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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

En Normandie, le Cardinal Émile Biayenda est vénéré comme s’il était déjà canonisé

Abbé François de Paul Moundanga Ibéni

A compter de ce numéro, nous ouvrons une nouvelle rubrique "L’invité du moi". M. l’Abbé François de Paul Moundanga-Ibéni, Secrétaire général de l’Association des Conférences Épiscopales des Évêques de Régions de l’Afrique Centrale (ACERAC), que nous avons abordé dans son bureau, est notre premier invité, avec qui, nous nous sommes entretenus sur la personne du Cardinal Émile Biayenda, de sa cause de béatification et du journal " La Mémoire ".

La Mémoire : Monsieur l’Abbé, vous avez, bien sûr, connu Émile Cardinal Biayenda de son vivant. Pouvez-vous nous relater les circonstances de votre première rencontre ?

Abbé François de Paul Moundanga-Ibéni : J’ai connu le Cardinal Émile Biayenda, lorsqu’il était encore jeune abbé. En ce temps-là, j’étais en classe terminale au Séminaire St Jean. Avant cela j’entendais parler de lui, qu’il avait été torturé, innocemment en 1965. Mais j’ai fait sa première rencontre, à son retour de Lyon où il était parti pour les études, dans les années 70.

L’Abbé Michel Kouaya-Kombo l’avait invité pour venir nous parler. Ce jour-là, je voyais venir un monsieur en costume avec une simplicité extraordinaire. Nous nous sommes dits : c’est cet homme qu’on avait arrêté ? Est-ce qu’il était capable même du tuer une mouche ?

La M.B. : Qu’est-ce qui l’a caractérisé à chaque étape de son parcours ?

A.F.P.M.I. : Ce qui m’avait frappé, en ce grand homme : c’est sa simplicité et son esprit d’écoute. Émile Biayenda savait écouter ses interlocuteurs ; surtout nous autres qui aspirions à la vie sacerdotale. Je le revois encore, il était déjà Cardinal en 1974, après le départ de Mgr Jean Baptiste Fauret, notre diocèse de Pointe-Noire n’avait plus d’évêque et comme notre ordination diaconale approchait, lui, avait accepté de m’ordonner avec les abbés Sébastien Zoubakéla et Émile Bitsindou, au cas où Pointe-Noire n’avait pas toujours d’évêque.

Heureusement, pour le diocèse, l’Abbé Émile Godefroy Poaty a été nommé évêque. Il est sacré par lui. Finalement, j’ai été ordonné par le nouvel évêque de Pointe-Noire. Donc, pour ne pas me répéter, ce qui le caractérisait, à chaque étape de sa vie, c’est sa simplicité de vie, sa patience d’écoute, son amour pour les autres. Il était une personne effacée et d’une bonté que je ne puis décrire.

La M.B. : Avez-vous déjà rencontré après sa mort, des personnes qui ont reçu des faveurs de Dieu par l’intercession du bon Cardinal Émile Biayenda ? Si oui, quel genre de faveurs, est-ce une guérison intérieure ou physique ?

A.F.P.M.I. : Des guérisons intérieures oui. J’en ai rencontre dans ma vie de prêtre, pas seulement ici à Brazzaville, même quand j’étais en paroisse, dans mon diocèse de Nkayi, de 1994 à 2002. A l’époque, l’Archidiocèse de Brazzaville avait fait imprimer des images du Cardinal et derrière on avait la prière d’intercession. Ce petit dépliant en fond bleu, était envoyé dans tous les diocèses. Lorsque les gens priaient avec cette image, ils étaient libérés intérieurement.

Dans ma paroisse à Nkayi, par exemple, parlant du Cardinal Émile Biayenda, j’ai reçu des fidèles : les uns venaient me voir pour me dire : Notre vénéré pasteur Émile Cardinal Biayenda leur avait dit de beaucoup prier pour leur clergé et le pays. D’autres, par contre, me disaient qu’il me demandait de venir à Brazzaville, prier devant sa tombe. Donc, je confirme que j’ai reçu des gens qui rapportaient leur témoignage que Biayenda agissait en eux. Certains d’entre eux me révélaient qu’il était parmi nous.

Les guérisons physiques, personnellement j’en ai pas vu. Mais, des personnes guéries intérieurement, oui !

La M.B. : En votre qualité du Secrétaire Général de l’ACERAC, avez-vous déjà rencontré un évêque de la sous-région avec qui, vous avez échangé sur la personne du Cardinal Émile Biayenda. Pouvons-nous le connaître ?

A.F.P.M.I. : Je ne dirais pas seulement un. J’ai rencontré des évêques. Ils sont autour de 60 dans la région. En dehors du Congo, il y a le Tchad, le Cameroun, le Gabon, la Guinée équatoriale, la Centrafrique, le Congo démocratique … J’ai eu à m’entretenir avec plusieurs évêques à son sujet, surtout ceux qui sont passés par nos séminaires. Tous ceux avec qui, je me suis entretenu ne cessent de me poser la question : « Comment un homme humble comme lui, a pu être tué et de vouloir l’associer dans les problèmes dits politiques ».

