Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville

dimanche 29 septembre 2024


L'église Ste Anne


Mgr THÉOPHILE MBÉMBA


Mgr BARTHÉLÉMY BATANTU


L'église St Pierre Claver


Mgr ANATOLE MILANDOU

LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

« Notre peuple perd en la personne du Cardinal Emile Biayenda une éminente autorité ecclésiastique qui a œuvré toute sa vie pour la fraternité et la concorde entre tous les fils de notre pays »

Mgr Barthélemy BATANTU, le CMP avait déclaré à l’époque

Le 22 mars 1991, l’Église Catholique qui est au Congo, célébrait les 14 ans de la mort du Cardinal Émile Biayenda, Archevêque de Brazzaville, assassiné à l’âge de 50 ans. Pour la première fois, et ceci grâce au climat de détente instauré par la Conférence Nationale, Mgr Batantu relevait dans son homélie, qu’un représentant du gouvernement, en l’occurrence le ministre de l’Intérieur, Goma­Foutou avait déposé une gerbe de fleurs sur la tombe du Prélat assassiné. Voici son intégralité.

22 mars 1977 - 22 mars 1991, cela fait quatorze ans exactement que le Cardinal Émile Biayenda est mort assassiné. Il y a treize ans que nous commémorons l’anniversaire de sa mort. Cette année nous célébrons cet anniversaire dans une ambiance particulière : l’ambiance des assises de la Conférence Nationale qui évoque les grands événements de notre histoire politique.

1. Un anniversaire célébré dans la sérénité :

Le climat de détente régénéré par l’ambiance de la Conférence Nationale, nous permet de célébrer ce quatorzième anniversaire de la mort du Cardinal Biayenda dans la sérénité. Certes, chaque armée, à l’occasion de cette commémoration, nous avons toujours recommandé à nos communautés chrétiennes de prier pour la paix du pays.

Ce matin à 8hoo, Mgr. Ernest Kombo qui a célébré pour la même intention, une messe qui a rassemblé une foule des membres du Renouveau Charismatique avec d’autres fidèles venus de tous les horizons, a insisté dans son allocution, sur les trois points suivants : l’amour, l’unité et la paix.

Pour ce 14ème anniversaire, nous avons eu aussi une surprise de la part du gouvernement congolais qui, pour la première fois depuis l’assassinat du Cardinal Émile Biayenda, a envoyé le ministre de l’intérieur à 10hoo, pour déposer une gerbe de fleurs sur la tombe du cardinal.

Nous avons considéré ce geste comme une sorte de réparation d’un oubli, ou d’une négligence plus ou moins consciente envers celui dont même le Comité Militaire du Parti (CMP) avait loué les vertus au lendemain de sa mort en ces termes : « Notre peuple perd en la personne du Cardinal Émile Biayenda une éminente autorité ecclésiastique qui a œuvré toute sa vie pour la fraternité et la concorde entre tous les fils de notre pays. En ce moment douloureux que traverse notre peuple, le Comité Militaire du Parti demande de suivre l’exemple du grand patriote que fut le Cardinal Émile Biayenda ». Et il ajoutait ceci : « l’assassinat du Cardinal Émile Biayenda nous met dans un double deuil national ». Mais après l’enterrement notre gouvernement ne dit plus rien de l’illustre Prélat, jusqu’à ce jour.

Voilà pourquoi je me réjouis avec vous de ce premier geste de reconnaissance envers le Cardinal, posé par le Gouvernement congolais, et probablement, inspiré par la Conférence Nationale.

2. Le Cardinal Émile Biayenda a sacrifié sa vie pour la paix :

Ce soir, frères et sœurs, comme nous l’avons ordonné dans toutes les paroisses et communautés chrétiennes de notre diocèse, nous voici rassemblés en cette Cathédrale Sacré-Cœur où repose son corps, pour la célébration du 14ème anniversaire du Vénéré Cardinal. L’intention principale de cette messe est certes de prier pour le repos de son âme et pour la paix du pays, mais aussi pour le bon déroulement de la Conférence Nationale.

Est-il besoin de rappeler que le Cardinal Émile Biayenda fut un homme de paix ? Et qu’il est mort pour la cause de l’unité nationale, comme « le Bon Pasteur qui donne sa vie pour ses brebis ? ».

Oui, il a réellement sacrifié sa vie pour le salut de ses frères congolais. Porte-parole d’un Message de notre Conseil œcuménique à la nation, au lendemain de l’assassinat du Président Marien Ngouabi, il déclarait : « A tous nos frères croyants du Nord, du Centre et du Sud, nous demandons beaucoup de calme, de fraternité et de confiance en Dieu, Père de toutes races et de toutes tribus, afin qu’aucun geste déraison nable ne puisse compromettre un climat de paix que nous... » C’était un mardi du 22 mars 1977. Et le soir même il était enlevé et assassiné.

Avons-nous eu ce climat de paix ? Oui, nous croyons que cet appel fut entendu et exaucé par Dieu. Car nous pouvons affirmer que grâce au sacrifice du Cardinal Émile Biayenda, le peuple congolais fut épargné d’une guerre civile imminente, à l’époque.

3. Le pardon du chrétien :

Au fort de la profonde douleur causée par la mort tragique du « Bon Cardinal Emile Biayenda », les chrétiens ont toujours été invités au pardon et à la réconciliation. Remettre tout à Dieu, le juste juge, c’est l’attitude que nous avons adopté jusqu’à présent.

Par ailleurs, nous devons considérer comme une visite de pardon et de réconciliation, la célèbre visite éclair du Pape Jean-Paul II à Brazzaville, le 5 mai 1980. En effet, dès son arrivée, il monta à la Cathédrale Sacré-Cœur, vint s’agenouiller pour prier et pleurer sur la tombe du Cardinal. Ensuite, il célébra la grandiose messe de réconciliation et d’action de grâce au milieu d’une foule immense rassemblée sur le Boulevard des Armées.

Pardon, réconciliation, et action de grâce, c’est l’écho qu’il fera entendre dans son allocution au clergé, aux religieux et religieuses, aux séminaristes et aux novices, rassemblés à la Cathédrale de Brazzaville à son arrivée. « Dans l’histoire du Congo, déclarait-il, se sont dressés déjà des témoins fidèles, fidèles à leur Dieu, fidèles au message d’évangile, fidèles à l’Église universelle et à l’enseignement du Pape. Je veux rendre grâce aussi pour eux tous, et spécialement pour l’exemple laissé par le cher et vénérable Cardinal Émile Biayenda. Sa disparition tragique vous a fait pleurer un Père.

J’ai pleuré moi-même un frère très aimé. Je viens le pleurer et prier ici sur sa tombe, au milieu de vous, avec vous, sûr que si le Christ a désiré qu’il fut désormais auprès de lui, c’est que sa place était prête pour l’éternité (cf. Jn. 14, 2-3), et qu’il peut ainsi mieux encore intercéder pour vous et pour sa patrie. En ce sens, son ministère pastoral se poursuit à votre service. Béni sois-tu, Seigneur, de nous avoir donné ce Pasteur, ce fils de la nation congolaise et de l’Église, le Cardinal Émile Biayenda ».

Frères et sœurs, c’est dans cet esprit de pardon, de réconciliation, de paix et d’action de grâce, que je vous exhorte à célébrer le quatorzième anniversaire de la mort du Cardinal Émile Biayenda.

Monseigneur Barthélemy Batantu,
Archevêque de Brazzaville




 
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