Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

La puissance de guérison de l’Eucharistie

(Une lecture pastorale de la messe, par M. l’Abbé Albert Nkoumbou)
(Suite et fin)

La messe est un culte parfait au cours duquel notre Seigneur Jésus-Christ s’offre au Père. Par cet ultime sacrifice, il nous obtient la grâce d’une vie abondante. Beaucoup de chrétiens l’ignorent ou l’ont oublié. Revisitassions étape par étape de la célébration de l’eucharistie. En cette deuxième partie, l’Abbé Albert Nkoumbou nous y conduit pas à pas.

Si nous ne pratiquons pas la réconciliation avec notre frère ou notre sœur, Dieu ne sera pas glorifié par notre célébration, et il n’y aura pas de guérison. Notez bien que Jésus ne dit pas : « Si tu te souviens que tu as quelque chose contre frère… ». II dit : « Si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi ». Il ne demande pas si ton frère a raison ou non ! Trop souvent nous disons : « Je n’ai rien contre lui » et nous commençons à lui faire des reproches parce qu’il a quelque chose contre nous !

La participation à l’eucharistie requiert un pardon inconditionnel dans notre vie pour chaque personne.

Le pardon conditionné n’est pas chrétien, nous ne devons pas rencontrer l’autre personne à mi-chemin ou de façon partielle ; nous devons aller jusqu’au bout ! Le pardon refusé empêche la puissance de guérison de se manifester. Rappelez-vous que dans le rite pénitentiel nous disons bien que le Seigneur Jésus a été envoyé pour guérir et sauver les pécheurs, les pénitents, ceux qui se savent pêcheurs, Jésus ne guéris pas ceux qui ne s’accusent pas pécheurs et qui ne font pas pénitence.

Le Concile Vatican II s’est montré très conscient du besoin de pardon pour aboutir à une célébration fructueuse de la liturgie. II enseigne : « Quant aux croyants, l’Église doit toujours leur prêcher la foi et la pénitence, elle doit en outre les disposer aux sacrements, leur enseigner à observer tout ce que le Christ a prescrit… » (Constitution sur la Sainte Liturgie, n° 9). L’homélie cherche à inculquer cet esprit de conversion. Dans l’homélie, le prête prend la Parole de Dieu et il l’applique à notre situation particulière. Dans chaque situation la conversion est le présupposé d’une pleine et bonne participation. Si la conversion n’est ­pas en ligne de compte, il ne peut y avoir de croissance de la foi durant l’eucharistie. Et sans une foi profonde, il n’y aura pas de guérison.

La participation à l’eucharistie requiert un pardon inconditionnel dans notre vie

Plusieurs fois, durant la Messe, nous disons à haute voix : « Seigneur, prends pitié ». Nous nous abandonnons en la miséricorde de Dieu. Pour recevoir efficacement le pardon de Dieu, nous devons être préparés à le partager avec tout le monde. Dans notre vie, s’il y a une personne à laquelle nous ne pouvons pas offrir un pardon sans condition, une personne avec qui nous ne pouvons pas partager le pardon de Dieu, nous avons besoin de conversion.

Sans cette conversion nos péchés ne seront pas pardonnés et nous ne ferons pas l’expérience de l’amour thérapeutique de Dieu : « Pardonne à ton prochain ses torts, alors, à ta prière, tes péchés te seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? Pour un homme, son semblable, il est sans compassion, et il prierait pour ses propres fautes ! Lui qui n’est que chair garde rancune, qui lui pardonnera ses péchés ? » (Si 28,2-5).

La Parole de Dieu est là, sans ombres, il nous incombe de la mettre en pratique. Dieu nous ouvrira ses trésors de pardon et de guérison !

Le signe de la Paix

Vu dans le contexte d’un pardon demandé et d’un pardon partagé, le signe de paix est un des gestes les plus significatifs de toute la Messe. Le prête prie ainsi : « Seigneur Jésus-Christ, tu as dit à tes Apôtres : Je vous laisse la paix », ne regarde pas nos péchés mais la foi de ton Église ; pour que ta volonté s’accomplisse, donne-lui toujours cette paix et conduits-là vers l’unité parfaite… » Ensuite, il souhaite la paix à toute l’assemblée en disant : « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous ». La paix du Seigneur n’est pas à garder chacun pour soi, elle est à partager avec tous. Voilà pourquoi nous sommes invités au partage de cette paix : « Frères et sœurs, dans la charité du Christ donnons-nous la Paix ».

Le signe de paix manifeste notre promptitude et notre volonté d’être en paix avec chacun. Si une personne est exclue, le signe de paix perd toute sa signification et la Parole de Jésus nous lance le défi ». Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, ­ faites-le pour eux pareillement. Que si vous aimez ceux qui aiment, quel degré vous en saura-t-on ? Car même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Et si vous faites du bien à ceux qui en font, quel gré vous en saura-t-on ? Même les pêcheurs en font autant.

Et si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir, quel gré vous en saura-t-on ? Même des pécheurs prêtent à des pécheurs afin de recevoir l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien attendre en retour. Votre récompense sera alors grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car il est bon, Lui, pour les ingrats et les méchants. Montrez-vous compatissants comme votre Père est compatissant ... » (Lc 6,32-36).

Le signe de paix indique notre désir d’être en communion et en harmonie avec tous nos frères et sœurs. C’est un signe de promptitude à pardonner sans condition. Sans ce pardon inconditionnel, nous ne pouvons pas partager l’Eucharistie.

Sur ce type de pardon, l’apôtre Pierre, un jour a voulu en savoir plus auprès de Jésus : « Seigneur, quand mon frère commettra une faute à mon égard, combien de fois lui pardonnerai-je ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui dit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante dix fois sept fois » (Mt 18, 21-22).

Le signe de paix doit être donné, non tout juste à la personne proche de nous, mais à la communauté entière. Nous disons à toute la communauté : « Maintenant que j’ai demandé et reçu le pardon de Dieu, j’offre à chacun à vous le pardon et la paix ». Dans notre cœur, si nous ne sommes pas en train d’offrir la paix à tous, nous ne pouvons pas, nous aussi, recevoir la paix, et si nous ne recevons pas la paix de la part du Seigneur, à cause de nos blocages envers les autres, toutes nos blessures intérieures resterons non guéries. II est bien possible d’aller à la Messe avec une rancune acharnée envers quelqu’un, et de revenir à la maison, après la Messe, avec le même ressentiment ! La Messe n’est pas magique.

Si nous ne pardonnons pas, nous ne sommes pas non plus pardonnés. C’est pendant qu’il nous pardonne que Dieu nous guérit ; si nous empêchons à Dieu de pardonner, par notre refus de pardonner, nous empêchons automatiquement Dieu de guérir. Dieu ne peut pas guérir le cœur qui demeure dans le refus de pardonner. En d’autres termes, cela veut dire que nous pouvons célébrer ou participer à la Messe, même chaque jour, mais si nous ne sommes pas prêts à pardonner « soixante-dix fois sept fois », nous ne ferons jamais l’expérience de la guérison intérieure que comporte l’Eucharistie.

Prêtes et fidèles, laissons-nous toucher par la puissance de guérison de l’Eucharistie, acceptons d’être toujours des artisans de pardon et de paix, et la gloire de Dieu se manifestera en nous, par nous et autour de nous !

Abbé Albert NKOUMBOU

 


 
 
 
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