Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Le Cardinal Émile Biayenda, fut un apôtre d’une évangélisation de proximité

L’Archevêque de Brazzaville, devenu Cardinal, sait qu’il a la fonction de conduire l’Église locale qui est dans l’Archidiocèse. Il le fait en communion avec les autres ouvriers apostoliques. Il sait qu’il est une figure de proue dans l’Église du Congo, il travaille en harmonie avec les autres évêques du Congo. Il devient un représentant de premier rang au sein du Conseil Œcuménique des Églises chrétiennes du Congo, il agit toujours en sincère et permanente concertation avec les autres responsables religieux du mouvement œcuménique. Ce pour quoi il passe pour tous comme l’apôtre d’une évangélisation de proximité et de communion.

Nous les savions Douze, les Apôtres de Jésus de Nazareth.

En route avec lui, à travers la Galilée, la Samarie et la Judée. Pour une Transfiguration sur le mont Tabor ou pour une prière en douleur à Gethsémani, Jésus prenait parfois, à l’écart, Pierre, Jacques et Jean. Il avait aussi envoyé en mission ses disciples, dans toute les villes et localités où il devait aller lui-même, mais toujours deux par deux. Ah ! Comme Jésus les voulait si unis et solidaires : « Père saint, garde-les en ton nom, que tu m’as donné, pour qu’ils soient un comme nous sommes un » (Jn 17,11). Pierre et les Onze en avaient retenu la leçon et l’efficacité, au point d’en faire leur mode de vie : le ministère en solidarité ! La fonction de Pierre dans les Actes des Apôtres n’est pas présentée comme un en soi ou un absolu. Son rôle s’exerce en lien étroit avec les autres apôtres, voire même avec l’assemblée plénière des disciples (Ac 1,15).

Sa responsabilité particulière laisse la place à celle que d’autres exercent dans l’Église, en dehors même du collège des Douze : Paul, Barnabé, Appolos… Enfin, son ministère et son autorité s’exercent sous la dépendance du Père, du Fils et du Saint Esprit.

L’Archevêque de Brazzaville, devenu Cardinal, sait qu’il a la fonction de conduire l’Église locale qui est dans l’Archidiocèse. Il le fait en communion avec les autres ouvriers apostoliques. Il sait qu’il est une figure de proue dans l’Église du Congo, il travaille en harmonie avec les autres évêques du Congo. Il devient un représentant de premier rang au sein du Conseil Œcuménique des Églises chrétiennes du Congo, il agit toujours en sincère et permanente concertation avec les autres responsables religieux du mouvement œcuménique. Ce pour quoi il passe pour tous comme l’apôtre d’une évangélisation de proximité et de communion.

Continuer la route ...

Au lendemain de la grandiose célébration du 20 Mai 1973, le Cardinal Émile Biayenda reprend son bâton de pèlerin pour continuer la route de l’évangélisation. La période des Confirmations qui est déjà avancée lui donne les raisons de ne pas traîner les pas. Les différentes paroisses reçoivent chacune Tata Cardinal comme une prolongation et une mise en pratique des attentes rendues publiques le 20 Mai 1972.

La paroisse St Michel de Ngoma-tsetse, qui célèbre ses 25 ans d’existence, le dimanche 10 juin 1973, est honorée d’accueillir le messager du Christ. La messe solennelle qui est concélébrée sous le joli bois de la paroisse rassemble plus de deux mille personnes. Le curé fondateur, Monseigneur Auguste Roch Nkounkou, célèbre aussi ses 35 ans de vie sacerdotale, alors que le Cardinal Biayenda n’est évêque que depuis trois ans.

L’arrivée dans les grandes localités fait converger vers le Cardinal Biayenda aussi bien les responsables et membres des confessions religieuses que les autorités civiles et politiques.

L’arrivée dans les paroisses et les grandes localités comme Kinkala, Mindouli, Boko fait converger vers le Cardinal Biayenda aussi bien les responsables et membres des confessions religieuses que les autorités civiles et politiques. Le Cardinal Biayenda est vite devenu un vrai symbole d’unité et tout le monde y trouve son compte. Il écoute et répond à chaque interlocuteur, quels que soient son âge et sa condition sociale. Il oriente et encourage, il construit l’Église et le Congo avec tous. Il est le tisserand de la paix et de l’unité partout où il séjourne. Sa famille naturelle doit aussi donner l’exemple d’unité, il s’y applique.

Devenu Cardinal, Émile Biayenda repart à Vinza, au début du mois de juillet 1973. Il peut se recueillir sur la tombe de son papa. Le mardi 3 juillet, il se rend à Pangala où il s’incline sur la tombe du chef Kembo décédé récemment. Ensuite, il assiste, tout simplement, à l’exhumation des restes de sa maman, feue Joséphine Biyela. Il est aussi un fils et non seulement un prélat.

