samedi 12 octobre 2024
« C’était un homme simple et très humble, qu’aucun honneur, aucune dignité, n’avaient transformé ; un homme de cœur, dont l’accueil, le sourire, le geste, l’attention, le mot personnel étaient d’une limpidité originelle et conquérante. C’était un homme de Dieu, pacifié par Dieu, d’une douceur et d’une charité inépuisables. Devenu Archevêque de Brazzaville, il s’est trouvé, à 44 ans, le jeune chef d’une jeune église en pleine mutation, qui « inventait », à partir de ses traditions, de l’apport missionnaire et des orientations du Concile vatican II, un visage original d’église chrétienne, dans un pays qui avait opté pour le marxisme.
Pasteur courageux, déjà auréolé par l’épreuve de la torture en 1965, confiant dans les hommes – dans tous les hommes – et confiant dans l’Esprit ; pasteur des villages et des quartiers, il encourageait avec patience et clairvoyance, ses jeunes communautés chrétiennes dans la constance et l’Espérance. Son âme de pasteur, ses qualités d’intelligence, d’esprit et de cœur, et la vitalité originale de son église, lui ont mérité la dignité de Cardinal.
Un proverbe du Congo dit ceci : « l’homme meurt, son nom demeure ». Le nom du Cardinal-martyr Émile BIAYENDA demeurera vivant. A l’évidence, dans son pays, il est déjà actuellement l’un des grands ancêtres. Les circonstances de sa mort, comme aussi l’époque proche de Pâques, portent la grâce de la mort du « juste », qui rachète, qui pardonne, qui unit, qui devient semence et germination de vie. Oui, son nom est vivant ! il sera béni, honoré, prié ».
Ces mots, comme ceux de Sœur Élisabeth de la Trinité (Ocd), que nous avons choisis de laisser ici en conclusion, méritent l’attention et l’adhésion de l’Église Universelle et de toutes les personnes de bonne volonté. Elle nous a écrit ce qui suit :
« Le Cardinal était un familier d’Ars, à 30 km de Lyon, où il a fait ses études, et il est venu à plusieurs reprises en notre petit Carmel. Sa dernière visite nous a laissé un souvenir particulièrement lumineux. Monseigneur Biayenda revenait de Rome, où il était allé recevoir le chapeau de Cardinal et il était heureux et fier de nous apporter la bénédiction du Saint Père. Il était revêtu de la pourpre cardinalice et nous avions été très impressionnées en l’entendant souligner sa signification, sa relation avec la confession de foi jusqu’à l’effusion du sang, s’il le fallait – lui qui, à cette époque, avait déjà souffert comme confesseur de la foi. Il était plein de majesté et l’humilité tout à la fois, fort et doux, lucide et serein, fermement attaché au Seigneur par une foi vive et toute simple, et il nous apparaissait comme le Bon Pasteur, prêt à livrer sa vie pour son troupeau. Il avait célébré la messe, chez nous, pour la fête de Saint Joseph et un an plus tard, il me semble, en la fête de l’Annonciation, nous apprenions avec beaucoup d’émotion sa fin tragique et Glorieuse, pour laquelle il était prêt, fort de la force qui vient de Dieu seul.
Nul doute qu’il n’ait continué à veiller sur son peuple bien-aimé et sur l’Église au Congo ! Nous souhaitons qu’il puisse être élevé à la Gloire des autels et soutenir de toute la puissance de son intercession et de son exemple la foi de tous ses frères d’Afrique et de l’Église universelle.
Permettez-nous, mon Père, de vous assurer respectueusement de notre prière pour l’Église, en votre pays, et pour que vous puissiez mener à son achèvement la Cause du vénéré Cardinal Biayenda et, veuillez prier pour nous toutes ».
Dès les premiers jours, la tombe du Cardinal Biayenda, encore couverte des couronnes de fleurs, devient un lieu qui attire des foules de pèlerins. Avec sagesse, M. l’Abbé Louis Badila, devenu Vicaire Capitulaire de l’Archidiocèse de Brazzaville, résume et oriente l’élan de piété des chrétiens, en donnant le « Nihil obstat » (autorisation, sans obstacle) et en rendant publique cette prière :
« Seigneur Jésus, tu nous avais donné comme Pasteur de ton Église le Bon Cardinal Émile Biayenda. Par ses vertus, il était notre modèle et notre joie ; par sa foi il était le chemin qui nous conduit au Père ; par son sang répandu, tu l’as rendu semblable à toi, victime innocente mourant sur la croix. Seigneur Jésus, par le sacrifice du Bon Cardinal, accorde-nous les grâces que nous te demandons avec confiance. AMEN ! ».
Abbé Albert NKOUMBOU,
extrait de son livre « Émile Biayenda, martyr de la foi chrétienne au Congo ».
NDR : Rappelons que, Mr l’Abbé Louis Badila, ordonné prêtre le 3 juillet 1960 a été Vicaire Général de 1967 à Mars 1977, puis après la mort du Cardinal Émile Biayenda, il devient Vicaire Capitulaire de Mars 1977 à novembre 1978, date de la nomination de Mgr Barthélemy Batantu, comme 3ème archevêque de Brazzaville.. Il est rappelé à Dieu le 28 août 1990.
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