hui doit s’engager partout et faire rayonner les valeurs chrétiennes là où il a une petite parcelle d’autorité, sans en avoir peur.
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Lorsque nous voyons à travers le monde, nous pouvons dire qu’il n’y a pas d’engagement des communautés chrétiennes. Ceci nous fait constater le rouleau compresseur de la violence, des injustices. Et, les chrétiens sont là comme spectateurs. Ce n’est pas bien, le chrétien doit prendre conscience et s’engager davantage. St Jacques nous a-t-il pas dit que : « la foi sans les œuvres est une foi morte ? ». C’est par les actes qu’on va nous reconnaître que nous sommes des vrais chrétiens.
Propos recueillis par
Grégoire YENGO-DIATSANA
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