Il nous relate les faits : « Nous arrivons sur le lieu du tombeau de notre chère maman Biyela Joséphine, reposant là depuis 31 ans, c’est-à-dire, depuis le 17 septembre 1942. Nous nous mettons au travail d’exhumation des restes de maman. Environ deux heures après, au lieu où reposait le cercueil de maman, nous avons retrouvé quelques restes : tels les os du crâne et de la tête et ceux des membres inférieurs. On a pu retrouver perles et pièces de monnaie qui avaient été laissés, il y a 31 ans, dans le cercueil de maman ». « Tu es poussière, tu retourneras en poussière ». Tous les souvenirs jamais perdus, « nous sont revenus, mais en esprit de foi nous nous sommes consolés. Nous avons recueilli les restes de maman dans une bière en bois, genre m’kambala. Le travail achevé, nous avons pris du café sur le pont du ruisseau Mabundu. Nous rentrons vers 13h30. la veillée a lieu ; à 15heures, nous allons à la chapelle du village pour la messe, en présence des restes de maman. Puis nous allons déposer maman dans la fosse pratiquée à côté de celle de papa. Le soir, la veillée gaie et tardive s’est reproduite ».

Le 5 juillet, il célèbre la messe avant de quitter le village natal ; il note : « Merci de l’accueil, merci de la fraternité, du travail partagé. Que l’amitié et l’attention aux autres augmentent sans cesse et toujours à Malela-Bombé ». Les populations de Pangala, Malela-Bombé et Vinza sont restées édifiées par cette exhumation et cette deuxième inhumation des restes de sa maman, à côté de la tombe de son papa. Un geste d’affection filiale que les parents de ces villages donnent jusqu’à aujourd’hui en exemple à leurs enfants. Désormais les enfants et les petits enfants de Ta Semo et Mâ Biyela peuvent se recueillir, dans le même village, près des tombes réunies de leurs vénérés parents. Pour achever le travail de consolation de la famille et la réconciliation de ses membres, le Cardinal Émile Biayenda reviendra à Malela-Bombe. La construction en ciment des deux tombes et le retrait du deuil pour la mort de papa Marie-Albert Semo, qui n’était pas fait, auront ainsi lieu le 2 septembre 1973. A cette occasion, les autres membres de la famille font une confession publique qu’ils sont tous d’accord que Sœur Solange Lozi reste à son gré dans la vie religieuse ; personne ne s’opposera plus à sa vocation. C’est le jour d’un vrai matanga (grande fête) pour la paix et l’unité de la famille et l’édification morale des populations de Vinza et Pangala.

L’esprit d’ouverture du Cardinal Biayenda trouve satisfaction dans

l’ordination sacerdotale qu’il confère, le dimanche 8 juillet 1973, en la Basilique Ste Anne du Congo, au Père Ernest Kombo, premier Jésuite du Congo-Brazzaville. C’est la première ordination sacerdotale que l’Évêque Biayenda administre. Il en a pleine conscience : « Tout se passe bien. Merci Seigneur de cette belle journée. Que votre main affermisse ce que, en notre ministère, nous avons accompli ». L’éveil et l’entretien des vocations sacerdotales figurent en place d’honneur dans le cœur du Cardinal ; et son attention pour la vie du clergé n’en est que renforcée.

La retraite annuelle des ouvriers apostoliques a lieu du 15 au 21 juillet, au Grand Séminaire Libermann de Brazzaville. Une trentaine de retraitants s’y retrouvent dont le Cardinal Biayenda. Il arrive chaque jour assez tôt pour vite entrer dans les axes de l’emploi de temps établi et ne repart à l’Archevêché que le soir pour dormir. Il a toujours privilégié participer à des telles rencontres où il se sent prêtre avec les autres et où il voit vivre, en communion fraternelle, ce presbytérium dont il assure la direction. Le Seigneur Jésus n’avait-il pas choisi ses apôtres, d’abord pour être avec lui, avant de les envoyer en mission (Mc 3,14) ? La vie du clergé ne peut qu’avoir cette place de choix chez lui, surtout quand des occasions aussi favorables de s’en imprégner se présentent. Comme pour conforter cet attachement à la vie des ouvriers apostoliques, le vendredi 27 juillet 1973, au cours de l’après-midi, un télégramme arrive de Bangui émis par le Délégué Apostolique, Mario Tagliaferri. Il y écrit :

« Cardinal Émile Biayenda. Heureux annoncer Osservatore Romano publier 27 juillet nomination votre Éminence comme Membre Sacrée Congrégation pour le Clergé. Respectueusement félicitation ».

Par discrétion et esprit d’humilité, il n’en parle que laconiquement à ses plus proches collaborateurs. Mais dans la suite, ceux-ci devant l’aider dans la confection de certains courriers portant sur les travaux de cette Sacrée Congrégation finiront par le faire connaître à d’autres ouvriers apostoliques et partant aux fidèles chrétiens. Cette nomination est une raison de plus pour s’engager plus au large dans ce que le Seigneur et l’Église attendent de lui. En réponse au Délégué Apostolique, il exprime sa reconnaissance et sa pleine conscience de la mission reçue : « Monsieur l’Abbé Dominique nous a remis votre courrier. Que cette lettre, Excellence, vous parvienne en expression de nos sentiments de remerciements et de profonde reconnaissance. Cet après-midi également vient de m’être téléphoné votre télégramme m’annonçant cette nouvelle que le saint Siège venait de me nommer comme membre de la Sacrée Congrégation pour le Clergé. Tout cela nous comble et nous confond vraiment à nos yeux et à l’estime que nous pouvons avoir de nous-mêmes et de nos pauvres activités. Que le Seigneur en soit loué, ainsi que tous ceux par qui Il nous exprime sa divine bonté et sa grande miséricorde. Qu’Il nous assiste de sa grâce pour une telle mission et qu’Il travaille dans son Église et son clergé ».

Abbé Albert Nkoumbou
Ya Sourie

 


 
 
 
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