Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« La Sainteté du cardinal est une affaire de Dieu lui-même pour qui, il a donné sa vie »

De passage à Paris où ils ont séjourné plus de deux semaines, Mme Charlotte Pemba et Grégoire Yengo Diatsana ont été reçus par M. l’Abbé Alain Florent Gandoulou, Curé de la Paroisse de Paray Vieille Poste. Ce dernier, a eu l’initiative de nous accorder l’interview ci-dessous.

La Mémoire : Père Alain, vous avez reçu trois jours durant dans votre paroisse, Charlotte et Grégoire. Du coup, après le premier contact, vous vous êtes intéressé à la cause du Cardinal Émile Biayenda : quelles ont été vos impressions à la fin de leur séjour ?

Père Alain Florent Gandoulou : Tout d´abord, j´aimerais préciser, par rapport à la question, que ce n´est pas en recevant ces laïcs venant de Rome que j´ai commencé à m´intéresser à la cause de béatification et de canonisation du Cardinal Émile Biayenda. Je suis congolais et homme d´Église, pour cette raison, tout ce qui touche à l´Église universelle, à l´Église locale congolaise et tout ce qui concerne le Congo me concerne et m´intéresse.

Il est vrai que j´étais encore au Congo lorsque la question de la béatification et de la canonisation du cardinal avait commencé, avec - c´est d´ailleurs une paroissienne de Ste Marie de Ouenzé qui m´en avait parlé pour la première fois – mais je n´avais pas les informations que j´ai aujourd´hui après m´être longuement entretenu avec ces deux laïcs (Maman Charlotte Pemba et Mr Grégoire Yengo Diatsana).

Abbé Alain Florent Gandoulou

Ces deux laïcs sont des connaissances de très longue date et l’une d´elles, membre de ma famille. C´était une grande joie de les recevoir dans la paroisse où je suis curé. J´ai du coup appelé les Abbé Jean Bantsimba et Fulbert Bikoumou, pour partager ensemble avec eux un petit repas.

J´ai été très impressionné de revoir ya Grey et maman Charlotte. Et, quand ils ont commencé à m´expliquer l´objet et le sens de leur visite, je me suis dit que l´heure est arrivée, il faut prendre cette histoire au sérieux. C´est vrai que je recevais le journal « la Mémoire » depuis l´Allemagne, mais je n´avais jamais su où on en était avec la Béatification et la Canonisation du Cardinal Émile Biayenda. J´attendais comme beaucoup de congolais l’issue heureuse de ce processus, mais sans en savoir l´état d´avancement des travaux.

La M.B. : Qu’est-ce qui vous a le plus frappé en les écoutant ?

Père A.F.G. : En écoutant donc le récit du voyage de Maman Charlotte et de Ya Grey, j´ai été très impressionné tout d´abord par le respect et l´attention dont ils ont été l’objet. Ils ont été reçus près d´une heure et trente minutes durant alors que le rendez-vous n´était au préalable que d’une quinzaine de minutes. C´est dire la reconnaissance de l´importance et du sérieux de l´évènement !

Ayant eu le privilège d´écouter de vive voix le témoignage de maman Charlotte et ayant vu aussi les documents signés par Mgr Batantu, Archevêque émérite défunt de Brazzaville et par Mgr Anatole Milandou, actuel Archevêque de Brazzaville, donnant autorisation à Maman Charlotte de pouvoir témoigner sur ce qu´elle vit avec le Cardinal Émile Biayenda, après en avoir reconnu la véracité et l´authenticité, j´ai compris beaucoup de choses.

Tout en écoutant le récit de Maman Charlotte, je sentais comme une force intérieure qui me demandait d´enregistrer cette femme.

La M.B. : Après avoir écouté maman Charlotte, peut-on avoir une idée de ce que vous comptez faire de manière personnelle à l’édifice de la cause du Cardinal par des faits ponctuels et concrets ?

Père A.F.G. : En fait pour moi, il s´agissait de prévoir un avenir, fût-il lointain. Car, si jamais le Cardinal Émile Biayenda est béatifié et canonisé, notre Église aura besoin de ce support audio-visuel pour des pèlerins qui viendraient de partout dans le monde pour venir se recueillir près de sa tombe. On me dira peut être que je suis un rêveur, mais je ne pense pas, car c´est ce que nous voyons ici dans les différents lieux de pèlerinage comme Lourdes, Fatima, Lisieux etc.

Il nous faut voir loin et prévoir les choses pour ne pas être surpris, du moment où notre Église congolaise a introduit la cause. Il nous faut nous mettre au travail, chacun en apportant sa petite pierre.

Alors le Week-end, j´ai fait venir mon frère Clotaire qui a fait tout le reportage. Il a fait un grand travail et un très bon travail.

