Mgr Bienvenu MANAMIKa Archevêque de Brazzaville
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LA MÉMOIRE BIAYENDA


 
 
 
 

Théophile Mbemba : Une vie exemplaire

Né le 6 mai 1917 au petit village de Mpiaka (Mfilou), aux environs de Brazzaville, Mgr Mbemba était le fils de Joseph Bounkazi et de Marie Malounga. Son père venait de Matsoula et appartenait à la tribu lari, sa mère des environs de Madzia et appartenait à la tribu mfoumbou. C’est à leur mariage qu’ils vinrent vivre près de la capitale. Neuf enfants naquirent de leur union.

Mgr Théophile Mbemba

C’est l’un de ses ainés, Jacques, qui amena le jeune Théophile au christianisme. Après avoir suivi les classes de l’école Jeanne d’Arc, fondée par Mgr Augouard près de sa Cathédrale, Jacques s’engagea au service de la Mission comme maître de l’école. Affecté à Kindamba, il y emmena son jeune frère qui y reçut le baptême à l’âge de 7 ans en 1925 des mains du Père Dréan.

Revenu à Brazzaville en 1927, Théophile Mbemba demanda à devenir prêtre. Il fut admis au petit séminaire en 1930. En 1934, il est envoyé à Akono (Cameroun) pour y poursuivre ses études secondaires. En 1936, il est admis au grand séminaire de Yaoundé. De 1939 à 1945, nous le trouvons à Libreville pour les études théologiques.

Étant rentré à Brazzaville, il y achève ses études sous la conduite du Père Auzanneau. Avec trois autres Congolais (Fulbert Youlou, Raphaël Dangui, Benoît Gassongo), il est ordonné prêtre le 9 juin 1946. C’est sur son lit d’hopital que Mgr Théophile Mbemba a fêté ses 25 ans de vie sacerdotale, en concélébrant la messe pour la dernière fois avec son coadjuteur, Mgr Emile Biayenda.

Prêtre, il passe l’année 1946-1947 comme professeur de cinquième au petit séminaire de Mbamou. De 1947 à1949 il est vicaire à Linzolo. Il sera ensuite affecté à la mission de Voka où il demeurera jusqu’en 1956, s’occupant particulière- ment du secteur de Banza-Nganga. En 1956, Mgr Michel Bernard l’appelle à Brazzaville et lui confie la lourde charge de curé de Notre-Dame de Bacongo. En 1958, il est nommé doyen des paroisses de la sous-préfecture de Brazzaville. En 1960, il est Vicaire Général du diocèse.

Le 3 décembre 1961, le Congo apprend avec joie qu’il a son premier évêque congolais. L’Abbé Théophile Mbemba est nommé Coadjuteur de l’Archevêque de Brazzaville. Il est sacré à Brazzaville par Mgr Michel Bernard, accompagné de Mgr Mongo (Douala) et Nzita (Matadi) au cours d’une inoubliable cérémonie au stade Éboué.

Deux ans plus tard, le 24 juin 1964, Mgr Bernard ayant vu sa démission acceptée, Mgr Mbemba est nommé par le Pape, Archevêque de Brazzaville. Il sera intronisé solennellement par le Délégué apostolique Mgr Belotti le 7 février 1965.

Mgr Mbemba a fondé deux congrégations religieuses : celle des Frères de Saint-Joseph, et celle des Sœurs congolaises de Notre-Dame du Rosaire.

Monseigneur Mbemba, comme Archevêque, a adressé à ses chrétiens, plusieurs lettres pastorales, dont celle de 1970 pour inviter ses fidèles à travailler au développement de leur pays, et celle de 1971 sur les conditions de vie déplorable imposées aux veuves.

 


Mgr Théophile apprécié par le Président de la République, le Commandant Marien Ngouabi

« Avec la disparition de Mgr Théophile Mbemba, Archevêque de Brazzaville, c’est une partie des fils de ce pays qui vient d’être douloureusement frappée. En ma qualité de chef de l’État, garant de l’unité nationale, je présente au nom de la Nation tout entière, à tous nos frères et sœurs de l’Église Catholique, notre témoignage de sympathie, face au deuil qui les touche ainsi que l’expression de nos condoléances les plus émues. Celui qui vient de disparaître, n’appartient pas seulement à la communauté religieuse du Congo, mais à l’histoire de notre pays, dans sa période de lutte libératrice.

Né à une époque où ceux de sa race et de son peuple ne pouvaient espérer atteindre au sommet d’une hiérarchie ecclésiastique marquée alors du sceau colonialiste, Mgr Théophile Mbemba grâce au mouvement de libération de son pays, fut le premier Congolais à être élevé au rang d’Archevêque en ce pays.

En le choisissant, ses pairs reconnaissaient incontestablement les qualités d’un homme qu’ils avaient eu à apprécier dans la réalisation de leur idéal le plus profond.

Pour nous, il restera le symbole de la victoire des croyants congolais sur les forces rétrogrades du colonialisme et du racisme.

Nous qui luttons contre toutes les formes d’aliénation de l’homme, devons savoir rendre hommage qu’ils méritent aux hommes qui ont su, ainsi que le grand disparu, débarrasser l’Église Africaine de ses emprunts pour retrouver dans la croyance même et son rituel, la graine de la culture mère.

Nous voulons saluer, ici le respect que mérite cet homme qui, dans ses dires et son action quotidienne, a eu le grand souci constant, de vivre ses options profondes et de leur rester conséquent, avec cette dignité de responsable dont il avait le sens.
Il aura su enfin allier ses convictions respectables à l’intérêt de sa patrie et à la marche générale du monde vers le progrès.

Alors que des hommes dont l’influence se limitait à des groupes restreints ont voulu utiliser ceux-ci, pour entraver la Révolution, lui, dont l’autorité spirituelle était plus large et plus profonde, n’aura jamais cherché à diviser une Nation qui avait besoin de son unité. Il s’en va, en ne laissant derrière lui aucun fossé entre l’État et l’Église.

C’est pourquoi, nous nous inclinons et saluons une dernière fois, le responsable et citoyen doué de sagesse que la mort a arraché à une partie de notre communauté Nationale.

 


 
 
 
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