Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Émile Cardinal Biayenda, vie sacrifiée pour la paix au Congo : 40 ans déjà !

L’histoire de l’Église d’Afrique retiendra que la République du Congo avait été honorée par le Saint Siège qui, sous le Pontificat de Paul VI, créa Cardinal un digne fils du pays, à 46 ans, en la personne de Biayenda Émile, d’heureuse mémoire et que l’Église congolaise catholique recommande de tout cœur à la Miséricorde Divine, pour l’aboutissement heureux de sa cause de béatification et de canonisation. Qu’est-ce à dire ?

1. Émile Cardinal Biayenda

Choisi dès le sein maternel par Dieu, il a été une âme bien-née pour servir Dieu. Prêtre selon le cœur aimant de Dieu, il a passé toute sa vie au service du Peuple de Dieu. Évêque, il a ordonné des prêtres pour l’Église. Bon pasteur, il a suivi les pas du Christ en Église. Pasteur d’âmes, il a diffusé l’Amour à toute l’Église. Garant de la foi, il a gouverné, enseigné et sanctifié l’Église. Cardinal, il a incarné l’unité dans la société. Pédagogue, il a corrigé les meurs dépravées de la société. Enseignant, il a éduqué des familles de notre société. Citoyen du ciel et ami de Dieu, il se souvient de nous. Témoin de l’Amour du Père, il soutient son Église. Voix des sans voix, il intercède pour la société congolaise. Serviteur bon et fidèle, il nous obtiendra la paix, la grâce du pardon et de la véritable réconciliation.

2. Vie sacrifiée pour la paix au Congo

Rendre un vibrant hommage à Émile Cardinal Biayenda, en ce quarantième anniversaire (1977-2017) de son retour vers le Père, c’est non seulement lui exprimer notre marque particulière d’affection, mais aussi et surtout nous impliquer tous à sauvegarder le climat de paix dans notre pays, pour lequel il avait sacrifié sa vie afin que la paix régnât sur toute l’étendue du territoire national. Sacrifier sa vie, enseigne Jésus, c’est offrir la propre vie en holocauste au Seigneur pour le salut des âmes : « Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis » (Jn 10, 11-15).

Mu par la grâce de Dieu, le Cardinal Biayenda a fait don de sa vie pour le salut des brebis. Informé de ce que ses ennemis voulaient avoir sa tête, le Cardinal refusa les propositions de la délégation du Conseil Paroissial, venue droit de Moungali, et de nombreuses personnes de quitter le diocèse pour sauver sa peau. Il fit preuve de courage face à la mort qui le guettait ; en témoignent ses propos : « Être absent de Brazzaville serait une horrible catastrophe pour l’Église du Congo. J’y suis, j’y reste. Je préfère donner ma vie comme le Christ, pour sauver mon clergé et mon Église, que d’aller me cacher, je ne sais où. Il faut un ou plusieurs sacrifiés pour la paix de la nation. Prions beaucoup Marie, Mère de miséricorde, pour obtenir la paix et l’unité nationale, notre pays lui a été confié » (cf. A. Tsiakaka, Émile Biayenda, grandeur d’un humble, éd. du Signe, Strasbourg, 1999. P.135). Cette attitude courageuse du Cardinal Biayenda face à la mort était motivée par son ardent désir de l’avènement du règne de paix au Congo. Un règne de paix véritable et durable, prêché de tout cœur par tata Biayenda, il y a quarante ans.

3. Quarante ans déjà !

Il y a effectivement quarante ans de- puis que le Cardinal Émile Biayenda a versé son sang au Congo, en victime innocente et martyr de la foi. Quarante est un nombre hautement symbolique dans la Bible. En guise d’illustration, il exprime souvent la durée des périodes : (Le voyage du peuple hébreu à travers le désert dure 40 ans (Nb 14/33, Amos 5/25). Il exprime aussi le temps de la prière et de l’intercession : (Après l’épisode du veau d’or, Moïse intercède et fait pénitence 40 jours pour que le Seigneur épargne la vie au peuple (Deut 9, 25). Il exprime à la fois le temps de l’épreuve et de la patience, de la sollicitude de Dieu : (Jésus jeûne 40 jours au désert (Mt 4/2) au lendemain de son baptême).

Quarante exprime également le temps de la maturité et de l’enseignement : (Jésus apparaît à ses disciples pendant 40 jours après sa ré- surrection, il enseigne ses disciples pendant 40 jours jusqu’à son Ascension (Actes 1, 3). D’après une tradition juive, nous arrivons à maturité à 40 ans. Et une personne mature, dit le pape François, doit savoir parler trois langues : la langue de l’esprit, du cœur et des mains (Cf. L’Église pour l’école, 10 mai 2014). Devenus matures, cultivons la paix !

4. Que la paix règne à jamais dans le pays du Cardinal Émile Biayenda

Il est donc temps pour le Congo et tous ses habitants de faire, plus que jamais, preuve de maturité, dans tous les secteurs de la vie sociale, en transcendant les clivages ethniques, pour consolider la paix et l’unité nationale ; cheval de bataille du Cardinal Biayenda. Ainsi que l’exprime son message-testament, peu avant sa mort : « A tous nos frères croyants, du nord, du centre et du sud, en mémoire du président Marien Ngouabi, nous demandons beau- coup de calme, de fraternité et de confiance en Dieu, Père de toutes races et de toutes tribus, afin qu’aucun geste déraisonnable ne puisse compromettre un climat de paix que nous souhaitons tous ».

Malheureusement, ce climat de paix est compromis et troublé, depuis le jour même de la mort de notre vénéré pasteur jusqu’à présent, par des guerres civiles aux conséquences désastreuses et incalculables. En quarante ans de martyr de tata Biayenda, le sang a coulé à flots dans le pays. Pour qu’il ne coule plus jamais, tout congolais a intérêt à devenir un artisan de paix, en faisant sienne cette prière de Saint François d’Assise : « Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix. Là où est la haine, que je mette l’amour. Là où est l’offense, que je mette le pardon. Là où est la discorde, que je mette l’union. Là où est l’erreur, que je mette la vérité. Là où est le doute, que je mette la foi. Là où est le désespoir, que je mette l’espérance. Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière. Là où est la tristesse, que je mette la joie. O Seigneur, que je ne cherche pas tant à être consolé qu’à consoler, à être compris qu’à comprendre, à être aimé qu’à aimer. Car c’est en se donnant que l’on reçoit, c’est en oubliant qu’on se retrouve soi-même, c’est en pardonnant que l’on obtient le pardon, c’est en mourant que l’on ressuscite à la Vie. Amen ».

Que la paix règne à jamais sur toute l’étendue du pays de tata Biayenda !

Abbé Séraphin Koualou-Kibangou (KKS)

 

 


 
 
 
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