Le dimanche qui a suivi, fort des autorisations de nos évêques congolais, j´ai demandé à quelques paroissiens de Paray Vieille Poste, -réunis dans une grande salle paroissiale pour un repas, juste après la messe de 11h, -de porter dans leurs prières la cause de la Béatification et de la canonisation du cardinal Émile Biayenda. J´ai profité de l´occasion pour demander à maman Charlotte qui était là, de pouvoir parler brièvement de ce qu´elle vit avec le Cardinal. C´est avec beaucoup d´attention et de respect qu´elle fut écoutée.

La M.B. : Que comptez-vous faire à la longue pour la dite cause ?

Père A.F.G. : Pour ladite cause, si les autorités de l´Église du Congo me le permettent, j´aimerais bien, comme je l´ai fait pour Mgr Louis Badila, faire un travail de doctrine sociale de l´Église en partant des écrits du Cardinal Biayenda. Quand je parle des écrits, je vois tout ce que le cardinal lui-même a écrit, ses homélies par exemple, sa thèse de doctorat, mais aussi tout ce qui s´écrit sur lui. Bien sûr, c´est un travail qui demandera du temps et certaines conditions de travail.

La M.B. : Quel témoignage pouvez-vous apporter à la cause du cardinal ?

Père A.F.G. : Il s´agit ici peut être d´un souvenir-témoignage si je peux m´exprimer ainsi. Nous étions encore au petit séminaire de Mbamou en classe de cinquième en 1977. A l´époque l´actuel Archevêque de Brazzaville, Mgr Anatole Milandou était notre directeur. Il y avait l´Abbé André Nkenko comme grand séminariste stagiaire, le frère Louis Bassoumba et l´Abbé Charles Graux comme autres encadreurs.

Comme chaque année, le cardinal Émile Biayenda était venu nous rendre visite et nous recevoir en direction, à peu près 15 à 20 minutes chacun. Comme il connaissait bien ma maman, il me disait toujours « j´ai vu ta maman, elle se porte bien » et, à ma maman il disait en rentrant à Brazzaville : « J´ai vu l´enfant, au séminaire, il se porte bien ».

Mais un fait frappant qui des années après, m´a permis d´en faire une relecture, c´était la messe pontificale qu´il avait célébrée à Mbamou avec toute la communauté chrétienne en liesse. En fait c´était sa dernière Messe avec cette communauté qui était la dernière à être visitée. Au cours de cette messe, pendant l´homélie, le cardinal profitait de l´occasion pour rappeler (un peu fâché, suite à ce qui s´était passé avec le départ de M. l’Abbé Firmin Maloumby) aux gens de Mbamou qu´ils ne devaient pas profiter de la Land-Rover du Séminaire pour leurs courses à Brazzaville. Pendant qu´il parlait, à trois reprises, sa calotte était tombée par terre. A chaque fois il disait au frère Louis : « Mon fils, reprends-moi ce chapeau ! »

C´était là en fait un signe des temps que nous ne pouvions pas comprendre aussitôt. On peut certes y donner différentes interprétations. Mais ce que je retiens, c´était un prélude à sa mort qui survenait juste une semaine après. Chose qu´on avait du mal à admettre et on souhaitait que la nouvelle soit démentie. Bref, la première fois que la calotte était tombée pouvait correspondre à ce moment où il était tombé après avoir subi des coups de poignards.

La deuxième fois, correspondait au moment où il a été enfouis à la sauvette par terre au cimetière de Itatolo. Et la troisième fois, quand il a été respectueusement enterré dans la Cathédrale Sacré-Cœur. On peut toujours élargir cette herméneutique, quand on sait ce que bibliquement signifie le chiffre trois (3), rien qu´en partant de la résurrection de Jésus, auprès de qui notre Cardinal a été accompagné pour trouver la place de choix qui lui permet d´agir aujourd´hui.

Aussi, tous les témoignages que je viens d´entendre lors des entretiens que j´ai pu avoir avec ces deux laïcs venant de Rome ne font que confirmer l´idée de la sainteté que je me faisais de la personne du cardinal Émile Biayenda. Ce qui est curieux, c´est que c´est le cardinal lui-même qui est venu révéler aux hommes sa sainteté et il continue à le prouver en passant même quand cela lui semble nécessaire, par la confusion du cœur de l´homme endurci et incrédule. La Sainteté du cardinal est une affaire de Dieu lui-même pour qui, il a donné sa vie.

La M.B. : Quel message adressez-vous à vos frères et sœurs du Congo Brazzaville impliqués dans cette cause ?

Père A.F.G. : La seule chose que je pourrais demander aux autorités de notre Église locale, ainsi qu’à tous ceux qui sont impliqués dans ce travail, c´est d´aider - dans ce qui relève de leur pouvoir et par rapport aux exigences du Vatican - à l´aboutissement de cette cause pour le plus grand bien de notre Église et du monde entier. Car la sainteté du cardinal Émile Biayenda sera pour le bien du monde entier. Un saint dans l´Église ne connaît pas de frontière dans son intervention en faveur de tous les hommes.

Propos recueillis par
Grégoire YENGO DIATSANA


 
 
 
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