En tout cas, j’ai rencontré des évêques de notre Association des Conférences Épiscopales de la Région de l’Afrique centrale (ACERAC), qui ont regretté sa fin tragique.

D’autres par contre, tel Mgr Joachim NDayen de Bangui, affirmaient «  Émile Biayenda, son chemin était tout tracé puisque fort longtemps on sentait, qu’il devait mourir martyr et était en odeur de sainteté ».

Donc, la vie de Biayenda était une vie d’amour. Et, on ne voyait pas comment, il pouvait terminer son pèlerinage terrestre sans pouvoir se sacrifier pour les autres. D’ailleurs, il a tellement aimé son prochain, qu’il a fini par donner sa vie en sacrifice pour nous. Le pur hasard n’existe pas. Tout nous est destiné.

La M.B. : Au plan international, quel a été le rayonnement de notre vénéré pasteur ?

A.F.P.M.I. : D’abord au plan national, je vous ai dit, ce que j’ai vécu à Nkayi. Au plan de la sous-région, aussi, je viens de vous parler des différentes réactions des évêques de la région. Au niveau international, en dehors de Rome et de Lyon, où il s’attirait beaucoup d’admiration, il avait un rayonnement éclairant. Un rayonnement qui invite à la prière, à la rencontre avec Jésus.

Un exemple, lors de mon dernier contrôle médical à Paris, de passage à Flas dans la région de la Normandie, J’ai senti que le Cardinal Émile Biayenda est plus que vénéré, comme s’il était déjà canonisé. J’ai rencontré des personnes parmi lesquelles, un prêtre, venu me rendre visite, là où j’étais. Il m’a apporté tout son album de photos où l’on pouvait reconnaître le Cardinal Biayenda.

Ce prêtre m’avait dit que sa famille connaissait bien le Cardinal et le Cardinal a bien connu cette famille. Je ne sais pas si vous lui envoyez le journal « La Mémoire ». Son nom est le Père Michel Pouêt. Il connaît bien la Sœur Solange Lozi, cadette du Cardinal. Sur le plan international, l’homme était aussi bien connu. Lorsque, je me rends en Europe, les gens me posent toujours la question à quel pays j’appartiens. Et, lorsque je leur réponds que je suis du Congo-Brazzaville et eux de me demander : « as-tu connu le Cardinal Émile Biayenda ? Il était notre ami ». Voyez-vous comment Biayenda était apprécié de son vivant !

La M.B. : Depuis Juin 2003, l’Église du Congo a introduit à la Sacrée-Congrégation pour les Causes des Saints à Rome, le dossier pour la béatification du Cardinal Biayenda. A votre niveau de l’ACERAC, auriez-vous déjà parlé de cette affaire ?

A.F.P.M.I. : Je dirais très peu, lors de nos assemblées plénières de la Région qui se tiennent tous les 3 ans. On n’en parle pas de manière officielle, dans la grande salle. Mais, dans les couloirs, dans les réfectoires, les uns et les autres essayent de prendre les quelques nouvelles sur cette affaire ; surtout lorsque l’on veut nous taquiner, on nous dit : « vous n’avez pas d’argent pour faire aboutir cette cause ». A propos du dossier de béatification, que les gens le sachent : ce dossier a pris du retard avec la mort du premier postulateur. Heureusement que Mgr Anatole Milandou se trouvant à Rome, s’était rendu à la Congrégation compétente pour s’enquérir de la situation.(...) Le dossier mis au tiroir "Aemilius" a été retrouvé...

Avec la nomination du nouveau Postulateur, le révérend Père Idelfonso Moriones, je crois que le dossier est relancé.

La M.B. : Monsieur l’abbé, quelles sont vos impressions lorsque vous lisez le journal "La Mémoire" ?

A.F.P.M.I. : Tout d’abord, je félicite la régularité de vos parutions avec les moyens que Dieu seul sait, les sacrifices que vous consentez. Vous nous faites ainsi mieux connaître l’œuvre du Cardinal. La reproduction des homélies, textes et autres passages du Cardinal, même dans sa vie la plus simple lorsqu’il jouait avec les enfants. Cela me fait revivre les relations que j’avais avec lui.

En 1976, nous étions nouvellement ordonnés prêtres, Sébastien Zoubakéla, Émile Bitsindou et moi-même, le Cardinal nous avait demandé de dire les messes à Moungali et à Bacongo. Un jour, il nous invite à l’Archevêché, dans le bureau de l’actuel Curé de la Cathédrale. Le Cardinal nous remis à chacun un pagne qu’une fraternité de la place lui avait offert et un peu d’argent. Il fallait voir de quelle manière, avec quelle simplicité il nous le remettait.

S’il y a un mot que je peux ajouter, c’est celui de vous dire, grand merci, pour le travail que vous faites et savez faire pour le Cardinal. Je vous félicité au passage.

 

Propos recueillis par Grégoire YENGO DIATSANA

 


 
 
 
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